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  HABITATION / Construction Estrie

Toits verts résidentiels : besoin d’un coup de pouce?


Par Pierre Vaillancourt
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APCHQ Estrie Par APCHQ Estrie
Vendredi le 2 octobre 2015

Dans les municipalités et les villes, chaque nouvelle parcelle de terre cédée au béton et au bitume, aux résidences et aux autres constructions, contribue aux changements climatiques. L'environnement bâti, responsable de la moitié des émissions des gaz à effet de serre, est en pleine transformation, affirme Edward Mazria, architecte, auteur et enseignant, actif dans les designs passifs depuis plus de 40 ans!

À Montréal, les toitures occupent une surface équivalente à 18 % du territoire. Certains rêvent d'utiliser cette surface pour y faire de la culture maraîchère et contribuer à nourrir les populations urbaines. Il y a encore loin de la coupe aux lèvres, mais de nouvelles étapes nous rapprochent de cette idée petit à petit.

La toiture végétalisée fait partie de l'arsenal bioclimatique passif, captant l'énergie solaire pour transformer le CO2 en oxygène, régulant la température intérieure et environnementale, filtrant la poussière et le bruit, récupérant les eaux de ruissellement. De plus, elle prolonge la durée de vie des membranes, agrandit la maison, améliore la qualité de vie quand on a un accès au toit. Elle s'inscrit parfaitement dans le schéma de redéfinition des villes et n'attend plus qu'un coup de pouce de la réglementation pour s'implanter solidement.

Guide des critères

En mars 2015, la Régie du bâtiment du Québec (RBQ) a publié le guide Critères techniques visant la construction des toits végétalisés énonçant les conditions déterminées pour les bâtiments assujettis. Le Québec est le premier état nord-américain à statuer pour l'ensemble de son territoire.

L'industrie a retenu son souffle

Selon Owen Rose, architecte et coordonnateur du Groupe de travail sur les toitures végétalisées (GTTV) qui a été consulté comme président du Centre d'écologie urbaine de Montréal (CEUM) avec Marie-Anne Boivin (agronome Soprema) et Denis Gingras (Membranes Hydrotech), un cadre législatif trop rigide aurait pu signifier la fin de la construction des toits verts au Québec s'il avait été trop contraignant.

Contraintes

Contraignant, il l'est. La RBQ s'est appuyée sur la norme torontoise et sur une douzaine de normes ANSI et ASTM. Le document reprend les articles du Code du bâtiment qui se rapportent à la toiture ainsi que les objectifs qui motivent ces articles. Il énumère ensuite une série de critères sur les composantes d'un toit vert, l'étanchéité, les charges structurales, la résistance au vent et à l'érosion, le calcul hydraulique, les dégagements et la protection incendie. Il s'attarde aussi à l'entretien de ces systèmes. Assujetti ou non, il projette son ombre sur tout l'environnement bâti.

En même temps, moins de projets seront abandonnés, croit Owen Rose, puisqu'il donne aux concepteurs l'occasion d'améliorer leur design. En utilisant la grille de travail et les conseils des membres du GTTV, connaissant à l'avance les points d'achoppement, ils n'ont plus à attendre la décision de la RBQ et peuvent prévenir rapidement leur client des changements à apporter pour réaliser leur projet.

Les municipalités peuvent délivrer des permis si les concepteurs respectent les critères de la RBQ, de la Ville de Montréal ou leur propre évaluation basée sur les normes du Code du bâtiment. La Ville de Montréal (Cahier explicatif - janvier 2014) rappelle à juste titre que les garanties offertes par l'Association des maîtres couvreurs du Québec (AMCQ) entrent également en ligne de compte lorsqu'un toit végétalisé est aménagé. Ces garanties ne s'appliquent qu'au système d'étanchéité, pas au système de toiture végétale qui, lui, sera garanti par l'installateur.

Les fournisseurs de systèmes de toits végétalisés ont le plus souvent leurs installateurs expérimentés. La licence requise pour l'installation d'un toit vert pourrait relever de la sous-catégorie 7.0, mais elle n'est pas clairement nommée.

