Le burn-out, l'épuisement professionnel, le fameux trou noir de l'acharnement. Lorsque l'on pense au burn-out, il nous vient souvent en tête le portrait d'une mère monoparentale débordée par ses multiples emplois et ses deux enfants en bas âge, ou encore d'un homme d'affaires qui consacre chaque instant de sa vie occupée à fixer son joli ordinateur Apple, les yeux rivés sur des statistiques insensées. Bref, quand on aborde le burn-out, peu de gens en viennent à penser aux jeunes de 15 à 20 ans.
Plusieurs adultes préfèrent minimiser leur situation en se disant que, peu importe l'époque, tous subissent à un moment ou un autre le dramatique tarissement de l'adolescence, et que le surmenage de la quarantaine est bien pire. Pourtant, avec 16 % des jeunes adultes qui démontrent des signes de burn-out, il est justifié de vouloir étudier le cas des adolescents surmenés.
Coincés entre l'école, les fameux secondaires quatre et cinq qui déterminent leur destin, les parascolaires essentiels, les premiers boulots étourdissants et la vie sociale florissante, plusieurs adolescents peinent à trouver le temps pour une petite nuit de sommeil. Souvent, un nourrissant Big Mac et une belle grande cannette de Redbull sont les meilleurs amis des jeunes éreintés qui, craignant de se retrouver en bas des palmarès, doivent substituer leur santé pour une performance académique acceptable. Autant souhaitent-ils ralentir, ils ne veulent surtout pas arrêter et se retrouver sur le côté de la route, les bras ballants, à regarder leurs camarades poursuivre cette course effrénée, la tête pleine d'ambitions.
Ce phénomène de sprint à la réussite doit aussi son importance à l'invasion d'hormones que le corps d'un futur adulte accueille, malgré son gré, lors des cinq ans les plus déterminants de sa vie. Au moment où toutes les émotions du monde se font la guerre dans un cerveau épuisé, celui-ci a parfois quelques difficultés à prendre une décision éclairée. Ce ne sont néanmoins pas les décisions qui manquent lorsque l'on demande à un finissant fraichement sorti du nid familial ce qu'il veut faire des 40 prochaines années de son existence. Aidé par son fameux ami Instagram, c'est dans des moments comme celui-ci, des moments d'incertitudes en famine de réponses, que les jeunes peuvent commencer à ralentir et à procrastiner, glissant tout doucement dans le gouffre de l'épuisement.
Finalement, peu importe l'âge, il est primordial que chaque individu se sentant comme si la vie le rattrapait et que les responsabilités l'ensevelissaient cherche un peu d'aide. Que ce soit par une savoureuse évasion à Cuba ou par une simple fin de semaine de congé à lire un livre, il faut se rappeler qu'il y a d'autre chose à la routine que l'ennui et que, peu importe l'âge, il n'est jamais trop tard pour se réinscrire à la fameuse course pleine d'ambition qui pourrait mener, cette fois-ci peut-être, au bonheur.
Rosemarie Lacroix, La parole est aux ados