Le 23 juillet dernier, nous prenions connaissance dans La Tribune que Mario Morand, jusqu'à tout récemment directeur général des CLSC des Sources et du Haut-Saint-François, avait reçu le prix Raymond-Carignan « pour ses qualités exceptionnelles de bâtisseur » y souligne-t-on.
Étant donné qu'ici nous ne sommes pas dans le domaine de la construction, mais dans celui de la santé, nous, du Comité de citoyens pour la survie du CLSC et du CHSLD de Weedon, n'avons pas la même notion de « bâtisseur » que les gens de l'Association des directeurs généraux des services de la santé et des services sociaux du Québec ayant décerné ce prix à M. Morand.
« Courageux, il n'hésite pas à relever des défis, qu'il mène à terme avec brio et toujours en étant centré sur le bien-être de la clientèle pour qui il est au service », y lit-on, encore.
Mais ici, à Weedon, c'est tout le contraire qui s'est produit avec M. Mario Morand: afin de prouver qu'il y avait un surplus de lits vacants au CHSLD, il a changé les critères d'admission, les rendant encore plus sévères que ceux demandés pour aller tout droit au cimetière. Aussi, suite à des plaintes venues des familles de patients(es) refusés(es) au CHSLD de Weedon, la Protectrice du citoyen a même écrit que l'organisme dirigé à l'époque par Mario Morand « ne s'est pas acquitté de sa responsabilité d'assurer une place correspondant aux besoins particuliers » de ces patients(es). Certaines personnes malades auraient donc été en droit d'avoir leur place au CHSLD. « L'on n'aurait pas fait subir ça à des chiens », dit-on encore dans le milieu. La Protectrice du citoyen va même jusqu'à recommander « que le CIUSSS revoie son processus d'admission à l'hébergement permanent ».
Pour ce qui est du personnel oeuvrant au CSSS du Haut-Saint-François, plusieurs ont pris des retraites anticipées ou ont quitté leur emploi, avant même la loi 10. Sans parler du nombre élevé de congés de maladie pendant le règne du directeur.
Puisant dans nos valeurs reçues en héritage, pour nous, un bâtisseur, c'est celui qui, avec franchise, trouve des moyens de construire dans le respect des gens dont il est le responsable; c'est celui qui donne des services sans travailler à mettre tout le budget dans le ciment; c'est celui qui aura le courage, entre autres, de rebâtir un service de médecine ouvert 7 jours semaine en région éloignée, comme c'était le cas, il n'y a pas si longtemps.
En donnant ce prix à Mario Morand, il nous semble que même si l'on parle de changement de tous bords, tous côtés, cela démontre que notre système de santé se déshumanise, pour ne pas dire qu'il est toujours malade !
Jean-Pierre Patry, Claude-Gilles Gagné, Lucienne Gravel, Jacinthe Audet-Bolduc, Jean-Denis Roy, Denis Rondeau et Renée Paquette du Comité de citoyens pour la survie du CLSC et du CHSLD de Weedon