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Écrire sous l’Arbre à Palabre


Guérir un peu plus loin…
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Geneviève Kiliko Par Geneviève Kiliko
Mercredi le 24 juin 2015

À l'origine, l'arbre à Palabre était un arbre en Afrique, où les sages et les villageois se réunissaient pour discuter des points importants à traiter dans la communauté. Les enfants pouvaient venir y écouter des histoires racontées par les anciens du village, « éveillant» ainsi  leur propre sagesse...

À Sherbrooke, l'Arbre à Palabre est une coopérative située au centre-ville, qui accueille depuis le mois de février 2014 un atelier d'écriture, Les mots d'ici, tous les mercredis à 17 h 30. Sofia Marques Manata et Sarah Farah Badkoube en sont les fondatrices. Elles se sont rencontrées à l'Hôtel-Dieu, lors d'un stage en santé mentale qu'elles ont effectué au cours d'un été pour leurs études au doctorat en psychologie.

Ce projet porte en lui la fougue, la spontanéité, et la passion des deux fondatrices. Cette initiative a émergé lors d'une discussion banale autour d'un comptoir de cuisine, au moment où les deux étudiantes habitaient en colocation.

« Nous parlions de ce que nous voulions faire dans l'année en cours. Sarah désirait faire ses équivalences afin d'être psychologue au Québec, et moi aussi je voulais terminer mon doctorat. Je lui disais que j'avais le souhait d'animer un groupe; en lui disant cela, ses yeux sont devenus grands. Elle m'a alors suggéré de faire un atelier d'écriture... », mentionne Sofia Marquez Manata. « Mon amour pour l'écriture est né de Sarah. J'avais perdu cette passion. Je me souviens, lorsque j'étais petite, j'avais un journal dans lequel j'écrivais chaque jour. Avec l'école et la pression académique : « N'écris pas comme ci, fais plutôt comme ça... », je m'étais complètement coupée de ce médium. Je n'ai plus jamais imaginé que je pouvais aimer ça... », reprend-elle.

À cet instant, une flamme s'est allumée et les deux complices ont rapidement mis en exécution leurs propos. Sarah a parlé de ce projet à l'Arbre à Palabre et la coopérative a été enchantée de cette merveilleuse idée.

« L'Arbre à Palabre fait partie de notre identité. Cette coopérative a des valeurs qui nous ressemblent. Elle organise beaucoup de choses pour aider la société. Les responsables actuels nous disent tout le temps que l'atelier d'écriture rentre dans leurs cordes et que si tout le monde prenait l'initiative  de lancer des projets de ce genre, ce serait merveilleux! », souligne Madame Marques Manata. « Ce qu'on offre, c'est l'amour de l'écriture et un partage. Cette initiative parle beaucoup d'un lien entre les gens, et d'un laisser-aller. », renchérit-elle.

Depuis plus d'un an, l'Arbre à Palabre a vu éclore des fleurs sous son ombre, où les rayons lumineux se frayent un chemin. Certains ont maintenant « l'audace » de se dévoiler encore un peu plus chaque semaine.

« Il y a tellement de gens qui fleurissent à travers ce médium, en commençant par moi-même. Maintenant, j'écris pratiquement chaque jour, je ne peux pas m'en empêcher. C'est comme un bon virus contagieux! », affirme Madame Marques Manata. « On a tous des moments difficiles dans la vie, mais quand tu sais qu'à chaque mercredi, tu vas aller voir une gang sympathique et que tu peux vider ton cœur sur un bout de papier et être écouté, c'est fantastique! ».

Selma Tannouche Bennani est du même avis. Elle a débuté l'atelier d'écriture au commencement de ce périple, soit en février 2014. Nouvellement arrivée à Sherbrooke, elle cherchait une façon de rencontrer de nouvelles personnes. Elle a fait une recherche sur les groupes d'écriture à Sherbrooke et elle est tombée sur la page Facebook des ateliers «Les mots d'ici ». « J'ai un tableau dans ma chambre où je note mon « planning » pour la semaine. La première chose que je fais est d'inscrire l'atelier d'écriture du mercredi. Je m'organise pour que ça ne bouge pas. Je viens tout le temps parce que c'est ma source d'énergie hebdomadaire. C'est comme une famille. », dit-elle.

Sarah Farah Badkoube est retournée en France le 3 juin dernier. Même si elle est actuellement loin de l'Arbre à Palabre de Sherbrooke, son cœur est toujours présent dans ce projet qu'elle chérit tendrement. « Sarah entretient encore beaucoup le projet. Elle ne sort pas de ce projet même si elle est loin. On l'alimente toujours, et on s'en parle. Sa présence physique n'est plus, mais je sais que le projet continuera à grandir. », souligne Madame Marques Manata. « Le Tremplin souhaite collaborer avec nous, en rapport avec le slam et on commence à parler avec d'autres partenaires même si rien n'est encore formel. »

Sofia Marques Manata fait présentement sa thèse sur  la créativité en thérapie, plus spécifiquement sur la manière d'entrer en relation de façon créative. « L'atelier d'écriture m'influence au plus haut point. Je suis intervenante au service d'aide aux Néo-Canadiens, et entrer en relation avec une personne qui ne parle pas ta langue et qui provient d'une culture différente exige une grande créativité. Ta vision, ton champ doit forcément s'élargir. Et l'atelier d'écriture, et bien ça élargit complètement ma capacité de créer. On peut écrire de  plusieurs façons : sérieux, absurde, fantastique, tu peux parler de toi, des autres. C'est très thérapeutique. »

De nouveaux arrivants se joignent au groupe d'écriture depuis un an et y développent un sentiment d'appartenance. Manouanne Hamel, présente pour la première fois à l'atelier du 17 juin dernier, a généreusement donné ses impressions : « Chacun a vraiment partagé quelque chose de lui-même à travers le thème proposé. J'ai adoré découvrir un petit coin de chaque personne. J'ai été touchée de l'accueil que j'ai reçu à ma lecture parce que je ne suis pas quelqu'un qui se livre beaucoup, je suis plutôt introvertie. »

À l'atelier « Les mots d'ici », nul besoin de partager son texte si le désir n'y est pas. Une seule idée : un partage, une humanité, une écoute mutuelle, la magie des mots, le plaisir de dire ce qui nous chante, dans un contexte où le jugement n'a pas sa place.

« L'écrit ça arrive comme le vent, c'est nu, c'est de l'encre, c'est l'écrit, comme rien d'autre ne passe dans la vie, rien de plus, sauf elle, la vie. » Marguerite Duras.

 


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