Michel Vézina vient à peine d'entreprendre son périple d'apôtre ambulant de la littérature qu'il se voit confirmer dans sa vocation. Dans Le Buvard, son camion rouge, chargé de livres choisis, neufs ou usagés, il parcourt les routes du Québec pour porter la bonne nouvelle: elle est vivante, agréable et démocratique. De festivals en marchés publics, d'expositions en agoras villageoises, il s'arrête, installe son auvent, prépare le café et, il réveille, pour les amateurs, les héros de ses bouquins ou en synthétise les contenus. Maxime Nadeau, tout aussi féru de lecture, l'assiste dans sa tâche.
Fils spirituel de Gérard Bessette, premier libraire à sillonner le Québec avec des livres, Michel tient à sa vie d'animateur nomade. Il a rencontré en France un homme tout aussi passionné qui ne pouvant plus assumer les coûts du loyer de son échoppe, parcourait les routes de son pays avec des œuvres littéraires. Son projet, à Michel, transbahuter ses documents au Québec en été et, en France en d'autres temps.
Comédien fondateur dans la troupe du Cochon SouRiant, clown musicien avec Bérurier noir, il vit dans son camion, comme il le décrit si bien dans son livre La machine à orgueil où biographie et autobiographie s'emmêlent. Lui-même auteur et libraire, éditeur, réviseur, correcteur, traducteur, il a écrit plus d'une douzaine de titres en plus d'avoir été un pilier du journal communautaire Le Mouton Noir. « La littérature est toujours derrière ce que je fais », lance ce passionné.
« Je veux amener la littérature dans les milieux ruraux ou urbains défavorisés », insiste-t-il après avoir conté l'histoire du jeune homme fauché désireux de lire. « Il m'a dit qu'il avait trois piasses dans ses poches. » Michel l'a invité à monter quand même dans le camion et quand il a constaté son intérêt pour un recueil usagé, c'est le prix qu'il lui a demandé.
Michel et Maxime choisissent les quelque 2 000 livres qu'ils transportent. « Nous débattons de nos choix, nous misons sur la qualité littéraire », explique Maxime. Ce qui ne veut pas dire que ce qu'ils charroient n'est destiné qu'à des lecteurs avertis. Au contraire, Le Buvard est riche de tous les genres, des classiques aux essais tout en insistant sur ce que produisent les écrivains québécois.
Le Buvard sera stationné dans la cour du IGA Cookshire le 8 juillet prochain, vers midi. Une occasion à ne pas manquer !