La
forêt, faut-il le rappeler, offre aux humains un milieu aux ressources variées
et pérennes. Matière ligneuse, terrain de jeu, réserve écologique ne sont qu'un
pâle reflet de son potentiel.
Pour la protéger et en assurer l'utilisation
efficace en tenant compte du long terme, le ministère des Ressources naturelles
et de la Faune (MRNF) a créé une table de gestion intégrée des ressources et du
territoire (TGIR) « [...] pour atteindre le juste équilibre entre la
conservation, l'utilisation des ressources et le respect de la valeur et des
besoins des populations visées », décrit le guide en la matière.
Quinze représentants tous azimuts et
préoccupés du bon usage qui en est fait et du partage des activités qui s'y
déroulent se réunissent sur la base d'une gestion participative pour en
superviser les usages. En Estrie, ce
rôle revient à la Conférence régionale des élus (CRÉ) de l'Estrie qui a produit
un Plan d'aménagement forestier intégré (PAFI) 2013-2018 portant aussi bien sur
la forêt publique que privée. Ce plan se conforme aux orientations et aux
objectifs de la Stratégie d'aménagement durable des forêts (SADF), lui-même
assujetti à ceux du gouvernement colligés dans le Plan d'affectation du
territoire public (PATP). Au niveau régional, la CRÉ Estrie est responsable
d'une Commission régionale des ressources naturelles et du territoire (CRRNT)
qui a le mandat de réaliser le Plan régional de développement intégré des
ressources et du territoire (PRDIRT). Jean-Paul Gendron en préside les
destinées.
L'Estrie possède quelque 80 000 hectares
de forêt publique ce qui équivaut à 9 % de cette ressource qui, pour le
reste, est privée. Sur cette superficie, on compte 3 parcs (Orford,
Mont-Mégantic et Frontenac), 2 réserves écologiques (de la Vallée-du-Ruiter et
Samuel Brisson) et deux zones d'exploitation contrôlée (ZEC Louise Gosford et
St-Romain). En Estrie, sur les 40 000 ha qui restent, les
travailleurs forestiers peuvent récupérer environ 69 000 m3 de
bois soit l'équivalent de 2 150 fardiers pour un total de 4 M$ en revenu.
Cette activité permet de créer une cinquantaine d'emplois. Depuis 1987, nous
apprend M. Gendron, il s'est investi dans la forêt publique à peu près
6,7 M$. Pour l'exemple encore, il mentionne que sur les
50 000 ha, dont une partie est exploitée à l'intérieur de parcs, 55
acériculteurs entretiennent plus d'un million d'entailles, pour quelque
900 000 $ en retombées économiques. Ces goutterelles s'additionnent
aux 6 millions installées en forêt privée.
L'Estrie, avance-t-il, est la 3e
région en importance au Québec. « La forêt n'est pas surexploitée,
l'exploitation durable permet une meilleure reprise des boisés et elle est en
meilleure santé », démontre M. Gendron. Le gouvernement tient à jour les
inventaires forestiers, les gestionnaires suivent les prescriptions à la
lettre, ajoute-t-il. « Les autorités politiques du MRNF seraient bien
avisées de considérer avec une attention particulière le transfert des
possibilités de gestion à des instances régionales et locales. Ces instances,
surtout politiques, affichent depuis nombre d'années une motivation sans
conteste à la saine appropriation de ces territoires publics dans le meilleur
intérêt économique et social des populations de proximité. »
Les 15 membres décisionnels tels le
représentant des 1res nations, ceux du conseil de la gouvernance de
l'eau, de Domtar et autres entreprises forestières, de la MRC, des Sentiers
frontaliers et ainsi de suite, unissent leurs connaissances pour utiliser le plus
adéquatement possible ce potentiel. « La TGIR exerce un contrôle de l'usage
polyvalent de la forêt publique et favorise l'intégration aux autres activités
autorisées par le MRNF », explique M. Gendron. Parmi elles, on trouve celles
portant sur la faune, la flore, la matière ligneuse, les paysages, les produits
forestiers non ligneux. D'autres correspondent plus à des fonctions économiques
comme la coupe du bois, les produits récréotouristiques, la chasse et la pêche,
le trappage, l'acériculture. Encore, certaines de ces fonctions relèvent de
l'écologie comme le stockage du carbone, la conservation de la biodiversité et
des habitats fauniques, la préservation des sols et de l'eau en respectant les
bassins versants. Enfin, les milieux de vie, de récréation, de culture
autochtone s'ajoutent. Jean-Paul Gendron donnait aussi l'exemple des éoliennes
qui s'installent sur des domaines publics, comme celles de St-Robert Bellarmin.
Des discussions ont eu lieu avant l'érection de ces équipements. Parmi les
utilisations non souhaitées, le président mentionnait la présence des big foot dont le passage interfère avec la saine gestion du
milieu forestier. Direct comme à son habitude, il déplorait les « résidences
secondaires », caches pour la chasse installées de façon semi-permanente, alors
qu'elles doivent être démontées tous les ans.
« La
concertation a certes un prix, mais elle permet de maximiser les avantages
économiques, sociaux et environnementaux d'un territoire qui appartient à tous
», conclut M. Gendron.