Depuis
30 ans, Édith Cournoyer et Robert Cyr se consacrent à l'alphabétisation.
Plus
d'une soixantaine de participants, anciens et nouveaux étudiants, personnel
enseignant des premières heures à maintenant, et membres du conseil
d'administration se sont réunis pour souligner leur engagement dans la cause de
l'analphabétisme lors d'une fête communautaire.
Depuis ce temps, le couple
fondateur du Centre de services éducatifs populaires (CSEP) du
Haut-Saint-François aide les gens à maîtriser l'écriture, la lecture et les
mathématiques pour leur donner plus de liberté et leur ouvrir des portes sur le
marché de l'emploi. S'y sont ajoutés, au fil des ans, des cours d'initiation à
l'informatique.
Yvan
Truchon et quelques autres ont témoigné de l'impact que ce passage a eu comme
effet sur leur vie. « Enfin, j'ai terminé quelque chose
d'important », racontait ce gaillard qui a obtenu son permis de conduire
des camions grâce à cette formation. « Depuis ces cours, c'est toutes des
réussites, ça m'a ouvert plein de portes », a-t-il commenté. Quand est
venu le temps d'étudier la théorie pour la conduite de véhicules lourds, son
professeur a remarqué sa détermination à réussir. « C'est un bûcheux »,
lui a-t-il dit.
Lucie
Bergeron, ex-étudiante et membre du conseil d'administration, a pu terminer sa
5e secondaire après être passée par le Centre de services éducatifs
populaires. Toutes ses expériences vécues lui ont appris la nécessité de la
constance et de la persévérance, deux valeurs qu'elle a transmises à ses
enfants. « On étudiait ensemble autour de la table », se
rappelait-elle. Pour sa part, cette formation lui a ouvert toutes sortes de
portes et elle en est très fière.
Sabrina
Bolduc en a fait du chemin depuis son passage par le CSEP. À l'embauche du
Centre de santé et de services sociaux, elle racontait qu'elle a terminé son
diplôme d'études professionnelles le 4 juin et le 9, elle commençait à
travailler. Son conjoint, Patrick Lapointe, vient de s'inscrire en alpha pour
ensuite entreprendre des cours en soins infirmiers.
Et Maxime Brochu Gendron a lui aussi réussi. Même s'il a
quelquefois de la difficulté à saisir certaines consignes, il persévère jusqu'à
la fin pour la bien maîtriser. Au volant de son camion, rêve qu'il caressait
depuis longtemps, il travaille dans la cour du centre de tri Valoris.
« Ça
couronne bien 30 ans de travail », a déclaré Mme Cournoyer qui dit ne
pas en avoir terminé avec l'enseignement en alphabétisation. « C'était une
fête communautaire, celle d'une grande famille », a-t-elle rajouté. Et
complétant sa pensée, elle a conclu en lançant tout émue: « C'est grâce à
vous qu'on a eu une belle vie professionnelle. »
M. Cyr,
pour sa part, a rappelé les grandes lignes de l'histoire de cet organisme.
Outre les cours de base, le CSEP a produit le guide Mes finances autrement et un cours alpha
spécifique sur les changements climatiques où étaient intégrées les notions
d'écriture, lecture et arithmétique. Les échanges de services ont tenu une
place importante tout au long des dernières décennies. L'organisme, en
collaboration avec le monde communautaire, a mis sur pied la fête CommunauTerre
et a participé aux Semaines des adultes en formation. À deux reprises, à
Bonaventure et dans les MRC du HSF, des Sources et du Granit, par le biais de
l'Université rurale du Québec, Robert a présenté l'expérience vécue à des
universitaires et des fonctionnaires du Québec.
Le mot de la fin appartient à Georges Massé, DJ pour la
soirée. « Ce soir, ce qui se passe ici me touche profondément, c'est
humain, c'est le coeur que ça touche ».