Fraîchement arrivée de la Nouvelle-Écosse afin de vivre l'expérience d'Artiste en résidence pour les trois prochains mois, Annie Abdalla a pourtant grandi à Coaticook.
Si le nom vous est étrangement familier, c'est que son père, Louis Abdalla, propriétaire-pharmacien, a tenu commerce au centre-ville pendant de nombreuses années. Annie revient à Coaticook comme un fait un pèlerinage, un pèlerinage pour renouer et peut-être même se réconcilier avec le passé.
Explorer l'espace
Détentrice d'une maîtrise en beaux-arts en arts interdisciplinaires de Goddard College et d'une maîtrise en études environnementales de York University, Annie avoue avoir découvert sa vocation artistique à l'âge tardif de 38 ans. C'est d'ailleurs en ‘contemplant' l'environnement dans le cadre de ses études que sa relation entre l'espace et le temps transforme sa façon de percevoir et de voir le monde qui l'entoure.
Ses oeuvres défient les conventions et posent un regard frais et nouveau sur le quotidien. L'objet de tous les jours rendu invisible par accoutumance, tel qu'un oeuf ou une simple paire de souliers, devient soudainement objet de culte, de beauté et d'humour.
Pendant son séjour à Coaticook, Annie entend explorer une nouvelle dimension, celle de la cartographie. On a qu'à se rappeler l'étrange esthétique des premières cartes du monde pour reconnaître que le sujet a de quoi fasciner. Or, si nos cartes sont désormais informatisées, elles se sont aussi multipliées. « Je veux explorer les différents niveaux de cartes », explique Annie. « Par exemple, à l'échelle d'une ville comme Coaticook, on retrouve bien sûr les rues, mais aussi le réseau d'aqueduc, les égouts, le réseau électrique, les cours d'eau et bien d'autres qu'il me reste à découvrir. Je suis ici pour ouvrir mes yeux ». Explorer le temps
« Lorsque j'étais jeune, mon territoire semblait se limiter à l'espace contenu entre Lennoxville, Cookshire et Ayer's Cliff. Au-delà de cette frontière, c'était terra incognita », confesse Annie. « À l'école, je côtoyais des jeunes qui venaient de Saint-Herménégilde, Sainte-Edwidge ou East Hereford, mais il ne me serait jamais venu à l'idée de m'y rendre. Je suis ici pour découvrir ces territoires culturels non explorés, sans les filtres culturel et linguistique de mon enfance ».
Une découverte qu'elle a déjà entreprise en commençant par Coaticook. Ainsi, chaque matin entre 6 h 30 et 8 h, on peut voir Annie et sa petite chienne Miss Maddie arpenter une à une les rues de Coaticook. « Pour découvrir, il faut aller lentement, c'est ce que je fais avec mes pieds », explique Annie en riant. Mais sa quête d'explorer la région de Coaticook est bien plus qu'un projet, quasi une mission. Avis aux intéressés qui voudraient lui servir de guide à travers les monts et vallées de nos routes de campagne.
Explorer la langue
Mais la quête d'Annie va au-delà de l'espace et du temps. Bien qu'elle s'exprime dans un très bon français, elle entend profite de son passage en territoire francophone pour parfaire cette seconde langue. « Ma mère est originaire d'Angleterre et mon père parlait plusieurs langues dont le français, l'anglais et l'arabe. Mais à la maison on parlait en anglais ». Elle tient donc mordicus à ce qu'on lui parle dans la langue de Molière en lui refilant de temps en temps un petit mot qu'elle a oublié ou qui s'ajoutera à son vocabulaire. Elle invite donc les gens à ne pas hésiter à lui piquer une petite conversation lorsque vous la croiserez.
Entre temps, il vous est possible d'explorer à votre tour l'univers de notre nouvelle artiste en résidence en visitant son site Web à : www.annieabdalla.com. Bienvenue à Annie et Miss Maddie et bon séjour parmi nous!
Source : Édith Thibodeau, agente de développement culturel pour la Ville de Coaticook