Ça fait des années qu'on nous mobilise pour la persévérance, l'intimidation et le décrochage scolaire. Et là, le gouvernement lui-même décourage, intimide et donne le goût aux profs de décrocher. Plus d'un milliard de dollars retiré au système d'éducation, c'est carrément dire aux profs qu'ils sont des poules de luxe!
Pensez-vous que les profs se pognent le beigne? On leur donne des classes bondées d'élèves qui ont des capacités d'apprentissage différentes. Des besoins différents, tout court. À un moment donné, les profs font tout sauf enseigner! Dans cette réalité sociale où les deux parents travaillent trop et culpabilisent trop, les profs doivent s'adapter au règne des enfants rois ou aux enfants en déficit d'attention de qualité, à la maison. Ça, c'est mis à part les élèves plus anxieux qui vivent des choses difficiles dans leur famille. Ils n'ont pas la tête à étudier. Ils réclament un lien d'attachement plus solide. Qui leur offre ce fameux lien selon vous? Gants blancs grimpés jusqu'au menton, les profs mettent beaucoup d'énergie à essayer de discuter avec certains parents pour leur expliquer les besoins « de base » d'un enfant, comme manger, dormir et se vêtir. Pendant ce temps-là, ils n'enseignent pas, ils éduquent. Et entre deux maternages, il faut aussi penser aux élèves qui attendent patiemment pendant que leur prof fait la pieuvre. Eux autres, ils veulent juste étudier et avancer!
Dépister rapidement les problèmes d'apprentissages, c'est tout sauf du luxe. Offrir un soutien psychologique non plus. Et le gouvernement met la hache dans des centaines de postes indispensables comme des psychoéducateurs, conseillers pédagogiques, psychologues et orthopédagogues! En coupant froidement ces spécialistes, j'imagine vraiment une scène ensanglantée provenant directement du moyen âge, pourtant, on est en 2015! Un retour en arrière après tant d'années d'efforts pour offrir des outils et un support à ces petits êtres qui bâtiront la société de demain.
Avant, je n'aurais jamais osé écrire sur ce sujet, on m'aurait pointé du doigt. Pas crédible, je n'étais ni prof, ni parent. Aujourd'hui, j'attends un petit garçon et je me pose plusieurs questions sur cette vague de stress dans laquelle sont plongés mes amis professeurs. Dans quel genre de système d'éducation mon fils va-t-il grandir? Restera-t-il des profs motivants et motivés? Pour guider un enfant vers le monde des grands, il y a le savoir, mais aussi le respect, la passion et la joie de vivre. Et pour que nos professeurs puissent transmettre ces valeurs, entre leurs multiples responsabilités, il leur faut du temps. Du moins, le temps de respirer. Cher gouvernement du Québec, sortez vos correcteurs et faites vos devoirs en calculant ceci : des profs frustrés et épuisés + des élèves sans ressources = quoi comme société?
*Le 30 septembre prochain, appuyons nos écoles et nos profs! Envoyons un message ferme au gouvernement, afin qu'il priorise l'éducation et l'avenir de nos enfants.