L'incertitude ne peut plus durer pour les 5 000 travailleurs de l'éolien.
Voilà le message qu'ont livré à la première ministre Pauline Marois de nombreux leaders politiques et économiques de plusieurs régions venus à Québec pour réclamer que le gouvernement lance dans les plus brefs délais un appel d'offres pour un minimum de 700 MW d'énergie éolienne afin de poursuivre au-delà de 2015 le développement de cette filière porteuse pour tout le Québec et, surtout, pour les communautés qui accueillent et participent aux projets éoliens.
« Au cours des derniers mois, la filière éolienne a pris la décision d'adopter une attitude constructive, d'échange, de collaboration et de partenariat avec le gouvernement. Malgré cela, le silence règne, l'incertitude demeure et les rumeurs se multiplient dans tous les sens, alors que la filière éolienne ajoute environ un demi-milliard annuellement à l'économie de la province. Les Québécois ne peuvent faire autrement que de s'inquiéter de la réelle volonté du gouvernement de poursuivre le développement de la filière éolienne québécoise et d'assurer le maintien de ses milliers d'emplois », mentionne Jean-François Nolet, vice-président, politiques et affaires gouvernementales de l'Association canadienne de l'énergie éolienne (CanWEA).
Rappelons que dans sa Stratégie énergétique, l'État québécois s'est engagé à produire 4 000 MW d'énergie éolienne entre 2006 et 2015. C'est sur cette base que l'industrie s'est développée, que des entreprises étrangères se sont installées au Québec, que des institutions d'enseignement ont créé de nouveaux programmes et que des entreprises sont nées. « Ne pas aller au bout de cet engagement représenterait un recul inacceptable, et ce, tant pour les travailleurs et l'industrie que pour les régions qui en ont fait une base industrielle vitale. Surtout, rappelons que la filière éolienne rapporte annuellement 87,6 millions $ à l'État québécois en revenus fiscaux et parafiscaux » ajoute Jean-François Samray, président-directeur général de l'Association québécoise de la production d'énergie renouvelable.
« Madame la Première ministre, vous ne pouvez continuer de garder dans le doute les 5 000 travailleurs québécois, dont plus de 1 200 Gaspésiens », insiste Nicole Appleby, mairesse de New Richmond au nom de plusieurs municipalités et MRC des régions ainsi que de l'Union des municipalités du Québec qui ont adopté des résolutions pour réclamer un nouvel appel d'offres. « La Gaspésie est fière de participer au développement économique du Québec à travers l'industrie éolienne puisque l'essor de la filière sur notre territoire a des retombées jusque dans la métropole ».
« Les retombées de la filière éolienne ont un caractère national, grâce aux emplois qu'elle génère avec l'implantation d'usines et de sièges sociaux, ou encore les retombées dont les municipalités et les MRC bénéficient grâce à de multiples partenariats apportant des leviers de développement supplémentaires », plaide Maurice Bernier, préfet de la MRC du Granit.
« Des entreprises d'ici, comme la nôtre, se sont engagées dans ce secteur en 2002, car l'avenir était prometteur. D'autres entreprises sont venues d'outre-mer pour établir leurs sièges sociaux canadiens ici même, au Québec. L'expertise développée ici sera mise à contribution ailleurs sur le continent », martèle Éric Bellemare, Directeur, Développement commercial de Marmen.
« Le Québec a été une destination de choix pour établir notre siège nord-américain en raison de sa bonne planification et d'une vision du marché basée sur le long terme », explique Marc-Antoine Renaud, directeur - Québec, chez Enercon Canada. « En cette période de transition vers la prochaine politique énergétique, les prochains 700 MW constituent un pont nécessaire vers la pérennisation de la filière industrielle. »
« Le maintien et le développement de la filière éolienne ne concernent pas uniquement l'industrie et ses travailleurs. Cela concerne des communautés d'ici et le Québec en entier. Le Québec compte parmi les leaders nord-américains de l'énergie éolienne, et Montréal est le pôle de l'éolien dans l'est du continent », conclut M. Nolet.
Les représentants socioéconomiques de l'éolien, venant de partout au Québec, se rendront à l'Assemblée nationale à 14 h et demanderont une rencontre avec Pauline Marois pour qu'elle cesse de garder dans l'incertitude les 5 000 travailleurs de l'industrie et leurs familles. L'attente a assez duré. Si la première ministre souhaite maintenir au Québec une filière éolienne en santé, il faut enfin lancer l'appel d'offres de 700 MW tant attendu par tous.
Source : Mathieu Lavallée TACT Intelligence-conseil