Ceci est une histoire de rénovation,
mais les principes abordés sont aussi valables pour les habitations neuves.
L'entrepreneur avait rénové le
sous-sol de son client. Des travaux rendus nécessaires à la suite d'un dégât
d'eau avaient déclenché une soudaine volonté du propriétaire de mettre l'espace
au goût du jour.
Adieu tapis miteux, adieu préfini non
écologique, bienvenue au bois franc préverni.
Près d'un an après les travaux le
client appelle l'entrepreneur pour se plaindre que le plancher montrait des
signes de soulèvement et des vagues anormales. L'entrepreneur fait alors une
inspection qui confirme le phénomène.
Au moment de la mise en place du
plancher de bois franc, l'entrepreneur avait tenu pour acquis qu'il y avait une
membrane de polyéthylène sous la dalle de béton du sous-sol. C'est une pratique
obligatoire aujourd'hui, mais cela n'a pas toujours été le cas. Aucun signe
particulier à la surface du béton (comme de l'efflorescence) le jour de
l'installation, aucun indice visible de l'absence d'une membrane pour contrer
la montée de l'humidité par capillarité ou par transmission de vapeur.
Le béton agit comme une énorme éponge
déposée sur le sol. Deux moyens de défense existent pour limiter la
transmission d'humidité du sol vers l'intérieur de l'habitation :
-
La pierre concassée 3/4 pouce nette qui agit comme bris capillaire;
-
La membrane de polyéthylène qui agit comme pare-vapeur.
Dans certaines constructions moins
récentes, il n'est pas certain que ces produits aient été mis en place. Sans
ces barrières, une quantité importante d'eau peut être transportée du sol vers
l'espace habité.
Avant de poser le revêtement de
plancher, l'entrepreneur aurait pu vérifier si la dalle de béton était prête à
recevoir un plancher de bois franc en mesurant le taux d'humidité relative (HR)
de la dalle. On considère que le béton est suffisamment « sec » s'il
montre un HR inférieur à 80 %, certains avancent même 75 %.
Les consignes d'installation de
revêtements de plancher font souvent état du niveau maximal de HR à ne pas
dépasser pour une installation adéquate. Trois types de niveau peuvent être
mentionnés : le % de HR (p. ex. 75 %), le % d'eau contenu dans
le béton (p. ex. 5,5 %) ou encore le taux de transmission de la vapeur
d'eau (p. ex. 15g/m2/24 heures).
Dans un sous-sol sans pare-vapeur ni
pierre concassée on peut s'attendre à ce que le béton du plancher soit plus
proche de 100 % que de 75 % de HR, le sol contribuant perpétuellement
à la migration d'eau. Dans une construction neuve, le taux de HR du béton
dépend directement du temps écoulé entre le moment de la coulée et le moment où
l'on en effectuera la mesure. En construction neuve, atteindre 75 % de HR
pour le béton peut prendre 6 mois, et plus encore si c'est un béton léger (à
cause des granulats plus poreux).
Les tests reconnus par l'industrie
pour mesurer le HR du béton sont l'ASTM F1869 au chlorure de sodium et
l'ASTM F2170, une mesure par sonde placée à 40 % de l'épaisseur de la
dalle, tous deux réalisés par des professionnels.
Toutefois, un test assez simple pour
détecter une présence problématique d'humidité consiste à appliquer
une feuille de polyéthylène de 400 mm sur 400 mm (16 po sur 16 po)
scellée avec du ruban à la dalle de béton. Si après 24 heures on constate la
présence d'eau sur la feuille de poly ou encore si le béton est noirci, on peut
conclure à la présence excessive d'eau incompatible avec la pose de planchers
de bois franc. D'ailleurs, certains fabricants de planchers de bois franc en
déconseillent l'installation au sous-sol.
Le test avec la feuille de poly est
utile pour conclure à des situations où l'on ne doit pas poser le
revêtement. Mais quel test doit-on utiliser pour savoir si l'on peut procéder
à la pose? Certainement les deux tests mentionnés plus haut parce que la
procédure utilisée dans ces tests est normalisée.
Par contre, plusieurs entrepreneurs
en sont venus à utiliser régulièrement un instrument qui se situe entre la
simplicité du test avec poly et la rigueur des tests normalisés; ils utilisent
un Tramex* ou son équivalent. Ces humidimètres mesurent le taux d'humidité
relative à la surface (ou presque) du béton et livrent des résultats qui ne
sont pas directement utilisables puisqu'il faut passer par des tables de
conversion pour obtenir une « idée » du taux de HR du béton.
On peut rappeler en terminant
que :
-
les planchers de bois franc prévernis sont livrés dans des emballages
scellés et le produit est conditionné à l'usine à un taux de HR prêt à la pose;
-
malgré cette consigne, plusieurs fabricants recommandent d'ouvrir les
paquets et de placer ceux-ci dans l'espace où ils seront posés pendant de
24 à 48 heures, histoire de permettre au bois de s'acclimater au taux de HR de
l'espace;
-
le substrat (contreplaqué/OSB) devrait avoir un taux de HR n'excédant
pas 6 à 8%;
-
au cours des trois semaines précédant la pose et pendant celle-ci, l'air
dans la pièce devrait avoir une température entre 180et 230C et un taux de HR
entre 40 et 45%.
-
l'écart maximal entre le taux de HR du substrat et celui du plancher ne
doit pas excéder 4%.
* Compagnie qui fabrique une variété d'instruments de mesure, incluant
des humidimètres pour le béton.