Le territoire turc est à 90 % asiatique et 10 % européen, ce qui place ce pays dans une éternelle dualité au niveau de son histoire, de sa géographie et de sa culture.
En ce sens que si l'on visite l'Ouest du pays, on se sent plus en Occident avec des bistros, promenades de bord de mer, des femmes non voilées vêtues de jupes et de camisoles; tandis que plus on se dirige vers la capitale, Ankara, et vers l'Est, plus on entre dans le monde arabo-musulman conservateur, où les traditions sont à l'honneur et la majorité des femmes portent le voile. La Turquie a une histoire plurimillénaire qui remonte au temps des pharaons égyptiens et des Ziggourats mésopotamiennes : on les appelait Hittites à cette époque. Donc, bien entendu les amateurs d'histoire et d'archéologie seront servis.
J'y suis allé il y a quelques années avec mon ami Yannick, aux mois de mai et de juin. Nous avons parcouru une bonne partie du pays, sauf l'extrême Est, et avons visité des dizaines de sites mémorables, mais je ne vous entretiendrai que sur ceux qui m'ont principalement marqué.
Tout d'abord, Istanbul, la métropole du pays et lieu de rencontre des civilisations par excellence. La Corne d'Or porte bien son nom puisque de nombreux bâtiments font état d'une richesse architecturale et ornementale remarquable.
Dans son centre historique, on retrouve le palais de Topkapi avec ces couloirs labyrinthiques et ses harems qui accueillaient des centaines de femmes : ça vaut la visite! Encore plus spéciale
, Hagia Sofia : La basilique Sainte-Sophie fut construite dans les années 500 durant l'Empire romain d'Orient, et lorsque les Turcs seldjoukides prirent possession de la région, ils la transformèrent en mosquée.
L'édifice actuel, qui se veut plus un musée, est un mélange architectural qui n'existe qu'à Istanbul... L'immense dôme résiste aux séismes très fréquents de cette zone! À travers la ville, il y a des mosquées super impressionnantes, dont la Mosquée Bleue et celle de Suleyman que l'on peut visiter en enfilant paréos et foulards fournis à l'entrée.
Une merveille d'Istanbul est sans aucun doute le souk : l'un des plus grands du monde, si ce n'est pas le plus grand d'ailleurs. Je me suis promené quelques fois dans ce bazar recouvert, à la recherche de souvenir originaux comme des statuettes sculptées dans de l'écume de mer, des tapis de soies, des narguilés, des cimeterres, des épices rares et bien d'autres articles étonnants. Il faut être solide pour bien négocier les prix et savoir prendre le temps de s'asseoir avec les marchands qui nous offrent le thé... Ça n'engage à rien!
Par la suite je suis allé en Anatolie, dans les Cappadoce, et ce fut un véritable coup de cœur! La région est recouverte de monticules rocheux dans lesquels les chrétiens du premier siècle, persécutés, se sont construit des refuges souterrains... puis des maisons troglodytes, des chapelles encore bien colorées, et même des villages verticaux de plus de 18 étages de profond qui sont reliés entre eux par des tunnels!
Nous prenions des autobus, des taxis et nous faisions du pouce pour nous rendre dans les villages de la région, qui portent des noms dont je me rappellerai longtemps : Nevsehir, Göre, Derinkuyu, Göreme, Ürgüp, etc. J'étais subjugué, nous pouvions entre presque partout... dans tous les « trous » de ce gruyère géologique. J'ai été bien impressionné de voir le système de ventilation antique qui permettait à tous étages souterrains d'avoir de l'air frais sans pour autant être inondées en cas de pluie intense. Je veux y retourner, c'est sûr! Dans la Vallée d'Ihlara nous nous sentions comme dans un paradis perdu. C'est près de la Cappadoce que se situe aussi le fameux village du néolithique de Catal Huyuk : on y est allé à pied! Plus de 30 kilomètres de marche au soleil de plomb pour sauver un peu d'argent, c'est ce qu'on fait quand on a une tête dure comme Yannick et moi... une chance que des archéologues nous ont offert un transport pour le retour.
Après tant de roches et de poussière, vivement Sidé, une ville balnéaire antique dotée d'une belle plage, fréquentée majoritairement par des Allemands. Baignade et gastronomie du « backpacker » : des döners à 1 $ou 2 $, sorte de Kebabs turcs bien nourrissants. Avant d'aller visiter les villes historiques de la Grèce antique comme Éphèse, Milet et Pergame sur la côte ionienne, nous nous sommes arrêtés à Pamukkale : signifiant château de coton en turc, ces formations spectaculaires partent de la ville mythique de Hiérapolis, juchée au-dessus d'un plateau d'où coule une eau chargée de minéraux calcareux. Surplombant une belle plaine, plusieurs bassins blancs naturels retiennent une eau turquoise propre à la baignade. C'est aussi là que se trouve le martyrium de l'apôtre Saint-Philippe...
La Turquie regorge de sites qui sortent de l'ordinaire et est un pays relativement sécuritaire, il suffit de faire preuve de jugement et de se souvenir que même s'il s'agit d'un pays laïc depuis près de 100 ans, il n'en demeure pas moins que la culture musulmane y est majoritaire. Il faut donc être respectueux au niveau de l'agissement et de l'habillement et se conformer aux règles qui régissent leur mode de vie si on veut éviter certaines expériences plus ou moins désagréables. Ça ne veut pas dire de porter le voile, mais plutôt de s'habiller modestement et d'éviter les mini-jupes... Finalement, je n'ai pas traité des cités grecques de Turquie, mais je le ferai davantage lorsqu'ensemble, nous irons faire un tour en Grèce dans quelques semaines. D'ici là, bon voyage!