Intégrer la domotique dans une résidence existante est un projet réalisable, à frais raisonnables. Surtout lorsqu'il est question d'implanter un système sans fil, moins onéreux.
Cependant, avant de donner à forfait un projet d'intégration ou le réaliser lui-même, l'entrepreneur doit connaître certaines règles, contraintes et spécificités. Examinons ensemble ce dont il est question.
D'abord, voici une définition de la domotique selon la Société canadienne d'hypothèques et de logement (SCHL). « Ce sont des systèmes et des dispositifs pouvant gérer des éléments de votre milieu intérieur, notamment l'éclairage, les appareils électroménagers, les téléphones, de même que les systèmes mécaniques d'entrée et de sécurité à domicile. Ils peuvent améliorer la sécurité, accroître le caractère utile et faciliter la vie des occupants, peu importe leurs habiletés. »
Faciliter la vie des occupants, telle est la principale raison d'être de la domotique. Pour cela, un propriétaire doit être prêt à investir 1 500 à 2 000 $ pour l'installation d'un système de base sans fil (une maison unifamiliale de 1 500 pieds carrés). Ce système lui permettra de contrôler chez lui ou à distance, à l'aide d'un téléphone intelligent, le chauffage, la climatisation, la ventilation, l'éclairage, le système mécanique d'entrée (ex. : porte de garage) et le système d'alarme. L'installation d'un système sans fil plus sophistiqué, dans une maison de même surface, avec musique multipièces et distribution vidéo peut coûter jusqu'à 5 000 $.
Le coût va grimper encore plus s'il s'agit d'un système avec filage. Selon Yan Verhoef, copropriétaire de D-motik, ce coût varie de 15 000 à 20 000 $. « C'est qu'il faut trouver les endroits les moins apparents pour passer le filage, dit-il. Cependant, un système avec fil est plus fiable qu'un système sans fil, qui est vulnérable aux interférences. Ce coût peut grimper jusqu'à 200 000 $ s'il s'agit d'une maison de grande superficie. »
Bien planifier avant d'installer
La première chose à déterminer avec le propriétaire est le type de système qu'il désire. « Il faut avoir un plan détaillé des systèmes que l'on souhaite intégrer ensemble, affirme Jean-Pierre Desjardins, consultant en domotique et formateur depuis plusieurs années.
Par exemple, on doit indiquer quelles lumières l'on souhaite intégrer au contrôleur central et celles que l'on ne veut pas. »
La deuxième étape consiste à faire appel à un intégrateur en domotique. « Cette personne s'occupera de coordonner l'installation avec tous les intervenants impliqués (électricien, installateur de système d'alarme, installateur de caméras de surveillance), ajoute le consultant. Il doit s'assurer que les systèmes installés sont compatibles les uns avec les autres. »
Des précautions à prendre
Cet intégrateur doit s'assurer que les gens qui soustraitent le travail pour lui ont toutes les cartes de compétence requises ainsi que leur licence de la Régie du bâtiment du Québec (RBQ). Par exemple, l'électricien doit avoir sa carte de compétence en électricité, l'installateur de systèmes d'alarme doit avoir sa carte de compétence en systèmes d'alarme, etc. De plus, les installateurs de systèmes de sécurité, de serrures et de caméras de surveillance doivent avoir leur permis du Bureau de la sécurité privée (BSP).
La Loi 88 sur la sécurité précise, en effet, que toute personne physique qui exerce une activité de sécurité privée au Québec, doit être titulaire d'un permis d'agent. L'intégrateur qui voudrait faire lui-même l'installation de tous ces systèmes devrait avoir toutes ces cartes de compétence, la licence de la RBQ et le permis d'agent du BSP.
« Généralement, l'intégrateur donne toutefois en sous-traitance la pose des systèmes et il s'assure ensuite que tous les systèmes fonctionnent correctement et qu'ils sont compatibles les uns avec les autres, explique Pierre Desjardins. On doit pouvoir tout gérer à partir d'un seul panneau de contrôle. »
C'est ce que fait l'intégrateur Dominique Martineau, président de Dom Dom Domotique. « Avant de quitter un client, je lui explique comment fonctionne le système et je m'assure que tout fonctionne correctement », dit-il.
