Les premières fois où mon fils a appuyé sur le bouton «colère» dans son répertoire, j'étais fascinée par l'intensité de ses émotions. Mais pour dire vrai, je me sentais parfois impuissante pour le consoler ou le calmer. Est-ce que je devais le punir, comme à l'ancienne? Et si je ne le faisais pas, est-ce que j'allais trop le gâter?
J'imaginais ma grand-mère me dire : «Tu vas en faire un petit capricieux!». Puis, j'ai découvert les principes de base de la neuropédagogie. Comme le mentionnent les auteurs du livre, Le cerveau de votre enfant, Dr Daniel J. Siegel et Tina Payne Bryson : «... le parent le plus attentionné et le plus instruit ne connaît pas forcément les principes de base du cerveau de son enfant.»1
Après avoir dévoré plusieurs ouvrages sur les cerveaux des tout-petits, me voilà avec des outils efficaces et des formules qui fonctionnent. Je peux aider mon fiston lorsqu'il est happé par une vague de colère!
Jusqu'à environ 7 ans, et surtout entre 0 et 3 ans, nos trésors n'ont aucune maîtrise de leurs émotions. Il faut aussi savoir que lorsqu'ils sont jeunes, c'est leur cerveau droit qui domine leur vie! Qui dit cerveau droit dit émotions qui viennent des tripes, ressenties, non-verbales, et expressions faciales.
Le cerveau gauche aime les listes. Il ordonne et organise. C'est le siège de la logique. Alors, si votre enfant est en proie à une grosse colère, dites-vous que c'est l'œuvre de son cerveau droit et qu'il n'a pas encore les connexions cérébrales pour utiliser le gauche rapidement. Sachant que tout est normal, ne prenez jamais d'une façon personnelle les crises de votre enfant. Il est en plein développement! Et le punir ne ferait que lui nuire.
Dans le livre Le cerveau de votre enfant, on propose des avenues intéressantes pour aider les enfants à mieux gérer leurs émotions. La première, intitulée «Se connecter et rediriger», suggère aux parents et aux éducateurs de connecter leur cerveau droit à celui de l'enfant. On n'essaie pas de raisonner l'enfant et de tomber dans la logique, ça ne sert à rien! On reste dans l'énergie du cerveau droit en se mettant au niveau de l'enfant.
On lui caresse le dos en parlant doucement, en l'aidant à identifier ses émotions. Et lorsqu'il est apaisé et réceptif, on peut le rassurer d'une façon plus rationnelle, en lui expliquant que tout va bien et qu'il peut compter sur nous.
La solution suivante nous amène à « nommer pour apprivoiser», qui consiste à inviter l'enfant, et ce qu'importe l'âge, à raconter son histoire à sa façon. Il raconte son expérience, et plus il explique ce qu'il a vécu, plus il met de l'ordre dans sa tête et dans ses émotions. La tempête du cerveau droit laisse, mot après mot, place à la logique du cerveau gauche.
Il existe aussi de plus en plus de livres pour enfants qui parlent d'émotions. Je vous propose l'album La couleur des émotions, aux Éditions Quatre Fleuves, dans lequel on retrouve un gentil monstre qui a mélangé toutes ses émotions. Une petite fille viendra à son secours pour l'aider à mettre de l'ordre dans tout ça!
L'autre ouvrage s'intitule Les émotions, ça chahute un peu, beaucoup, énormément... de Rhéa Dufresne et Sébastien Chebret, aux Éditions du Ricochet. À travers plusieurs scénarios du quotidien, 12 émotions sont expliquées avec simplicité. Les deux livres sont joliment imagés.
Spirituellement parlant, l'être humain existe pour vivre des expériences et des émotions. Travailler et performer à un rythme effréné, en valorisant beaucoup l'extérieur de notre personne, c'est le mantra de plusieurs personnes actuellement. Mais bonne nouvelle, les gens se rendent maintenant compte qu'il manque un sens à leur vie et ils se tournent de plus en plus vers
l'intérieur. Ils veulent ÊTRE, pas seulement paraître.
Comme nous sommes des modèles pour nos enfants, prenons le temps de vivre nous aussi nos émotions. Donnons-nous le droit, à nous et à nos enfants, de ressentir la peur, la colère, la tristesse. Les ressentir, c'est les laisser partir! En écoutant et en guidant vos enfants, vous évitez qu'ils se transforment en adultes frustrés et désillusionnés. Parce qu'en réalité, nous sommes des boules d'émotions sur deux pattes, pas des robots!
Valérie Guillemette
1. Dr Daniel J. Siegel et Tina Payne Bryson. (2015), Le cerveau de votre enfant, Éditions Poche Marabout.