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L’agriculture urbaine et périurbaine avec Vincent Proulx


Guérir un peu plus loin...
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Geneviève Kiliko Par Geneviève Kiliko
Mercredi le 24 août 2016

Jeune entrepreneur sherbrookois, Vincent Proulx souhaite amener un vrai changement écologique au sein de sa communauté. Après un bref passage sur les bancs universitaires en sciences politiques, il a remis «ses pendules à l'heure» en écourtant son séjour académique pour entrer plus rapidement dans le feu de l'action. Depuis environ un an, il a fondé son entreprise nommée Les Sherbiculteurs dans la perspective de rapprocher les gens du système agroalimentaire et de diminuer la production de masse, qui cause énormément de pollution. Il cultive actuellement sur 3 terrains de la région : Sherbrooke, St-Élie d'Orford et Rock Forest. Il aimerait éventuellement trouver des propriétaires en ville et en banlieue qui offriraient leurs espaces verts en échange de services (exemple : panier de légumes biologiques chaque semaine pendant la saison). Il fait déjà du commerce avec les restaurants l'Auguste, Le Chevreuil, L'Empreinte, le Café du Globe, le Café Singing Goat, le Café Aragon ainsi qu'avec des traiteurs de la région. Il espère, dans un futur proche, amener les gens à miser sur la qualité des aliments, favorisant ainsi leur propre santé et la « santé » de l'économie locale.

Son passage en politique...

Ancien candidat pour un parti politique au provincial dans la circonscription de Richmond, Vincent voulait changer les choses de façon efficace dans le système agroalimentaire. Il a été déçu de constater que les changements qu'il pouvait opérer en politique à ce sujet ne correspondait pas à ses attentes actuelles. Il a donc opté pour un certificat en politiques et il a obtenu, par la suite, un DEP en horticulture. Son travail avec les Jardiniers itinérants de Lennoxville lui a beaucoup appris grâce à l'amour et la passion que ces derniers portent à la terre. «Je voulais faire avancer la cause de l'environnement parce que pour moi, l'enjeu actuel, c'est l'environnement», mentionne-t-il.

Ses muses : Le jardinier-maraîcher de Jean-Martin Fortier et The Urban Farmer de Curtis Stone

L'idée de faire de l'agriculture urbaine et périurbaine a germé en lui suite à la lecture des livres de Jean-Martin Fortier et de Curtis Stone. «Le premier changement qu'on puisse faire est d'essayer de changer le système agroalimentaire, car c'est la base de l'économie», affirme-t-il. Dans son livre, Jean-Martin Fortier décrit les techniques d'agriculture périurbaine, ce qui a permis à Vincent de s'en inspirer.

The Urban Farmer de Curtis Stone a aussi joué un rôle-clé dans la démarche de Vincent. Cet homme, qui a demandé une dérogation mineure à la ville de Kelowna (Colombie-Britannique) pour transformer un terrain résidentiel en jardin productif, a touché un grand nombre de personnes par ses actions écologiques urbaines. Sa ferme, Green City Acres, est reconnue à l'international comme étant un exemple qui démontre que l'agriculture urbaine peut être profitable et rentable. Elle génère des revenus annuels importants et contribue à l'essor d'un type d'agriculture qui est plus respectueuse de l'environnement.

De plus, la proximité du système agroalimentaire et des citadins permet de faciliter l'éducation populaire. «En étant en ville ou près de la ville, les gens sont plus conscients de ce qu'ils consomment. Je peux discuter avec eux et faire de l'éducation en lien avec le processus agricole», dit-il.

Ses jardins en Estrie

Vincent n'utilise aucun engrais chimiques dans ses jardins. Tous les engrais utilisés sont certifiés biologiques. «Je mets du compost, du fumier de poule et ça pousse très bien! À l'avenir, j'aimerais avoir des personnes qui puissent se joindre à moi, car l'un de mes objectifs en tant qu'entreprise serait de pouvoir avoir des partenaires à long terme.»

Vincent reçoit présentement la précieuse collaboration de bénévoles, qui offrent de leur temps pour entretenir les jardins installés depuis peu.

Il tient un kiosque fermé chaque semaine aux Amis de la Terre, où il y vend ses produits pour toute la saison, c'est-à-dire du mois de mai jusqu'à la fin du mois d'octobre.

Toujours à la recherche de collaboration...

Vincent se bâtit tranquillement un réseau dans la région de l'Estrie, car son désir de collaborer avec des personnes qui font des projets similaires demeure toujours présent. Il a travaillé pendant quelques mois avec les Jardiniers itinérants de Lennoxville, qui s'intéressent particulièrement aux semences ancestrales, ce qui lui a permis d'apprendre et de mettre en pratique des choses utiles pour son entreprise. «J'ai beaucoup appris en les côtoyant et même si nos objectifs sont différents (autosuffisance/vs rentabilité); l'objectif principal reste le même : remplacer la production de masse par la production locale. Ça m'a donné une vision, une vision de ce que ça pourrait être...»

La Quinzaine du développement durable de l'Université de Sherbrooke serait aussi un réseau intéressant pour améliorer son entreprise au fil des prochaines années.

Les légumes biologiques sont plus chers, mais pourquoi?

«Les légumes biologiques coûtent plus cher parce qu'on paie le "vrai" coût environnemental, c'est-à-dire les externalités. Les externalités sont des coûts non mesurables. Le coût sur l'environnement n'est pas mesurable et pourtant, il a des conséquences importantes sur la santé des gens et sur la santé de notre environnement», affirme-t-il.

Adhérer à l'achat local est donc une solution respectueuse pour l'environnement. «Il faudrait revenir à un système qui produit de la qualité, et non de la quantité», reprend-il.

Agriculteur : un métier coloré de sens!

Vincent a choisi cette vocation pour aider à diminuer notre empreinte écologique et pour apprendre à produire de façon responsable. «Le fait de produire en ville réduit au minimum le transport des aliments (entre 5 à 10 km).»

Même si Vincent n'a eu droit à aucune subvention, il est tout de même allé de l'avant et a lancé sa petite entreprise agricole cette année. «Cette première année est une grande année d'apprentissage : faire soi-même son calendrier de production, choisir ses variétés, semer, c'est beaucoup de travail, mais c'est en démarrant que tu assimiles le plus ce métier.»

Pour en savoir davantage sur le projet de Vincent Proulx, vous pouvez consulter sa page Facebook ou son site Internet :


Un jardin, même tout petit, c'est la porte du paradis.
Christian Bobin


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