En ce monde où la guerre contre le sucre bas son plein, les produits réduits en sucre prennent de plus en plus de place sur les étagères des épiceries. Ce qui devrait en soi être une bonne nouvelle peut parfois tourner autrement lorsqu'on se met à lire la liste des ingrédients. En effet, l'absence de sucre ou la réduction du celui-ci dans les produits qui conservent leur goût sucré, comme les desserts ou les boissons gazeuses, signifie souvent l'ajout d'un ou plusieurs édulcorants.
La question est donc à savoir si les édulcorants sont sains ou non pour la santé, mais avant de commencer sur le sujet, voici une liste partielle de tous les noms sous lesquels vous retrouverez les édulcorants :
• Saccharine
• Dulcine
• Cyclamate
• Isomalt et isomaltulose
• Néohespéridine dihydrochalcone
• Aspartame
• Acésulfame K
• Sucralose
• Érythritol
• Maltitol
• Sorbitol
• Stevia
• Xylitol
Comme vous pouvez déjà le constater, la liste des édulcorants couramment utilisés dans l'industrie alimentaire est impressionnante. Maintenant, est-ce que ces additifs sont bons ou mauvais pour la santé...
De mon point de vue, malgré les tests de sécurité que ces éléments ont dû passer pour être homologués propres à la consommation humaine, je considère tout de même qu'il subsiste un problème central. Lorsqu'une personne décide de diminuer sa consommation de sucre, l'objectif est de réduire du même coup son envie d'en consommer, ce qui rend l'exercice de plus en plus facile avec le temps.
C'est le même principe avec un homme voulant cesser de fumer. Son objectif initial est de se tenir loin de la cigarette pour ensuite perdre l'envie de fumer graduellement. Il peut utiliser de l'aide externe, comme les patchs, la gomme ou le traitement au laser, mais il devrait éviter l'aide sous forme de cigarette électronique, par exemple, qui maintient l'habitude et la sensation de fumer. Lorsqu'on remplace le sucre par un ‘faux' sucre, on ne fait que tromper le corps tout en entretenant une dépendance psychologique au sucre.
D'un autre point de vue, plusieurs détracteurs des édulcorants vont soulever l'hypothèse que la consommation d'édulcorants poussera le corps à réagir de la même façon qu'une consommation de ‘vrai' sucre. L'hypothèse se tient lorsqu'on réalise que les récepteurs liés au goût sucré sur la langue sont les récepteurs T1R1 et T1R3, également présents dans l'intestin, et qu'ils sont responsables de la signalisation au pancréas d'une arrivée imminente de glucose.
Jusque-là, il est donc logique de se dire que si la langue perçoit le goût sucré d'un édulcorant, l'intestin en fera de même et un signal poussera le corps à sécréter de l'insuline via le pancréas. Par contre, si l'édulcorant est consommé seul, une boucle de rétroaction vient couper le message fautif et le pancréas ne se met pas en fonction endocrine.
Revenons quand même sur la dernière phrase du paragraphe précédent. Si l'édulcorant est consommé seul, tout semble bien aller. Par contre, si celui-ci est consommé en même temps que du sucre ou un équivalent, comme une farine enrichie, le scénario change. En effet, dans ce cas, la boucle de rétroaction n'est pas activée et le pancréas se met en action. Le problème est alors que la production d'insuline est trop forte pour la dose réelle de glucose sanguin et la glycémie se met à chuter. L'individu se trouve donc en hypoglycémie environ 1 à 2 heures après le repas, ce qui le poussera à reconsommer du sucre. C'est un bel exemple de cercle vicieux.
Certaines autres pistes de recherches scientifiques se sont penchées sur les effets possiblement négatifs des édulcorants sur le cerveau. Bien qu'il n'y ait pas un bassin suffisent d'évidences pour tirer des conclusions claires, le principe de précaution me pousserait à éviter la consommation régulière d'édulcorants.
Nous en revenons toujours au même point, manger mieux et plus simplement. Les édulcorants ne se trouvent dans aucun aliment non transformé. Favorisez ces aliments et révisez donc le nouveau Guide alimentaire canadien tout frais sorti du four. Je pourrai d'ailleurs en faire le sujet de mon prochain article !
Bon week-end,
Pierre-Olivier Pinard, kinésiologue, président directeur général, Kin Impact