Plusieurs choses peuvent rendre fière une personne. Les gens sont fiers de leurs enfants, de leurs parents et, parfois, j'espère, d'eux-mêmes. Moi, ce 24 mars dernier, j'étais fière de ma génération. La sorte de fierté qui donne le goût de crier sur les toits. La sorte de fierté qui éveille les papillons dans ton ventre parce qu'eux aussi sont fiers. La sorte de fierté des parents qui voient leur progéniture anxieuse et timide ramener un ami à la maison. Enfin, vous comprenez le concept, j'étais extrêmement fière.
J'ai toujours adoré ma génération, c'est bien connu. J'admire notre façon de voir les autres, notre ouverture d'esprit, notre naïveté comme un canevas vierge, et nos connaissances uniques acquises grâce aux réseaux sociaux, qui nous étiquettent souvent, pour le meilleur et pour le pire. J'admire aussi notre obsession à ne jamais accepter les injustices, ce qui nous mène au 24 mars dernier.
Je crois malheureusement que je n'apprends rien à personne en annonçant que les fusillades sont un problème récurrent chez nos voisins les patriotes. Des villes comme Détroit et Chicago sont affectées depuis très longtemps par cette problématique, mais les morts sont dispersés alors conséquemment moins visibles, sans être moins graves. Cependant, depuis quelques années, les tueries en milieu scolaire semblent se démarquer particulièrement. La moyenne étant une fusillade dans les écoles chaque 60 heures, il était très honnêtement le temps que ce sujet sorte de l'ombre.
Ce qui m'a touchée, dans toute cette histoire, particulièrement en tant que Gen Z, millénial, peu importe mon appartenance, c'est le désespoir de mes pairs. Le fait que des enfants, je répète, des enfants, soient obligés de sortir militer dans les rues pour obtenir le simple droit de s'éduquer dans la sécurité me laisse sans mots. Il suffit que de suivre quelques Américains de mon âge sur Instagram ou Snapchat pour apprendre que, chaque jour, leurs classes sont interrompues par des pratiques de confinement. Même les agents de police le disent : « c'est le nouveau normal ».
Ces jeunes, comme tous autres, se dévouent pour apprendre, pour grandir et se développer, mais on ne leur transmet que des cauchemars et la technique idéale, quoique non sans faille, pour se cacher sous un bureau.
Pourquoi vivent-ils de cette manière alors que quelques centaines de kilomètres plus loin, je n'aurai jamais peur d'entrer dans une classe ? Grâce à un deuxième amendement obsolescent et tellement inutile qui autorise les Américains à porter une arme « pour leur sécurité ». Cet amendement, part de la constitution des États-Unis depuis 1789, a été écrit à la même époque où les noirs et les femmes étaient encore perçus comme des êtres moindres.
De nos jours, la discrimination raciale et sexiste n'est pas tolérée, alors pourquoi acceptons-nous de voir des humains se promener avec la mort à portée de main. Une question de valeur, j'imagine, mais vous pouvez imaginer ce qui arrivera lorsque toutes les centaines de milliers d'adolescents qui marchaient pour leurs droits fêteront leur 21 ans. C'est en partie pourquoi je suis fière de ma génération, pour leur courage face au changement.
Finalement, si vous utilisez les réseaux sociaux ou si vous êtes tous simplement partisans du bouche à oreille traditionnel, n'hésitez pas à prendre la parole et à propager l'utilisation du #NeverAgain ou encore à encourager vos connaissances à signer la pétition contre l'utilisation libre des armes à feu, disponible sur le site de March for our Lives. Même en tant que Canadiens, nous pouvons faire une différence, aider à sauver au moins une vie.
Rosemarie Lacroix, La parole est aux ados