L'intégrateur doit aussi s'assurer qu'il existe un service à la clientèle accessible en tout temps (idéalement) pour les produits qu'ils installent. Pierre Desjardins suggère aussi d'acheter de l'équipement en surplus (ex. : interrupteurs) au cas où la technologie deviendrait obsolète. Car c'est souvent ce qui arrive tôt ou tard.
Il n'y a aucune exigence en la matière dans le Code de la construction. « Il s'agit d'installation à bas voltage et le bas voltage n'est pas régi par le Chapitre sur l'électricité du Code », souligne Yan Verhoef.
L'intégrateur doit cependant avoir l'expertise pour exercer son métier adéquatement. Il doit aussi connaître les produits et, idéalement, faire une veille technologique pour se tenir au courant des nouveautés, car c'est un domaine où la technologie évolue vite.
Difficultés lors de l'installation
Lors de la pose d'un système avec filage dans une maison existante, des difficultés peuvent survenir. « À moins d'entreprendre une rénovation majeure, où l'entrepreneur ouvre tous les murs, le passage du filage est impossible dans des murs pleins, affirme Yan Verhoef. Il faut alors trouver d'autres solutions, par exemple, passer le filage le long des boiseries ou enlever les boiseries et passer le fils derrière. »
L'autre option, moins coûteuse et plus rapide, consiste à installer un système sans fil. C'est aussi moins coûteux que l'installation d'un système avec filage. Toutefois, ce système a des limites. Pierre Desjardins donne comme exemple la pose de stores automatisés qui exige du filage. Autre limite : la distance. « S'il y a une trop grande distance entre les bâtiments où l'on souhaite intégrer la domotique (ex. : cabanon dans l'arrière-cour et la maison), le sans-fil ne fonctionnera pas, car les ondes ne se rendront pas. On devra alors opter pour le filage. »
Une dernière limite concerne certains fournisseurs comme l'entreprise québécoise Domotique Sécant qui n'offre pas l'option sans fil. « Le Wi-Fi souffre de problèmes de sécurité, car il est très facile à pirater », estime Laurent Burquier, président de Domotique Sécant, qui n'a aucune confiance dans le sans-fil.
Des erreurs à éviter
Lors de la pose d'un système avec filage, il faut éviter de passer le fil près des fils électriques déjà existants, prévient Yan Verhoef. Cela peut causer de l'induction et peut entraîner un mauvais fonctionnement du système. »
Il faut aussi s'assurer que tous les systèmes installés peuvent être contrôlés à partir du panneau central. Ainsi, lors de l'ajout d'un système (ex. : système d'alarme) dans une maison où il y a déjà un système domotique en fonction, il peut arriver que l'installateur pose le panneau de l'entreprise pour laquelle il travaille sans l'intégrer au panneau central du système domotique.
Yan Desjardins a déjà vu ce genre de choses. « L'installateur a procédé de cette façon, car il ne savait pas comment intégrer son système au panneau central. Le problème avec cela, c'est que le client paie plus cher pour la pose d'un panneau dont il n'a pas besoin. »
Un système qui favorise une plus grande autonomie
À l'ère où les gens souhaitent vieillir à la maison et où les personnes handicapées cherchent à vivre en réduisant leur dépendance envers un aide-soignant, la domotique est tout indiquée pour répondre à ces besoins. Elle leur facilite la vie en leur garantissant une plus grande autonomie.
Des recherches effectuées par le groupe Domus (recherche en domotique et en informatique mobile) de l'Université de Sherbrooke ouvrent la porte à plusieurs autres champs d'application. Parmi les projets en cours, mentionnons la « télévigilance » et l'assistance cognitive aux personnes souffrant de démences de type Alzheimer, de schizophrénie ou d'autres déficits cognitifs.
La domotique est donc un bon exemple de technologie qui peut se mettre au service de l'homme ou tout simplement améliorer son confort. Elle demeure donc une solution envisageable dans le cadre d'un projet de rénovation.
Par Stéphane Gagné