Lorsque j'ai suivi ma formation professionnelle de yoga il y a de cela 18 ans, les enseignements portaient sur deux grands volets du yoga : la pratique des postures, la respiration et la méditation, ce qui s'appelait « yoga sur le tapis », puis l'autre volet qui concernait le « yoga hors du tapis », ou comment vivre à chaque instant ce que nous apprenions dans nos pratiques « sur le tapis ».
J'aime ce double aspect du yoga qui recherche l'harmonie et l'unité dans toutes les sphères de la vie. Je trouve aussi qu'il devient de plus en plus important de reconsidérer nos façons de vivre et de retrouver un rythme plus humain et un plus grand respect de notre corps et de notre environnement.
Une des pratiques de yoga « hors du tapis » concerne notre alimentation : de plus en plus d'études démontrent l'importance pour notre santé et notre vitalité, de ce que nous mangeons. Tout doucement, les mentalités changent et c'est tant mieux. Mais en plus de ce que nous mangeons, le yoga de la nutrition se préoccupe de la façon dont nous mangeons et j'aimerais vous partager ma première expérience consciente de « manger en yoga ».
Ma formation professionnelle se donnait dans un immense monastère et nous avions le choix de prendre nos repas dans une salle remplie du bruit des conversations toutes plus intéressantes les unes que les autres, ou de nous retirer dans une petite salle pour manger en silence en compagnie d'autres personnes désirant partager ce silence.
Pour la pratique du repas silencieux, nos professeurs nous avaient donné des instructions précises. Nous devions en fait pratiquer la pleine conscience en mangeant, mais ce terme n'était pas encore utilisé à grande échelle. On nous invitait donc à vivre pleinement le moment présent (autre terme pas encore à la mode à cette époque).
L'exercice comme tel (que je vous encourage à essayer) consistait à prendre un bol de riz brun sans rien d'autre (il fallait donc avoir le courage de refuser le reste du repas qui était toujours succulent).
Puis s'assoir devant le bol de riz et commencer par juste relaxer et respirer consciemment. Ensuite, penser à tous les gens impliqués dans le processus pour amener ce bol de riz devant nous : ceux qui travaillent dans les rizières, qui récoltent le riz, puis ceux qui en font l'emballage, qui le vend, ceux qui ont fabriqué le bol, ceux qui ont fait cuire le riz, etc. Et de remercier silencieusement tous ces gens qui ont travaillé pour qu'on puisse manger ce bol de riz.
Ensuite, il fallait prendre une bouchée de riz et le mâcher longuement, en goûtant pleinement toutes les saveurs tout en continuant de garder le corps détendu et une respiration consciente. Et d'observer les pensées de toutes sortes, particulièrement celles qui nous disaient que cet exercice était très ennuyant et ne servait à rien. Mais en persévérant : mâcher longuement, respirer, relaxer, goûter pleinement, il s'est passé quelque chose de totalement inattendu dont je me souviens comme si c'était hier : j'ai découvert que le riz ainsi mâché et mangé en pleine conscience nous dévoilait un monde de saveurs dont je n'avais aucune idée avant! Le riz brun, aliment réputé pour être fade, nous livrait ses secrets lorsqu'on prenait le temps de le déguster. Ce fut une importante leçon qui peut s'appliquer à bien d'autres domaines de la vie. C'est aussi une belle façon de méditer pour les gens qui ne trouvent pas de temps dans leur vie. De plus, la digestion est optimisée et tout le corps s'en porte mieux.
Je vous recommande chaudement cet exercice de manger en pleine conscience et je vous invite à me partager votre expérience.
Bon appétit!