Commentaires de l'industrie

Selon Mahnaz Nikbakht, conseillère chez CosellaDörken Québec, les critères du guide de la RBQ ne changent rien à l'utilisation du système léger Delta Floraxx convenant aux toits verts extensifs construits sur place et vendus internationalement par le fournisseur allemand de produits destinés à l'enveloppe du bâtiment.

Martin Marion, fournisseur LiveRoof, croit qu'en y mettant de la bonne volonté et de la créativité, on peut combiner les solutions offertes sur le marché et satisfaire la demande à un coût raisonnable, sans perdre de vue les avantages des toits végétalisés. Là où le bâtiment offre le plus de support, les concepteurs peuvent créer un jardin-terrasse avec potager et hautes herbes en mode « construit sur place », en pots ou en bacs; un aménagement en modules extensifs sur une autre portion du toit et un tapis végétalisé « léger » peuvent couvrir le reste. LiveRoof est un regroupement de pépiniéristes franchisés dont la maison mère, une filiale de Hortech inc., est située à Spring Lake au Michigan.

Depuis 20 ans, estime Marie-Anne Boivin, agronome responsable du produit construit sur place Sopranature chez Soprema, plus de surface de toiture est couverte et génère 10 % plus de ventes, et ce, chaque année. La spécialiste croit que la tendance pour les toits végétalisés compense un projet qui ne répond pas aux exigences municipales, à Québec, notamment, et dans plusieurs autres municipalités. Le guide encadre cette évolution et Soprema emboîte le pas en publiant une grille adaptée à son produit. La maison mère de Soprema établie à Strasbourg, en France, possède une longue expérience en produits destinés à l'enveloppe du bâtiment.

Même si les constructeurs n'envisagent pas d'installer immédiatement une toiture végétalisée sur leur nouvelle construction, ce serait une bonne pratique, croit Owen Rose, de prévoir une structure capable d'accepter la charge permanente d'un toit végétalisé sans qu'il leur en coûte beaucoup plus cher et de laisser aux acheteurs le soin de réaliser plus tard la terrasse, le toit végétalisé intensif ou extensif, ou un potager s'ils le souhaitent. C'est aussi cela la construction durable.

L'usage d'un système de végétalisation de la toiture prolonge la vie de la membrane de la toiture jusqu'à la doubler, ce qui a pour effet de compenser le prix plus élevé de la construction d'une telle toiture.

Tendances

« S'il y a une demande pour les toitures végétalisées dans la construction de bâtiments institutionnels, croit Martin Marion, nous ne sommes pas à l'aube d'une demande importante dans le résidentiel existant dans l'état actuel des technologies et des normes de construction. Les bâtiments existants demandent des transformations trop importantes pour accepter la charge permanente d'une toiture végétalisée gorgée d'eau. »

Les plus fortunés auront l'occasion de réduire leur empreinte sur l'environnement en retournant à la nature tout ce qui peut l'être autour de leurs implantations résidentielles principales ou secondaires, et ils le font. C'est un souci qui n'existait pas il n'y a pas si longtemps encore.

L'architecture contemporaine permet plus souvent l'implantation des toits végétalisés sur des toitures plates partiellement visibles du sol ou d'étages surplombants. Il y aura certainement une combinaison « potager, toit vert, espace de vie ».

Conclusion

Pour paraphraser Anne-Marie Bernier du Centre d'écologie urbaine de Montréal (CEUM) : « Pour que les avantages des toitures végétales deviennent tangibles [elle parle de façades végétales], on droit créer un effet de masse. Tout le monde a donc son rôle à jouer, tout particulièrement les propriétaires et gestionnaires immobiliers qui ont le pouvoir d'agir sur plus d'un bâtiment. L'heure est à la prise de position et à l'action concrète ! »

Source : Magasine Québec Habitation Septembre 2015. Magasine publié par l'APCHQ Provinciale.


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