L'Alzheimer et le TCL (trouble cognitif léger), aussi connu sous l'acronyme MCI (mild cognitive impairment), ont des caractéristiques semblables, mais certains éléments les distinguent l'un de l'autre. Grâce aux recherches des dix dernières années sur la maladie d'Alzheimer, nous sommes en mesure de mieux connaître la trajectoire de la maladie.
Scientifiquement parlant, qu'est-ce que le TCL?
C'est en fait un syndrome se situant entre le vieillissement normal et la maladie cognitive. Grâce aux imageries utilisées en recherche, on sait maintenant que le processus dégénératif des cellules nerveuses commence environ dix ans avant l'apparition des atteintes cognitives et de la perte d'autonomie. « Le TCL n'est pas une maladie, mais bien un syndrome, soit un ensemble de symptômes et de signes pas nécessairement pathologiques, mais susceptibles d'être la phase précoce de la Maladie d'Alzheimer » tiens à préciser le Dr Marcel Germain, chercheur principal chez Diex Recherche et spécialisé en Alzheimer.
Durant les cinq premières années du processus, la personne atteinte demeure asymptomatique. Toutefois, une production de protéines amyloïdes anormales se produit, favorisant ainsi la formation de plaques séniles ou plaques amyloïdes dans le cerveau. Les cinq années qui suivront seront celles où le patient commence à présenter certains symptômes. Les signaux les plus fréquents sont les troubles de mémoire épisodiques et les troubles du langage. Une personne souffrant de TCL conserve son autonomie et peut ainsi continuer à vaquer à ses occupations habituelles.
Qui peut souffrir de TCL? Cette entité touche des patients généralement plus jeunes et plus actifs sur les plans social et intellectuel que ceux souffrant de la maladie d'Alzheimer. Les personnes atteintes peuvent expérimenter des troubles de la mémoire, du langage, du raisonnement et du jugement. On peut observer le développement d'une dépression, d'irritabilité, d'anxiété et d'apathie. Les symptômes restent tout de même légers. Il est possible de découvrir chez ces patients des troubles d'attention de l'adulte (TDA), une difficulté de concentration dans un contexte de stress, de dépression, d'anxiété ou de surmenage, mais aussi lors de l'usage de médicaments.
Les troubles cognitifs légers n'évolueront pas tous de la même manière, et peuvent donc emprunter des trajectoires différentes. En voici différents profils :
Sur une base annuelle, entre 10 et 15 % des TCL avec atteinte de la mémoire évolueront vers la maladie de l'Alzheimer ou une autre maladie cognitive.
Les personnes présentant des troubles cognitifs légers qui affectent seulement l'attention, la concentration ou le langage se verront attribuer un meilleur pronostic.
Le diagnostic de TCL est un processus complexe qui nécessite tout au moins une consultation médicale, des tests d'imagerie cérébrale et une évaluation en neuropsychologie. De plus, le patient sera suivi sur une période minimale de 12 mois afin de s'assurer du processus évolutif.
Et l'entourage, dans tout ça?
Tout comme pour une personne atteinte d'Alzheimer, une personne souffrant de TCL verra des répercussions sur la vie de ses proches. Ceux-ci devront peut-être apporter quelques modifications à leurs tâches habituelles, que ce soit par rapport aux soins de la personne atteinte, à ses finances, etc. Aussi, l'entourage peut vivre le sentiment de perdre l'être aimé. La communication est alors bien importante.
Malheureusement, il n'y a pas encore de méthode pour prédire l'évolution de ce trouble cognitif, mais la détection rapide de celle-ci peut grandement améliorer la situation de la personne TCL. En effet, un diagnostic fait plus tôt donne la possibilité d'accéder à des services d'informations, de soutien et d'éducation. Ainsi, la personne atteinte de même que ses proches auront les ressources nécessaires afin d'apprendre à vivre avec le TCL de manière fonctionnelle dans le quotidien.
L'importance de l'étude clinique.
Heureusement, la recherche médicale sur l'Alzheimer inclura dès cette année les patients atteints de TCL. Les spécialistes espèrent ainsi trouver un médicament capable de changer le cours de la maladie. Ces patients bénéficieront de l'expertise d'évaluation, d'investigation de traitement et d'un suivi réservés à la recherche.