Par Louise A. Legault
Les occupants des
habitations passent aujourd'hui 90 % de leur temps à l'intérieur (ce
pourcentage est encore plus élevé pour les enfants), d'où l'importance de la
qualité de l'air intérieur. Voici un rappel des principaux contaminants pouvant
affecter la qualité de l'air intérieur et de l'importance de la ventilation
pour les éliminer.
La qualité de l'air
intérieur n'a jamais autant pris d'importance que de nos jours. Il n'y a qu'à
penser aux intérieurs d'une autre époque, enfumés, poussiéreux, souvent sombres
et humides. Toutes les conditions réunies - avec le chauffage au charbon - pour
la prolifération des maladies respiratoires.
La science a fait des pas
de géant pour déterminer les sources de pollution de l'air, d'abord extérieur,
puis intérieur. Dans le cas de l'air intérieur, si certaines sources demeurent
externes, la plupart sont internes. Parmi les sources externes, il y a le
radon, un gaz incolore, inodore et insipide, qui provient de la décomposition
de l'uranium ou du thorium. Radioactif, il est aussi cancérigène. Selon Santé
Canada, 3 000 Canadiens meurent chaque année à cause de concentrations élevées
de radon dans leur maison.
Le radon s'immisce le
plus souvent par les fondations; il s'infiltre par les fissures et les tuyaux.
Au moment de la construction, des mesures assez simples permettent d'éviter
l'accumulation de radon. C'est le cas notamment d'un système de
dépressurisation installé au sous-sol et dont tous les détails d'installation
ont été présentés dans l'édition d'avrilmai 2013 de Québec habitation (voir
cette édition archivée à la page Internet suivante : http://pdf.
crealink.ca/doc/lmg-communication-apchq/7234 qhavril-mai2013lmg/2013041601/#0).
Dans une maison
existante, par contre, les correctifs peuvent s'avérer un peu plus onéreux. Des
tests simples offerts en quincaillerie mesurent la concentration de radon à
long terme dans une maison, exprimée en becquerels par mètre cube (Bq/m3 ).
Santé Canada fixe la limite à 200 Bq/m3 . Le Programme national de compétence
sur le radon au Canada (PNCR-C), instauré en 2012, certifie les professionnels
et les laboratoires dans ce domaine.
Par beau temps, la
tentation est forte d'ouvrir toute grande les fenêtres pour laisser entrer
l'air frais extérieur. Mais cet air peut être chargé de particules de pollen et
de poussière, des allergènes qui en feront souffrir plus d'un. Des études ont
d'ailleurs démontré que l'asthme est plus prévalent chez les enfants qui
habitent des maisons situées à proximité des autoroutes et des boulevards
achalandés. Lors de la construction, il faut notamment surveiller l'emplacement
de la prise d'air (éviter les stationnements, par exemple).
La poussière est souvent
un indicateur de l'état de santé d'une maison. Il s'agit d'un amalgame de
particules fines, de champignons, de squames, de pollen, de fibres et de suie.
Lors de tests de qualité de l'air intérieur, les experts prélèvent, entre
autres, des échantillons de poussière. L'entretien des systèmes de chauffage et
de ventilation, tout particulièrement des filtres, permet de contrôler cet
apport de polluants. Le directeur du Réseau en ventilation et qualité de l'air
intérieur des habitations (RVQAIH), L. Hugh Ward, souligne à ce titre un besoin
d'éducation des acheteurs de maisons sur l'utilisation et l'entretien de ces
systèmes.
Poisons intérieurs
Il n'y a pas que les
sources externes qui posent problème en matière de qualité de l'air intérieur.
Dans les maisons avec un garage attenant, les produits entreposés dans le
garage peuvent vicier l'air de la résidence, notamment les carburants et les
solvants, mais aussi les gaz d'échappement des voitures. Le Laboratoire de la
qualité de l'air intérieur (voir notre encadré plus loin) se penche d'ailleurs
sur la question et cherche à trouver des moyens d'éliminer cette source de
pollution à l'aide de barrières physiques ou d'un système d'aspiration vers
l'extérieur.
