Je ne me considère pas comme, ayant été, une enfant rebelle... Mes parents vous diraient peut-être le contraire, mais dans ma tête, dans mes souvenirs je considère que mon adolescence s'est divisée en deux phases. La phase « expérimentations 101 » et la phase « je-fais-juste-à-ma-tête-donc-je-défie-l'autorité ». Je ne crois pas que cette période doit porter l'étiquette de « rebelle ». Je crois qu'elle fait simplement partie de la transition entre naïveté et sagesse. Entre apprentissage et leçon.
Pour moi, l'adolescence a été la période des grands questionnements... Comme si nous nous retrouvions face à une immense fresque de « Où est Charlie » avec beaucoup de sosies de nous-mêmes. Mais quel est le véritable « moi »? Comme tout le monde, je me suis cherchée. À ME chercher. Et quand on cherche, on essaie des choses et on fait des erreurs. Tantôt guidée par l'ange de l'épaule gauche, tantôt par le diable de l'épaule droite.
Au secondaire, j'ai rencontré toute sorte de monde qui venait de toute sorte de milieux avec qui j'ai fait toutes sortes d'affaires... Que je ne referais plus aujourd'hui!
Heureusement j'ai eu des amies extraordinaires et une famille à l'écoute et aux aguets. Chaque semaine, ou presque, on parle aux nouvelles de disparitions d'adolescentes.
Lorsque ça arrive, je me revois en train de lire les journaux à l'époque, où étudiante, je me cherchais une job. D'avoir vu une annonce qui recrutait des jeunes filles comme mannequins et le lieu de rendez-vous se trouvait dans un appartement douteux... D'avoir été dans des partys avec du monde que je connaissais à peine. D'avoir traîné dans des parcs tard le soir. D'être embarquée dans des voitures sans savoir si le chauffeur était en état de conduire. Quand j'y pense, j'ai été chanceuse. Inconsciente et chanceuse. Ma vie aurait pu prendre un tout autre tournant.
Mes parents ont fait leur possible pour me mettre en garde contre la montagne de dangers qui me guettaient, au final, c'est moi qui les ai prises les décisions. Par contre, j'aurais aimé que mes parents me racontent leurs vies d'adolescents. Qu'ils me parlent de leurs expériences, de leurs peurs. Peut-être qu'il y a des trucs que j'aurais évité de faire. Ou peut-être pas. Peut-être que ça n'aurait rien changé du tout de savoir.
Je ne sais pas ce que je ferai lorsque mes puces seront rendues là... à l'âge des grands questionnements. Je ne sais pas si je vais oser leur raconter mes histoires. Peut-être je choisirai de me taire et de les laisser expérimenter tout en gardant les deux yeux ouverts comme l'ont fait mes parents. On verra. Rien ne presse elles sont encore petites même si demain est déjà là.