Lors de l'Accord de Paris, en 2015, le Canada s'est engagé à
réduire ses émissions de GES de 30 % par rapport à 2005, d'ici à 2030. À
Glasgow, en novembre dernier, il a renchéri sa réduction à « entre 40 % à 45 %
». Très louable. Mais comment réussira-t-il à respecter cet engagement après le
constat qu'entre 2005 et 2019 la réduction n'a atteint qu'un maigre 1,2 % ?
À cause de l'irresponsabilité des gouvernements antérieurs,
le gouvernement devra élaborer un plan costaud de réduction de plus de 40 % de ses
GES en moins de 10 ans, soit d'ici à 2030.
D'où viennent
les émissions canadiennes ?
On connaît la situation et son évolution depuis plusieurs
années. Les deux secteurs économiques les plus émetteurs de GES sont
l'exploitation pétrolière et gazière et les transports avec respectivement 26 %
et 25 % des émissions canadiennes. Entre 1990 et 2019, le premier secteur a vu
une hausse de ses émissions de 87 %, le deuxième une hausse de 54 %.
Au lieu d'une diminution d'émissions, c'est une augmentation,
et ce, malgré l'application des mesures de la tarification de la pollution par
le carbone ainsi que des milliards distribués par des fonds créés pour
favoriser la diminution des émissions.
Va-t-on accélérer le tempo ?
Aujourd'hui, on a l'impression que le gouvernement veut
accélérer le tempo.
Au début décembre, il annonce un processus de consultation
sur de nouveaux engagements climatiques et l'établissement d'un plan de
réduction des émissions. Pressé par la Loi canadienne sur la responsabilité en
matière de carboneutralité, le ministre Steven Guilbeault a fixé pour la fin
mars 2022 l'établissement de ce plan. Les provinces seront consultées de même
que le Groupe consultatif sur la carboneutralité.
Parallèlement, d'autres consultations plus spécifiques et à
courte échéance auront lieu sur les sujets suivants : a) l'atteinte de l'objectif d'émissions nulles
pour tous les véhicules légers d'ici 2035 et pour les véhicules lourds d'ici
2040 b) l'imposition d'un plafond d'émissions
de GES au secteur pétrolier et gazier et d'un rythme de réduction pour
atteindre la carboneutralité d'ici 2050 c) l'élaboration d'un plan de réduction
des émissions de méthane.
Puis, fin décembre, l'annonce d'une nouvelle consultation,
cette fois sur le projet du règlement sur l'interdiction des plastiques à usage
unique néfastes.
Le gouvernement s'engage, consulte. S'il fait des pas, ce
n'est pas dans une vitesse grand V comme l'exige la situation. Est-ce que toute
cette agitation n'aboutira que dans 5 ans à l'image du processus sur
l'interdiction de certains plastiques ? (Voir l'encadré).
Nécessité d'un plan costaud
Les engagements du gouvernement du Canada et, par
conséquent, leur succès ou leur échec, sont l'addition des actions entreprises
par le gouvernement central, les provinces, les municipalités, les entreprises
et les citoyens-consommateurs.
Depuis le début du siècle, des mesures faibles et
inefficaces ont été appliquées pour réduire les émissions de GES au
Canada. Certains gouvernements ont nié la
cause anthropique du réchauffement, ceux qui se sont donné des plans avec des cibles
(avec échéance 2020) ont complètement raté leur cible. Par exemple, le Québec
devait avoir réduit ses émissions de 20 % par rapport à 1990 alors qu'il ne les
a réduites que de 2,7 %. Avec une augmentation de 61 % de ses émissions de GES
depuis 1990, pas besoin de préciser que l'Alberta n'a aucunement contribué à
l'atteinte des cibles canadiennes.
Aujourd'hui, autant au niveau canadien que québécois, les
partis politiques pratiquent la surenchère sur les objectifs et cibles globales
à atteindre d'ici 2030. Saluons ces engagements. Par contre, ils devront tous
montrer le sérieux de leurs promesses en précisant comment ils vont les
atteindre, les échéanciers à respecter, les budgets nécessaires de même que les
changements que cela exigera dans tous les secteurs de la société. Le GIEC
parle de « changements rapides, très profonds et sans précédent ». Qu'est-ce
que cela veut dire pour les citoyens canadiens ?
Quand on demande un plan costaud de réduction, on a pris en
compte que les mesures actuelles n'ont contribué qu'à contenir les nouvelles émissions
à chaque année. Un plan costaud signifie des mesures additionnelles et des
correctifs aux mesures jugées inefficaces.
La première partie du prochain rapport du GIEC, rendue publique
en août dernier, fait état d'une situation qui empire et de certitudes toujours
plus grandes des calamités qui nous attendent. Le plan fédéral attendu le mois
prochain doit tenir compte de l'urgence d'agir et ce, aux endroits
névralgiques : décroissance
importante de la demande en énergie fossile et en ressources, densification des
villes et renforcement du transport collectif, favorisation de l'agriculture
urbaine, transformation de nos régimes alimentaires, réduction du gaspillage et
plus.
On ne le dira pas assez. Il faut se préparer à un changement
radical de nos modes de vie. Notre cerveau est plutôt mobilisé sur la
satisfaction de nos désirs immédiats promus par notre société de
surconsommation qui carbure aux GES. Et pour cela, on a besoin de leaders
crédibles qui vont nous guider dans ces changements radicaux.
Janvier 2022
CHRONOLOGIE DE LA
MISE EN PLACE DU RÈGLEMENT SUR LE PLASTIQUE
Date
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Actions posées
ou à poser avant l'entrée en vigueur
|
Juin 2018
|
Réunion du G7 au Québec, le Canada parraine la Charte
sur les plastiques dans les océans.
|
Nov. 2018
|
Stratégie pancanadienne visant l'atteinte de zéro
plastique.
- Vision de
l'économe circulaire Plan d'action en deux phases
|
2019-2021
|
Vastes consultations menées en vue d'établir un projet de
règlement.
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Janv. 2020
|
Le gouvernement du Canada publie l'Ébauche de
l'évaluation scientifique de la pollution plastique.
|
Oct. 2020
|
Publication de la version définitive de l'Évaluation
scientifique de la pollution plastique.
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21 déc. 2021
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Publication d'un projet de règlement interdisant
certains plastiques à usage unique en vue de recueillir les commentaires.
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Fin 2022
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Date prévue pour « parachever le Règlement et instaurer
l'interdiction le plus rapidement possible ».
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??? 2022
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Publication de directives préliminaires pour aider les
entreprises à s'adapter aux exigences du règlement proposé.
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Fin 2023
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Entrée en vigueur définitive du règlement car délai d'un
an afin de favoriser la transition au sein des entreprises.
|
En définitive, à la condition que tout aille comme prévu, il
aura fallu 4 1/2 ans avant que le plan ne soit élaboré et enclenché. Et combien
d'années pour bénéficier des résultats ?
Source :
Communiqué de presse Le gouvernement du Canada
va de l'avant avec son projet d'interdiction des plastiques à usage unique
néfastes, ECCC, 21 décembre 2021.