Les codes vestimentaires sont là pour nous protéger, au fond.
Et quand je dis nous, je veux dire nous, les filles, parce que bien que ça ne soit pas écrit explicitement dans le code vestimentaire de nos agendas, les gars ont droit, eux, de porter des camisoles, des chandails transparents et des shorts un peu courts, s'ils le désirent. J'ai vu des garçons porter les mêmes vêtements pour lesquels je me serais faite avertir des dizaines de fois, sans problème, toute une journée.
Nous sommes à l'école pour nous faire mesurer la jupe, pas pour apprendre. J'ai souvent l'impression que la longueur de mes shorts intéresse plus les professeurs que mes notes.
Si les codes vestimentaires existent, c'est qu'ils sont là pour protéger les adolescentes des pulsions sexuelles des adolescents. Parce que, comme on l'a entendu tant de fois, les épaules d'une fille, c'est une partie du corps incroyablement attirante, et si un garçon hétérosexuel venait à les voir pendant un cours de mathématique, il ne pourrait pas se concentrer.
C'était sarcastique.
Si un vêtement est légal, autorisé en public, alors pourquoi doit-on l'interdire à l'école? On a le droit de ne pas aimer, mais bannir des vêtements qu'on juge choquants, c'est aller contre la liberté d'expression.
En tant que fille, je suis insultée, et j'espère que les garçons le sont tout autant, du sexisme des codes. Comme si les gars étaient immanquablement incapables de se contenir devant des milieux de cuisses et des morceaux de ventre, comme si les filles étaient inaptes à décider de leur habillement. Si les homosexuels sont capables, dans les vestiaires, de se retenir devant des filles ou des gars à moitié nus, pourquoi les hétéros seraient incapables de se contrôler devant des épaules?
Certaines personnes peuvent être attirées par les épaules, les clavicules ou les cuisses, mais en ciblant les filles par peur qu'elles soient objectivées, on les objective encore plus. Et si c'est les filles qu'on oblige à se couvrir, c'est que nos corps sont sexualisés depuis la nuit des temps. Le moindre recoin de peau est indécent.
Moi je trouve ça beau, de la peau. C'est sain, d'aimer son corps assez pour ne pas avoir honte de ses épaules ou de son gras de ventre.
Laura Basque