Dans le
cadre du Mois de la sensibilisation aux allergies alimentaires au Canada, l'Institut
interdisciplinaire d'innovation technologique - 3IT de l'Université de
Sherbrooke lance un projet de recherche afin de développer un nouveau procédé
pour mieux détecter les allergènes.
Ce projet
sera mené par le chercheur Nadi Braidy, professeur au Département de génie
chimique et génie biotechnologique en collaboration avec des équipes de
l'Université de Montréal et de l'Université Laval.
Une méthode « plus fiable, juste et robuste»
L'objectif
principal de ces équipes est de « proposer à l'industrie agroalimentaire
une méthode de détection plus fiable, juste et robuste afin de favoriser un
meilleur étiquetage de précaution des allergènes sur les aliments, et donc
mieux protéger les personnes allergiques.» Présentement,
la méthode de détection des allergènes utilisée dans l'industrie (ELISA) n'est
pas suffisante. Celle-ci ne permettant pas d'identifier plusieurs allergènes
simultanément. « Il est difficile de détecter plus d'un allergène
simultanément, et l'intensité du signal s'estompe avec le nombre d'analyses,
car le fluorophore se dégrade. Il est donc nécessaire de passer le test de
détection pour chaque allergène, ce qui revient très cher pour l'industrie
agroalimentaire. De plus, il est impossible de conserver les échantillons pour
des tests subséquents», explique Nadi Braidy
«Peut contenir des allergènes»
L'étiquette
sur les aliments est aussi un problème, puisque les industries éprouvent de la
difficulté à quantifier les allergènes présents dans leurs installations. Pour
l'instant, ils doivent apposer la mention générique Peut contenir des
allergènes. Ce procédé devient compliqué pour la personne allergique
lorsqu'elle souhaite savoir si elle peut consommer un aliment ou non. « Nous
avons nommé notre méthode R-ELISA. C'est un jumelage d'ELISA, le nom de la
méthode actuellement utilisée, ainsi que de Raman, qui fait référence à la
sonde Raman utilisée dans notre nouveau procédé. Le but est de permettre à
l'industrie de tester à un coût raisonnable les aliments et les lignes de
production à l'aide d'un dispositif efficace et robuste, dont le prototype sera
développé au 3IT et à partir de la recherche et développement menée à
l'Université de Montréal, à l'Université Laval et avec les partenaires »,
ajoute monsieur Braidy
Une grande avancée
L'équipe
de chercheurs explique que la méthode R-ELISA est basée sur une sonde Raman
composée d'une nanocorne de carbone dans laquelle un marqueur est encapsulé et
sur laquelle un anticorps est greffé. Le signal Raman sera plus précis et plus
détaillé que le signal en fluorescence de l'ELISA classique. Il permettra
l'acquisition parallèle des signaux de plus d'un allergène simultanément tout
en protégeant le marqueur de la dégradation.Selon
l'Université de Sherbrooke, si tout fonctionne comme prévu, le procédé novateur
pourrait révolutionner l'industrie agroalimentaire. « L'objectif ultime est que
la technologie soit adoptée à grande échelle et qu'elle permette de faire
évoluer les normes et les pratiques des organismes de régulation et
d'inspection des aliments. Imaginez l'impact chez les personnes allergiques,
qui pourraient maintenant compter sur une information fiable pour faire des
choix dans leur alimentation. »
1,5 M$
Une somme
de 1,5 M$ a été octroyée par le Conseil de recherche en sciences naturelles et en
génie du Canada afin de mener ce projet de recherche. Les partenaires sont l'Agence canadienne d'inspection des aliments, Santé Canada, Allergies Alimentaires Canada et Cœliaque Québec.