Par Jean Garon
La durée de vie des matériaux de construction compte pour
beaucoup dans la durabilité d'une habitation.
Rien de ce qui est fabriqué, construit ou rénové par l'homme
n'est vraiment durable. En fait, la durabilité matérielle d'un produit de
consommation est influencée par plusieurs facteurs comme la qualité des
composantes et de l'assemblage, l'exposition aux bris et à l'usure,
l'observation des recommandations d'entretien ou de remplacement, ainsi que
l'évolution des goûts et des modes. L'habitation n'échappe pas à la règle.
Dans l'analyse du cycle de vie (ACV) d'une habitation, il
faut nécessairement prendre en compte la durée de vie des matériaux de
construction et des autres composantes liées à son utilisation. Une maison
neuve ne le demeure pas bien longtemps. Dès son acquisition, l'acheteur doit
composer avec les variations de tempé- rature (saisons) et assumer un entretien
de diverses composantes qui, inéluctablement, devront un jour ou l'autre être
remplacées en raison de la durée limitée de leur usage ou de leur dégradation.
Et c'est sans compter la tentation d'acheter la dernière nouveauté sur le
marché, jugée plus au goût du jour, ou de ré- nover un environnement intérieur
démodé ou moins fonctionnel, suivant l'évolution de la situation du mé- nage ou
le changement de propriétaire.
Quel est le portrait de la situation en ce qui concerne la
durée de vie utile des composantes d'une habitation? L'association américaine
des constructeurs d'habitations (la National Association of Home Builders ou
NAHB) a tenté de répondre à cette question, en 2006-2007, en effectuant un
sondage auprès de manufacturiers, d'associations spécialisées et de chercheurs.
L'étude a mesuré l'espérance de vie de plusieurs dizaines de composantes
entrant dans la construction d'une habitation, y compris celle des appareils
électroménagers.
Dans le tableau ci-contre, plus de cent cinquante de ces
composantes sont répertoriées, dont environ le tiers a une durée de vie utile
estimée à vie, et moins d'une trentaine entre 50 et 100 ans. Au bas mot, c'est
largement plus de la moitié des composantes d'une maison qui nécessitent des
remplacements fréquents et ponctuels et de multiples entretiens durant la vie
d'un ménage. C'est une réalité que les constructeurs et les rénovateurs professionnels
ne devraient pas manquer de rappeler à leurs clients.
Même si les résultats de l'étude datent de sept ans, il y a
fort à parier que la situation n'a pas beaucoup changé depuis cette collecte de
données. Néanmoins, la NAHB a pu observer que la durée de vie moyenne de
certaines composantes avait augmenté durant les 35 dernières années, en raison
de la création de nouveaux produits et de l'introduction des nouvelles
technologies. Il suffit de penser aux systèmes d'éclairage éconergétiques dont
la durée de vie a été multipliée par sept. À l'inverse, d'autres composantes
comme les appareils électroménagers ont généralement une durée de vie plus
courte qu'auparavant.
Qu'était-il ressorti d'autre de cette étude ? Bon nombre des
personnes interrogées estimaient que la longévité des composantes d'une
habitation était grandement affectée par la qualité de l'entretien. C'est
toujours vrai, à n'en pas douter. Par ailleurs, les répondants avaient souligné
le fait que les changements dans les goûts des consommateurs pouvaient se
traduire par un remplacement de produits bien avant - ou après - la fin de leur
durée de vie utile. C'est le cas notamment du mobilier et des éléments de
décoration, sans oublier les robinetteries et les appareils d'éclairage électriques,
entre autres.
Dans les matériaux et équipements de base, il y a de tout :
des produits de divers niveaux de qualité et de prix, et des produits
identifiés écologiques dont l'intégration vaut des points de mérite dans des
programme de certification (ex. : LEED). Depuis quelques années, le marché des
matériaux tend toutefois à se rapprocher des nouvelles préoccupations
environnementales en proposant des produits plus écologiques et plus durables,
dont la traçabilité authentifiée par un label va de l'extraction des matières
premières jusqu'au recyclage d'une partie de leur composition.
Finalement, cette étude avait démontré et démontre toujours
l'importance à accorder à l'entretien rigoureux de certaines composantes à
durée de vie plus limitée ou à leur remplacement prioritaire lors de travaux de
rénovation, afin de préserver l'investissement que représente une habitation.
Cela vaut également dans une optique de développement durable et de limitation
des impacts sur l'environnement, où il est préférable de mieux planifier les
travaux d'entretien et de rénovation et d'utiliser des composantes plus
durables, qui réduisent les frais à long terme et les quantités de rebuts à
éliminer à l'ère du « jetable ».
Source : Québec habitation septembre-Octobre 2014. Publié
par l'APCHQ Provinciale