Aux yeux du maire de Lac-Mégantic, Jean-Guy Cloutier, il est hors de question de porter un projet qui laisserait la voie ferrée traverser le centre-ville de Lac-Mégantic. La phase 1 de l'étude de faisabilité de la voie de contournement a été présentée aux citoyens à l'occasion de deux séances d'information, mardi et mercredi.
La firme AECOM avait été mandatée l'an dernier pour réaliser cette étude. Selon ce que rapporte La Tribune, l'option privilégiée par les citoyens, et non-négociable pour M. Cloutier, est une voie qui contournerait la municipalité par le nord, du carrefour giratoire à Nantes, qui longerait la route 161 et qui aboutirait à Frontenac, dans un secteur propice à une éventuelle gare de triage.
« Il s'agit d'une première étape et nous voulions en présenter les résultats aux citoyens, dans un soucis de transparence. En tout, ce sont trois voies qui ont été présentées, de même qu'une option qui implique des murs d'une dizaine de pieds de haut de part et d'autres de la voie ferrée au centre-ville », affirme Jean-Cloutier.
L'option privilégiée, la voie 1, pourrait se réaliser à un coût oscillant entre 110 et 115 millions de dollars. Une étude d'avant-projet définitif pourrait être déposée en 2018, les plans et devis en 2019-2020 et la fin des travaux de construction pourrait arriver en 2022.
L'option impliquant les murs ne servirait qu'à comparer les coûts entre les autres, selon le maire.
« Jamais nous n'accepterons un statut quo qui impliquerait que le train continue de passer au centre-ville. On comprend qu'il s'agit d'un comparatif, mais nous sommes prêts à nous battre pour que ça ne reste qu'un comparatif! »
La Ville de Lac-Mégantic a-t-elle carte blanche, donc? « Oui. C'est la Ville qui prendra une décision quant au projet à mener à terme , affirme Jean-Guy Cloutier. La présentation qui a été faite hier [nldr : mardi] peut être modifiée et les gens ont été invités à donner leurs commentaires. Nous prendrons le temps de lire tous les messages et toutes les recommandations. »
Si M. Cloutier est satisfait de ce qu'il a vu, ses concitoyens semblent partager son avis.
« J'ai parlé avec tous ceux qui le voulaient et les gens sont satisfaits de ce qui a été présenté », souligne-t-il.
Déception chez certains
La Tribune rapportait également mercredi matin que des membres de la Coalition des citoyens et organismes engagés pour la sécurité ferroviaire et du Comité de vigilance pour la sécurité ferroviaire de Lac-Mégantic se disent très déçus des délais qui s'appliqueront dans la réalisation de la voie de contournement.
Selon ce qui a été présenté par la firme AECOM, la fin des travaux est prévue pour 2022. De leur côté, on estime que l'option du statut quo et que les délais sont une « farce monumentale », qu' « on veut faire avaler une couleuvre aux Méganticois ».
« Lorsqu'ils disent qu'on étire le problème sur six ans, ils ne connaissent pas le dossier dans son entièreté. Ils ne se sont jamais assis pour étudier le projet avec nous, répond Jean-Guy Cloutier. Il y a des règlements provinciaux qui balisent la réalisation de projets comme celui-là. Les évaluations environnementales, l'étude du BAPE [ndlr : Bureau d'audiences publiques sur l'environnement] peut prendre jusqu'à un an. On ne peut pas passer par-dessus la règlementation parce qu'on s'appelle Lac-Mégantic. »
Et sur le délai de six ans? « On tentera de gagner le plus de temps possible. On ne peut pas affirmer qu'on gagnera des mois, mais on tentera assurément de le faire », assure-t-il.
De Lac-Mégantic à Fort McMurray
Croyez-vous que l'intervention à la suite de la tragédie du 6 juillet 2013 pourrait servir d'exemple ailleurs au Canada?
« Assurément. Des gens m'ont déjà appelé pour se faire expliquer comment les opérations avaient été orchestrées et déployées au lendemain du déraillement. Chose certainement, dépendamment du niveau de déploiement des ressources fédérales en Alberta, on pourrait demander à ce que les fonds fédéraux soient plus importants dans la réalisation de la voie de contournement », conclu Jean-Guy Cloutier.