Aller au restaurant, quand on a des enfants, se résume à visiter une cousine éloignée aux années bissextiles. C'est-à-dire pas très très souvent. Pourquoi? Laissez-moi vous raconter.
Un beau matin, comme ça, une bulle me passe au cerveau et je me dis « on va aller déjeuner au restaurant ». Ça fait longtemps et j'ai le goût de sortir. J'ai déjà voulu aller au resto le soir, pour souper, mais j'ai vite changé d'idée. De un, c'est plus achalandé ou plus tranquille tout dépendant de la clientèle, les filles sont plus chigneuses, et sur la porte de ma patience on peut y lire « fermée pour la soirée, revenez-nous demain ». Le resto, le soir, pour l'instant est à proscrire de mon agenda. Mais y aller le matin m'enchante! Alors Go! On se prépare et on part!
Arrivée à destination; débarquement des filles, et comme à chaque fois qu'elles sortent de la voiture la liberté les excite! Je les rattrape juste à temps par le capuchon du manteau. C'est une belle invention le capuchon, je suis certaine que ça été inventé pour les parents. Comme si ça ajoutait une longueur au bras. Très pratique! Ayant maintenant toute leur attention, je leur explique qu'il ne faut pas courir dans un stationnement, car les autos risquent de faire « boum bébé » et on entre finalement à l'intérieur. Misère, je ne suis pas la seule qui avait envie de sortir! On doit attendre. Quinze minutes. Je tente de divertir Mignonne et Charmante du mieux que je peux en me servant de mon environnement pauvre en divertissement 0-5 ans et de mon imagination. Au moment même où je songeais laisser les filles dessiner sur la tapisserie, notre table est prête.
Et c'est un rituel quand on est parent. Nous avons tous les mêmes réflexes, faisons les mêmes gestes avant de nous asseoir. Enlève le sucre et le lait. Dépose sur la table voisine le sel et le poivre. Ramasse les couteaux et les fourchettes. Tourne les napperons de bords et sort les crayons. Lorsque la commande arrive Charmante échappe sa cuillère. En redemande une autre, avec le sourire, à la serveuse. Au bout de la troisième bouchée, elle l'échappe à nouveau. Je lui donne la mienne. Pendant que Mignonne déguste en silence sa crêpe choco-banane, la cuillère de Charmante se sauve une nouvelle fois. Découragée, elle se lève et vient s'asseoir sur mes genoux.
À court d'ustensiles à bout rond, je lui prête ma fourchette. Je n'ai pas encore terminé mon assiette et exige le partage. Pas très équitable avec une Mademoiselle « Terrible Two » qui me répète à chaque bouchée « Non à moi »! C'est à ce moment-là que, devinez quoi? Nooon, elle ne l'échappe pas. Elle éternue sur mon omelette. Deux fois. C'est après qu'elle l'échappe!!! À court d'outils, mon déjeuner sous une montagne de microbes j'en ai assez. Je décide de rentrer à la maison. Un bon bol de céréales m'attend. Tant qu'à manger froid. Et avec MA cuillère!