Le bois torréfié utilisé en parement extérieur est magnifique au lendemain de l'installation. Quelques années plus tard, à défaut de l'entretenir, il grisonne.
Lancé vers le milieu des années 2000, le bois torréfié a rapidement séduit les Québécois. Ses teintes chaleureuses en ont fait le complément idéal à la brique et la pierre pour composer des façades au look contemporain.
Ce matériau haut de gamme demeure très prisé, mais il est encore trop souvent mal installé et mal compris. Entrepreneurs et consommateurs ont trop longtemps voulu croire qu'il n'avait pas besoin d'entretien.
Dans l'industrie, on l'appelle « bois modifié thermiquement », puisqu'une véritable torréfaction le rendrait aussi noir qu'un grain de café torréfié. Chauffé entre 180 à 230 degrés C pendant plusieurs heures, le bois s'assèche, voit sa structure moléculaire altérée et sa teinte devient plus foncée.
Ce traitement à la chaleur intense donne au bois une plus grande résistance à la dégradation fongique et une plus grande stabilité dimensionnelle. Par contre, il perd de la résistance à l'abrasion et à l'impact. Sans teinture, il grisonne rapidement.
S'agit-il d'un matériau imputrescible et sans entretien comme plusieurs l'ont vendu au cours des dernières années? Pas tout à fait.
C'est en Europe que ce produit s'est d'abord répandu. Là-bas, les propriétaires ne l'entretiennent pas et ils apprécient la couleur grise du bois de grange. Au Québec, nous préférons les produits finis aux teintes chaleureuses.
Bien installé, le bois torréfié peut être aussi durable et sans entretien qu'un parement de maçonnerie. Par contre, si l'on souhaite en préserver la couleur, il faut le teindre tous les deux, trois ou quatre ans, selon la qualité de la teinture appliquée en usine et son exposition au soleil. Dès qu'il grisonne un peu, il est temps de prévoir l'application d'une couche de teinture.
Si on a pris soin d'installer le bois torréfié à des endroits accessibles, l'entretien est simple. Il suffit d'un brossage léger pour nettoyer le bois et en ouvrir les pores, suivi d'une seule couche de teinture.
Dans l'industrie, de plus en plus d'efforts sont déployés pour mieux communiquer les propriétés du bois modifié thermiquement et offrir des produits de meilleure qualité.
La décoloration rapide ayant déçu plusieurs consommateurs, la plupart des produits sont maintenant offerts avec une teinture appliquée en usine. En atelier, tout est mieux contrôlé que sur un chantier : l'absence de poussière, l'adhérence de la teinture, l'épaisseur de l'application et la température.
Les teintures à l'huile étant maintenant proscrites, on utilise des teintures latex à base d'eau. L'expérience a démontré que plus la teinte est foncée, plus le grisonnement du bois est retardé.
Le bois torréfié fait maintenant partie du « langage contemporain d'architecture du Québec », soutient André Bourassa, président de l'Ordre des architectes du Québec jusqu'en 2013 et fervent défenseur de l'usage du bois dans le bâtiment. Architectes et designers gagneraient à insuffler un renouvellement à la mode actuelle du bois teinte caramel flanqué de moulures métalliques noires, croit-il.
À part chez les véritables amoureux du bois, le bois torréfié en revêtement extérieur est surtout utilisé pour créer des contrastes avec les autres matériaux, explique André Bourassa. C'est le concept des « façades décomposées », où jusqu'à cinq différents matériaux de revêtement se mettent en valeur l'un l'autre. C'est la couleur du bois torréfié que la clientèle recherche, bien plus que son grain, soutient l'architecte. Et pour conserver la couleur, il faut l'entretenir!
PHOTOS : André Dumont/Inspecteur D