Mes années d'étude se sont déroulées à l'époque des dactylos. Nos travaux devaient être écrits à la main d'abord et une fois le texte final complété et corrigé, il était dactylographié. Dans les premiers temps des dactylos, il fallait faire le moins de fautes possible, car il n'y avait pas de correcteur automatique. De même, nos paragraphes ne pouvaient être déplacés une fois écrits. Et le pire scénario possible était la perte du document, car alors, il fallait le réécrire intégralement.
Un peu plus tard est arrivée la dactylo électrique, plus rapide et avec une fonction qui nous permettait d'effacer les fautes directement. Quelle joie!
Mais nous n'avions rien vu : quand les premiers ordinateurs sont apparus, nous pouvions tout faire, sauvegarder, effacer, changer des paragraphes de place, ce qui nous évitait d'avoir à tout écrire à la main.
Nous avions quand même besoin des notes provenant de nos recherches dans les livres, mais combien plus faciles et rapides les ordinateurs rendaient les travaux!
Encore un peu plus tard, progrès oblige, est apparu internet. Alors là, cela changeait tout, car les recherches pouvaient être faites sur l'ordinateur, les textes copiés directement et ainsi nous épargner encore plus de temps.
Même chose avec l'invention des aspirateurs, laveuses-sécheuses, lave-vaisselle, chauffe-eau, scies électriques, etc. toutes ces merveilles accomplissent nos tâches en tellement moins de temps et ainsi nous permettent de relaxer ensuite.
Car n'était-ce pas une des promesses de tout ce progrès : nous faciliter la vie et nous libérer plus de temps. Logiquement, nous devrions donc comme société être très relax et avoir beaucoup de temps à nous...
Que s'est-il donc passé? Tout le monde est stressé, même les enfants qui pourtant devraient avoir le droit d'être juste des enfants et personne n'a le sentiment d'avoir une seconde à soi. Tout le monde est constamment pressé et le temps file à toute vitesse en nous donnant le sentiment que notre vie nous échappe.
Auparavant, il fallait prendre le temps et utiliser notre corps pour accomplir la majorité de nos tâches. Nous devions donc travailler dans le respect et avec le rythme de notre corps. Le travail était donc déterminé par l'énergie disponible dans le corps. Et parce que chaque tâche demandait un certain temps, il était facile de se concentrer sur une chose à la fois.
Avant le progrès, le corps était engagé du matin au soir, il bougeait avec nos diverses tâches. Les enfants jouaient dehors et se dépensaient au point de rentrer tellement fatigués qu'ils dormaient en trente secondes.
Aujourd'hui, les machines font tout à notre place, mais nous privent de deux aspects importants dont notre corps a besoin : le mouvement et un rythme naturel. Dans notre culture, les tablettes, téléphones intelligents et ordinateurs nous déconnectent de notre corps en le rendant statique pour de longues heures. Nos voitures nous donnent l'impression d'aller vite, mais notre corps lui ne va pas vite, il ne bouge pas dans la voiture. Il ne marche pas ni ne court (ce qui lui permet une meilleure circulation sanguine, une meilleure oxygénation, un meilleur travail de tous les organes internes, etc.).
Dans un travail où le corps est mis à contribution, c'est son rythme qui a priorité : quand il n'en peut plus, il lui faut se reposer et le repos lui est bénéfique. Quand le corps ne bouge pas, nous pouvons nous sentir fatigués, mais le corps ne l'est pas lui, car il n'y a pas eu de dépense d'énergie physique. C'est la raison pour laquelle l'insomnie est si fréquente.
Je vous invite donc à devenir créatif pour trouver dans votre vie comment réintégrer le corps à vos activités : marcher plus, moins d'ordi ou de télé. Jouer, construire des cabanes d'oiseaux, danser, peindre, faire du yoga...