Dans cette deuxième
chronique sur le Ghana, je vous entretiendrai sur les parties les plus reculées
et les moins visitées de ce pays aux multiples facettes.
Puisque j'avais presqu'un
an à offrir à cette partie de l'Afrique, j'ai eu la chance de la découvrir en
profondeur, majoritairement grâce à des amis que j'avais préalablement
rencontrés à Teshie (banlieue d'Accra, la capitale) où j'ai enseigné pour la
première fois dans une école internationale destiné aux enfants moins bien
nantis, ou encore à KITA, l'institut d'agriculture tropicale dont j'ai traité à
l'intérieur de la précédente chronique. Cela dit, j'ai ciblé les quatre sites
les plus impressionnants pour ceux qui ont moins de temps et qui veulent aller
droit au but.
La
Volta et ses chutes
Notre ami Courage nous a
fait découvrir son coin de pays : la région de la Volta. Bien arrosée,
celle-ci compte un lac artificiel (réservoir hydroélectrique qui occupe une
bonne partie du pays) contenu par le barrage d'Akosombo. Sauf si l'on passe
près du barrage lui-même ou qu'on s'attarde aux quelques arbres défoliés qui
sortent du lac, on réalise rarement qu'il s'agit d'une réalisation humaine,
compte tenu du fait que le couvert végétal très luxuriant a repris sa place à
partir de la fin des années '60.
Les balades en pirogues
nous permettent d'apprécier la vie lacustre. Plus à l'Est, près de Hohoe, à la
frontière du Togo, se trouvent les superbes chutes de Wli : une baignade
s'impose! En restant jusqu'au couché de soleil, nous avons pu admirer le
magnifique spectacle du vol des chauves-souris renards (flying fox), qui
tournoient et crient le long des parois de la falaise. C'est aussi dans cette
région que j'ai travaillé pour la polyclinique auprès des lépreux... une maladie
que l'OMS comptait bien éliminer d'Afrique de l'Ouest, mais en vain.
Tamale
et le Parc National de Mole
Tamale est une ville
majoritairement musulmane que je qualifierais de plaque-tournante très
dynamique et assez poussiéreuse au Nord du Ghana. Je me suis promené dans les
quartiers en périphérie, où les habitants, curieux, venaient me voir pour
ensuite me faire visiter leur maison, leur famille, les arbres sacrés.
Je me suis blessé à
l'index et ma jointure était vraiment enflée; je voulais aller à la clinique,
mais quelqu'un m'a amené voir le chef du village. Arrivé à sa hutte de terre au
toit de paille, mon ami m'a expliqué que je devais enlever mes chaussures;
arrivé à l'intérieur, je devais m'accroupir pour ne jamais être plus haut que
le chef, qui était assis sur un banc avec un gros coussin, et attendre qu'il
m'adresse la parole avant de lui expliquer mon problème. J'ai suivi
attentivement ses consignes et le chef a demandé au guérisseur d'intervenir
pour moi...
Celui-ci a répandu un
liquide noir, visqueux sur mon index, puis il a sorti une boule de racines et
de plantes séchées de la grosseur d'une balle de golf, il a ensuite commencé à
l'effriter et à l'apposer tout autour de ma jointure surdimensionnée. Il a
bandé le tout et m'a dit que mon doigt allait être comme neuf dans deux ou
trois jours. Puis, il m'a laissé la boule de racines au cas où quelque chose
d'autre m'arrivait...
Vous pouvez voir mon
scepticisme, mais je vous assure que trois jours plus tard, j'utilisais ma main
comme si rien ne s'était passé! Nous sommes restés quelques jours dans cette
ville avant de partir pour le Parc National de Mole : un petit bijou
ghanéen bien conservé.
Du haut d'un rift, j'ai
pu avoir une vue d'ensemble de cette plaine nourricière sortie tout droit d'un
autre temps. Avec un guide armée, nous avons sillonné le parc à la recherche
des familles d'éléphants sauvages. Durant quelques heures à travers la brousse,
nous avons pu les observer dans leurs activités quotidiennes en marchant dans
leurs immenses traces.
Nous avons aussi vu des
antilopes ou gazelles (je ne suis pas certain), des sangliers sauvages qui ont
tenu notre guide en haleine pour quelques minutes et, bien sûr, des macaques...
ils sont partout. Au retour, nous avons arrêté près d'un monticule de qui avait
attiré mon attention : c'était une termitière gigantesque, j'ai même
envoyé une photo à Wikipédia pour leur prouver qu'il en existait aussi de cette
taille!
Dans la prochaine
chronique, nous aborderons les régions frontalières avec le Burkina Faso et la
Côte-d'Ivoire dont Paga et son étang aux crocodiles, ainsi que Wa et les
hippopotames de la Black Volta...
En attendant, bon voyage
à tous et à toutes