Il n'y a pas un article sérieux, pas une nouvelle médiatique, pas une conférence, pas une manifestation traitant du réchauffement climatique qui ne se réfère pas à cet organisme international. Il est donc primordial de savoir qui il est, comprendre comment il fonctionne ainsi que son rapport à la science afin d'évaluer sa crédibilité pour, à notre tour, lui accorder ou non notre confiance.
GIEC est l'acronyme de Groupe intergouvernemental d'experts sur l'évolution du climat. Le GIEC a été créé en 1988 par 191 pays, membres de l'ONU. Il fut mis sous la responsabilité de l'Organisation météorologique mondiale et du Programme des nations unies pour l'environnement.
Domaine d'intervention du GIEC : le climat
Nous sommes très familiers avec les prévisions de la météo que nous consultons quotidiennement. La météorologie, qui s'est raffinée au cours des ans, est la science de la prédiction de la température à court terme et très localisée.
Quant à la climatologie, qui nous intéresse ici, c'est la science de la prédiction du climat sur de grands ensembles, voire la planète entière et sur de longues périodes. Le climat est le résultat d'interactions multiples entre de nombreux processus impliquant a) l'atmosphère b) les océans c) les glaces et d) les surfaces continentales à partir de l'apport du soleil.
Quand on parle de changements climatiques c'est bien de climat qu'il s'agit. Bien que l'on se serve, entre autres de techniques de la météorologie, c'est d'interactions et de processus complexes dont on étudie l'évolution.
Le GIEC est l'organisme international chargé d'informer les pays de l'ONU sur l'évolution du réchauffement climatique planétaire, de ses impacts sur les systèmes écologiques, dont les humains, et de proposer des mesures pour contenir ou prévenir ses effets néfastes. Il se doit d'être « scientifique » afin d'être des plus crédibles.
Clarifions au départ que le GIEC ne fait pas de recherches proprement dites. À travers le monde, des centaines voire des milliers de chercheurs, d'universités, d'organismes gouvernementaux et autres font de la recherche sur le climat. Le GIEC utilise ces recherches pour en déduire ses conclusions.
Origines du GIEC
J'ai déjà mentionné, dans une chronique précédente, qu'en 1970 la capacité de production de la planète suffisait à nourrir l'humanité mais qu'elle atteignait sa limite. Ainsi, à partir de cette date, on a commencé à dépasser ses capacités et aujourd'hui il faudrait 1,7 planètes pour la nourrir sans hypothéquer l'avenir. Pour sa part, le Canada est beaucoup plus gourmand puisqu'il faut 4,8 planètes pour satisfaire son mode de vie actuel.
C'est à cette époque (1972) que le Club de Rome, un regroupement de scientifiques, d'économistes, de fonctionnaires et d'industriels du monde entier, publiait une étude devenue référence intitulée « Halte à la croissance » dans laquelle il faisait la démonstration que la planète ne pourrait plus soutenir la croissance comme moteur du progrès puisque nous vivions sur une planète finie donc avec des limites.
Puis, en 1987, sortait le Rapport Bruntland qui sonnait aussi l'alarme et mettait de l'avant la nécessité du « développement durable » au lieu du développement « sauvage » dans lequel nous évoluons avec la libre concurrence érigée en impératif.
C'est dans ce contexte, en 1988, que naît le GIEC. Les pays du globe commençaient à considérer les avertissements antérieurs et mandataient ce groupe d'experts de faire la lumière sur l'évolution du réchauffement climatique due à l'activité humaine.
Pour ce faire, trois groupes de travail furent mis sur pied avec les mandats suivants :
1) prévoir l'évolution du réchauffement climatique, départager la responsabilité des humains dans ce réchauffement et prévoir ses effets sur les différents systèmes écologiques à court, moyen et long terme;
2) visualiser et quantifier les impacts selon les niveaux de réchauffement et proposer des mesures d'adaptation afin de les minimiser;
3) analyser les mesures d'atténuation du réchauffement climatique donc de réduction des émissions de gaz à effet de serre.
Depuis 1988, le GIEC a produit 6 rapports principaux dont chacun a été analysé par les 191 pays signataires la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC). Cette dernière ayant été entérinée lors du Sommet de la Terre à Rio en 1992.
La plus récente rencontre fut celle de Katovice, Pologne, en décembre 2018. Le rapport du GIEC qui répondait à une commande de 2015, lors de l'Accord de Paris, visait à éclairer les décideurs sur les effets d'un réchauffement climatique à 1,5 ℃, à 2 ℃ par rapport à l'ère préindustrielle. Il émanait de la contribution de 91 auteurs de 40 pays différents.
Les prochains rapports sur la planche à dessin furent le rapport spécial sur les effets des changements climatiques sur la terre publié en août 2019 et celui sur les océans et la cryosphère (glace et glaciers) en septembre 2019.
Cette énumération vous donne une idée de l'apport du GIEC dans la réflexion orientant les prises de décision des pays membres de la Convention.
Évolution des modélisations de l'évolution du climat
Les études sur le climat prenant en compte la concentration de CO2 sont relativement récentes. Graduellement au fil de l'évolution des supercalculateurs informatiques, les chercheurs ont pu créer des modèles informatiques d'évolution du climat à l'échelle planétaire.
Les premiers modèles des années 1970 prenaient en compte la pluie et le CO2. On se rappellera du débat sur les conséquences des pluies acides, provenant des centrales au charbon des États-Unis, sur nos forêts. Aujourd'hui, il existe plus de 20 modèles climatiques et les équipes de chercheurs collaborent entre elles au sein d'un organisme appelé Programme mondial de recherche sur le climat. On est capable de faire intervenir des variables de réchauffement climatique sur les différents systèmes et ce, à l'échelle de la planète. Le GIEC a accès à toutes ces simulations et peut ainsi réaliser ses mandats.
Si l'on croit à la science, on peut faire confiance au GIEC comme étant la sommité en matière de réchauffement climatique. Il nous incombe comme citoyen-ne-s, entreprises et pouvoirs publics à prendre les mesures pour endiguer complètement les émissions de GES d'origine anthropique, grands responsables du réchauffement climatique.