La violence? «Tolérance zéro!» tempête Gabrielle Lavallée, une des ex-épouses de Roch «Moïse» Thériault. S'adressant aux étudiants de la 4e et 5e secondaire de la Cité-école Louis-Saint-Laurent, elle les a mis en garde contre les comportements abusifs et leurs conséquences. Comme elle l'a exposé aux élèves pendus à ses lèvres, elle en connaît un rayon sur le sujet.
Gabrielle Lavallée, rebaptisée Thirtsa par «Moïse» Thériault, en a bavé. La soumission aveugle à un homme dominant, au charisme très fort, l'a plongée dans un calvaire innommable. Elle l'a gravi pas à pas, ce monticule, portant sa croix jusqu'à s'en réchapper, après ce qu'elle décrit comme une mort clinique d'où elle a vu le bourreau lui amputer le bras droit.
En quête d'une spiritualité qui lui apporterait la paix, Mme Lavallée rencontre Roch Thériault lors d'un séjour biblique. «Avoir le sentiment de brûler d'amour», ce fut le premier pas qui l'a propulsé jusqu'à la soumission. Dans son livre «L'alliance de la brebis, rescapée de la secte de Moïse», elle narre sa première rencontre: «Nous nous serrons longuement la main. Une formidable énergie irradie la sienne. Sur le coup, c'est comme si je venais de me brûler... »
Le piège qui a incarcérée sa main l'a happée tout entière. Les sévices et les tortures appliqués sur elle et sur les autres membres de la secte existaient pour mater les disciples et les enfants. La brutalité augmentait jusqu'à en modeler des êtres, qui ayant perdu leur humanité, étaient devenus des esclaves craintifs.
Ils étaient confrontés à son génie qui, en gros, consistait à les violenter et à s'en excuser par la suite. «Se livrer corps et âme à son génie et le voir, après la torture, si désolé... Et nous, victimes de la manipulation qu'il a exercée, l'en aimions que davantage. Aujourd'hui, elle constate que c'était "un mou qui avait de nous un tel mépris».
«C'est ce que j'ai réalisé quand je me suis débarrassé de la peur», lorsque, hors de son corps, elle l'a vu lui sectionner le bras avec un mauvais couteau. Elle n'a pas crié ni pleuré. Elle vivait en présence de Dieu, décrivait-elle. «C'était miraculeux».
Elle aurait dû en mourir. Et 19 jours plus tard, un 14 août, jour de la mort de son garçon décédé de l'apnée du sommeil, elle s'est échappée. «À bout de ressources, je l'ai imploré pour qu'il m'aide à fuir», se rappelle-t-elle les yeux luisants de larmes contenues.
Tolérance zéro sur la violence!», lance-t-elle aux étudiants atterrés par un tel récit. «L'amour contient une valeur nommée Respect», qu'elle ajoute. «Vous pensez pouvoir changer le comportement agresseur de votre chum? Mais non, ce n'est pas possible. Combattez le leurre du violent, visez la réalité; si un gars ne respecte pas sa mère, il ne te respectera pas». Tel pourrait se résumer le message de cette femme magnanime.
Elle a pardonné! Elle s'est d'abord pardonné. Elle a pardonné à Roch Thériault et elle a pardonné à Dieu le Golgotha qu'elle a dû endurer. «Le pardon coupe le cordon ombilical qui le relie à l'autre, il faut passer à travers soi pour s'en libérer», confie-t-elle.
En réponse aux questions des étudiants, elle s'est dite contre toutes formes de violence, du taxage à l'intimidation. «La souffrance infligée, explique-t-elle, masque l'intellectuel». Elle s'oppose à l'euthanasie. Et elle se désolidarise de la peine de mort «parce que tous ont droit à une seconde chance. Il faut avoir mal en dedans de soi pour faire mal aux autres». Aujourd'hui, elle est soulagée du décès de Roch Thériault. Elle ne regrette rien parce qu'elle a appris à se connaître pour se «re-connaître».
Et en conclusion, elle a livré ce vibrant message d'espoir: «Croyez-en vous, aimez-vous, faites-vous confiance, sinon, vous allez contre nature». Comme la vie n'est pas parfaite, elle a suggéré à tous d'utiliser l'écriture pour drainer le découragement, la tristesse et toute cette morosité que génère le fait de subir.
Joannie Couture et Meagan Reid, deux étudiantes de 5e secondaire, ont trouvé intense et bouleversante la conférence de Mme Lavallée. Elles ont été impressionnées des conséquences du «simple bitchage» qui se vit dans les écoles. Toutes deux ont remarqué la force du discours religieux cousu en filigrane.
Photo:
Gabrielle Lavallée exhorte les étudiants à honnir la violence.