Le titre est masculin. Un titre bien mérité!
D'entrée de jeu, je reviens sur cette phrase lancée par une
proche : « Imagine la différence si, au moment où un homme et une
femme décident de faire l'amour pour procréer, ils ne savaient lequel des deux
porterait l'enfant! »
Je peine à imaginer toutes les différences que cela
occasionnerait dans nos sociétés dites civilisées.
Pourtant, c'était un jour heureux
Vendredi dernier, jour de Fête nationale, la vie était
douce. Un congé qui sert, comme un rituel annuel, à maintenir bien en vie le
lien que j'ai avec mes racines. Avec cette conviction toute personnelle que ce
lien n'a rien de rétrograde.
Bref, il fait beau et le bleu emblématique du Québec se fond
avec un ciel qui invite à l'immensité.
Puis, la nouvelle se rend à moi. La Cour Suprême américaine
confirme ce qui avait coulé : le droit à l'avortement est nettement mis en
danger.
Le manipulateur reprend du service, assouvissant une
vengeance qui l'habite depuis 1973.
Pour moi, je vous le dis sans nuances : il ne s'agit
que de manipulation ici.
La manipulation résolument masculine et machiste qui
attribue à la femme la seule responsabilité d'une grossesse. À moins qu'elle
soit divine (ce qui relève de la foi pure), il faut une intervention masculine
pour procréer. Mais le sacro-saint homme n'a plus aucune responsabilité une
fois libéré de sa semence.
La manipulation qui se reflète dans le vicieux choix du nom
« Pro-vie » pour les tenants du non-accès à l'avortement. Vicieux au
sens où si tu n'es pas « Pro-vie », tu es « Pro-mort ». Qui
veut être « Pro-mort »?
La même manipulation qui maintient globalement le statut des
femmes à un niveau inférieur à celui des hommes sur le marché du travail. Et
qui fait que ce sont les femmes qui ont repris, essentiellement, toutes les
responsabilités ménagères et familiales lors du confinement.
Manipulation qui vient vicieusement faire reculer le statut
des femmes en société. Bien que d'intensité différente, il y a un lien de
parenté entre la manipulation exprimée par le jugement historique et les gestes
des Talibans en Afghanistan qui, depuis leur retour au pouvoir, empêchent les
femmes de se dévoiler, de faire des études plus poussées que le cycle primaire,
sabotent leur droit à conduire une voiture, etc.
Le conservatisme manipulateur
Je vois un danger réel et très présent pour notre société.
Quand les droits des uns s'expriment un peu trop au goût des autres, la
tentation est forte de revenir à « ce que c'était avant : au temps où
tout allait bien ». C'est sur cette illusion que le conservatisme navigue.
Notre société vit un moment charnière. Nous devons faire
face à des changements climatiques avérés (et pas justes éventuels), à un grand
écart potentiellement fatal entre les classes sociales tant l'accès au logement
décent et à une nourriture correcte est remis en question, à une situation
économique chancelante et quoi encore?
Je n'ai pas toutes les solutions et, comme citoyen
consommateur, je fais aussi partie du problème, je le sais bien.
Mais je sais aussi que ce n'est pas en bafouant des droits
et en manipulant les règles et les lois qu'on arrivera à quelque chose de
constructif. Plus que jamais, nous avons besoin de l'apport de chacune et
chacun. Nous avons la responsabilité, comme société, de nous assurer que
chacune et chacun développe son potentiel de façon optimale pour contribuer aux
défis qui nous entourent.
Une société qui draine autant de pouvoirs vers des juges
choisis en fonction de leur profil moral (et qui plus est qu'on les nomme à
perpétuité ou presque!) est une société qui prête flanc à toutes les dérives.
On dit que quand les Américains toussent, on pogne la grippe
au Canada... Vivement un masque protecteur!
Clin d'œil de la semaine
Ne tuez pas cet enfant qui vit en vous : achetez-lui
plutôt une arme pour son baptême...