La présence d'un foyer à
bois dans la maison peut produire des cendres, de la suie et des hydrocarbures
aromatiques, de fines particules qui s'accumulent dans les poumons et peuvent
déclencher des crises d'asthme chez les personnes sensibles. Les systèmes de
chauffage, de leur côté, peuvent émettre du monoxyde de carbone (CO2 ), qui, en
concentration supérieure à 600 mg/litre, peut provoquer des maux de tête, de la
fatigue, des odeurs désagréables et de la chaleur excessive. Un détecteur de
monoxyde de carbone est fortement recommandé, surtout dans les maisons
chauffées au gaz naturel.
Une foule d'autres contaminants
Un autre type de
contaminant a été décelé dans les maisons depuis plusieurs années, il s'agit
des composés organiques volatils (COV). Dans ses recherches, le Conseil
national de recherches du Canada (CNRC) a dressé une liste de quelque 120 COV,
certains cancé- rigènes, d'autres irritants. Des problèmes de santé ont été
associés à des concentrations de 2 mg/m3 . Ici, les finis intérieurs des murs
et des planchers sont mis en cause ainsi que l'ameublement. Au nombre des
principaux coupables, on retrouve le formaldéhyde, un produit cancérigène
utilisé dans le contreplaqué et le panneau de particules; le phtalate, utilisé
pour assouplir les matériaux en polychlorure de vinyle (PCV); les composants
polybromés, utilisés comme retardateurs de flamme dans les isolants, les fils
électriques, les tapis et l'ameublement. Il faut aussi accuser les composés
perfluorés (les traitements antitaches de certains textiles) et les pesticides
utilisés dans les textiles et les tapis. S'ajoutent à ce cocktail les composés
des détergents, des nettoyants, des shampoings et des cosmétiques.
Pour éviter les risques,
la meilleure stratégie demeure la prévention à la source par le choix de
matériaux sains. La Société canadienne d'hypothèques et de logement (SCHL) a
mené de nombreux travaux sur le sujet, et plusieurs sites Web identifient les
matériaux moins dommageables pour la santé humaine.
Sus aux moisissures
L'humidité demeure
cependant le principal facteur de pollution intérieure. L'humidité crée un
milieu propice à la croissance des moisissures. Il faut savoir que les
moisissures relâchent dans l'air des spores et que certaines variétés sont
toxiques. Les moisissures engendrent une réaction du système immunitaire qui
s'apparente à l'allergie. Les enfants exposés aux moisissures souffrent souvent
d'asthme. Il ne suffit pas de nettoyer pour éliminer les moisissures; il faut
d'abord trouver la source d'humidité qui permet leur développement, puis
apporter les correctifs nécessaires (voir les détails de la procédure de
désinfection des moisissures dans l'édition de février-mars 2012 de Québec
habitation).
L'apport de la ventilation
La ventilation est
souvent retenue comme remède pour améliorer la qualité de l'air intérieur. Des
études ont d'ailleurs révélé que les ventilateurs récupérateurs d'énergie (VRE)
ou récupérateurs de chaleur (VRC) réduisent de façon appréciable la
concentration d'un certain nombre de contaminants atmosphériques intérieurs,
comme le dioxyde de carbone, le formaldé- hyde et les spores de moisissures, en
plus de contrer la sécheresse hivernale.
Il ne faut pas croire
pour autant que la ventilation est une panacée. Une ventilation trop puissante
soulève la poussière et fait « recirculer » les particules qui la composent. Le
Réseau en ventilation et qualité de l'air intérieur des habitations se
préoccupe aussi de la qualité de l'air extérieur et tâche de réduire le plus
possible le taux d'échange d'air entre l'intérieur et l'extérieur, en haussant
l'efficacité de la filtration pour nettoyer aussi bien l'air extérieur
introduit que l'air « recirculé » à l'intérieur du logement. « La réduction du
taux de changement d'air a aussi un impact sur le confort et le coût de
chauffage », souligne le directeur du RVQAIH.
En terminant, le Réseau déplore les résultats
iné- gaux des analyses de QAI, notamment les correctifs suggérés qui sont
parfois nettement exagérés. « Il n'existe pas pour le moment de certification
dans ce domaine, note L. Hugh Ward, si ce n'est la certification américaine. »