Aujourd'hui, je vous invite à vous découvrir davantage. Répondez à chacune des questions dans ce texte. Qui sait, peut-être que cette petite piste de réflexion aura plus de valeur que vous ne le pensiez...
« Que feras-tu quand tu seras grand ? »
« Comment vas-tu ? »
« Es-tu fier de toi ? »
« Es-tu prêt ? »
Nous devons toujours savoir ce que nous faisons. Le oui est complètement immanquable ! Inconsciemment, la pression de porter un sentiment d'efficacité personnelle élevé peut causer un vertige intérieur encore plus grand que l'immensité elle-même. Depuis quand être heureux symbolise la perfection ? L'être humain a ses failles, comme toute chose à la base de ce monde.
En faisant de nous des êtres plus que parfaits, la durabilité de notre imparfait nous suit du passé au présent pour finalement nous relâcher dans un futur assez simple qui ne demande qu'à ce que nous effacions tout ce qui ressemble au subjonctif. La seule éventualité permise est celle de la réussite.
En fait, cette idéalisation de la réalité va beaucoup plus loin que la sphère sociale, elle s'élargit tellement qu'elle atteint graduellement notre inconscient qui lui aussi commence à nous marteler avec la poétisation de la tangibilité. Nous cherchons tous la perfection, du moins, plusieurs d'entre nous y aspirent. C'est un couteau à double tranchant, car d'un côté nous revendiquons à la société le droit de vivre librement, mais de l'autre, nous sommes ses soldats forgeant l'opinion publique axée sur le succès. Par réussite, on sous-entend trop souvent : bonheur, accomplissements financiers et accomplissements matériels.
Combien de fois avez-vous demandez à quelqu'un s'il allait bien seulement par convention? Si la personne avait répondu je ne sais pas, auriez-vous été prêts à porter ce désespoir et à l'écouter? Voici la meilleure preuve démontrant que le oui est implacable. Je vous l'ai dit, tout le monde va toujours très bien. Non?
Et si je vous disais que le bonheur ne concordait pas nécessairement avec la réussite proprement idéalisée par la société, me croiriez-vous ? Si je vous disais que plusieurs PDG de compagnies n'étaient point heureux malgré leur fortune, que plusieurs universitaires étaient insatisfaits de leur vie conjointement accompagnée de leurs études supérieures, que plusieurs célébrités faisaient des dépressions majeures, me croiriez-vous ?
Est-ce que l'ambigüité, la peur, le malheur, l'insatisfaction dressent réellement un mur entre la possibilité de s'épanouir et l'individu lui-même ? Non, je ne crois pas. Est-ce mal de se questionner et d'avoir de la difficulté à suivre un chemin de vie éclairé ? Non, je ne crois pas.
Et si pour une fois, je répondais « je ne sais pas », ferais-je de moi une personne honteuse? À vous de répondre. Mais sachez que nous vivons tous des difficultés d'une souffrance incommensurable. Croyez-moi quand je vous dis qu'il est déstabilisant de toujours devoir être à la hauteur, ce l'est pour chacun d'entre nous. Alors pour une fois, permettez-vous d'extérioriser ce que vous ressentez vraiment. Que vous soyez heureux ou pas, que vous soyez accomplis ou pas, que vous nagiez dans l'argent ou pas, vous avez le droit de répondre « je ne sais pas ».
« Que feras-tu quand tu seras grand ? »
« Comment vas-tu ? »
« Es-tu fier de toi ? »
« Es-tu prêt ? »
Et si votre homologue répondait « je ne sais pas », que feriez-vous ?
Sarah-Eve Desruisseaux