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Le tourisme à la rescousse du Népal

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David Beaulieu Par David Beaulieu
Lundi le 1 juin 2015

Les puissants séismes qui ont frappé récemment le Népal ont provoqué une certaine réticence auprès des voyageurs qui envisageaient ce pays comme prochaine destination-voyage. Aujourd'hui, ma chronique a pour but de vous inciter à vous y rendre pour deux raisons : ses merveilles, tant naturelles que culturelles, ainsi que l'aide financière directe que votre passage apportera à une population des plus pauvres de la planète.

Le Népal est classé parmi les 10 pays les plus défavorisés du monde. Son économie repose sur l'agriculture et, depuis son ouverture sur le monde en 1951, sur le tourisme. Les tremblements de terre dans l'Himalaya sont fréquents; le contraire serait étrange, car l'activité tectonique, qui façonne continuellement cette immense chaîne de montagne, est d'actualité depuis près de 80 millions d'années.

Plus concrètement, le subcontinent indien entre en collision avec l'Eurasie, ce qui provoque des plissements de la croûte terrestre et forme les plus hautes montagnes du globe. C'est donc dire que les Népalais connaissent cette situation précaire depuis toujours... seulement, ces dernières semaines, la force des séismes n'a pas été habituelle.

La liberté du « dernière minute »

J'ai passé plus d'un mois au Népal avec mes amis Yannick et Tommy, ainsi qu'avec un couple d'amis Français que je salue au passage : Christopher et Aurélie. Nous avons consacré presque l'entièreté de notre séjour à arpenter les montagnes autour de l'Annapurna et du Dhaulagiri, nous promenant de villages en villages, de cols en vallées.

Dans le but que notre voyage soit le plus bénéfique possible pour nos portefeuilles dégarnis, mais surtout pour le peuple de ce beau royaume, nous n'avons rien réservé à l'avance. Les agences qu'on trouve sur le Net, bien qu'elles soient fiables et sécuritaires, ne sont pas toujours la propriété des gens du pays, et les profits ne demeurent pas souvent en terre népalaise.

Nous avons opté pour l'organisation de notre expédition à notre arrivée à Katmandou. Il y en a pour tous les goûts : des treks de trois jours jusqu'à 21 jours, en camping avec porteurs et guides ou hébergé chez l'habitant sans guide, en suivant des sentiers de pierres utilisés par les locaux.

Après avoir parlé à quelques randonneurs de retour de leur trek ainsi qu'à des locaux et à des responsables d'expéditions, nous avons décidé d'opter pour l'achat d'une bonne carte topographique de la région de l'Annapurna et sommes partis en autobus locale pour le village de Besisahar avec du matériel que nous avions acheté dans des boutiques de la capitale.

Avant de traiter de notre superbe trek de 21 jours, laissez-moi vous dire à quel point Katmandou vaut la peine de faire partie de vos plans lors de votre passage au Népal. Ce n'est pas une capitale ordinaire, elle n'est pas très moderne et, à première vue, peut paraître chaotique. Et bien, elle l'est! Il y a tout de même de l'ordre dans ce gros village où les règles de circulation de semblent pas exister.

Juste pour vous donner une idée, le chauffeur de taxi qui nous a conduits de l'aéroport international, sorti tout droit d'un film des années soixante, jusqu'à notre auberge, a traversé un parc et un terrain de soccer où des jeunes étaient en pleine partie. Cela afin d'éviter un bouchon de circulation qui sévit en permanence.

Au cœur de Katmandou, il y a un quartier plus commercial qui attire plusieurs visiteurs : il s'agit de Thamel. S'y promener est exquis. Outre les boutiques qui vendent des copies ou de vrais «North Face» et autres marques, il y a de bons petits restos et une ambiance particulière qui permet de se sentir à l'autre bout de la planète.

Près de ce quartier se trouve la Place Dârbar de Patan, un endroit mythique avec des temples et des pagodes datant du 14e siècle... Un peu plus au nord de l'aéroport, au centre du quartier bouddhiste tibétain, se trouve l'un des plus beaux stupas du monde : le Bodnath (Boudhanat)! On doit y circuler dans le sens des aiguilles d'une montre afin de respecter le sens de la prière des pèlerins et des moines. C'est une place très animée où nous avons eu la chance de demeurer durant nos cinq ou six jours à Katmandou.

Sillonner l'Himalaya

Puisque nous étions de bons marcheurs, et que la lecture de cartes est presqu'une passion, nous avons décidé de partir à la conquête de l'Himalaya sans guide ni porteur. Après s'être enregistrés au bureau gouvernemental et avoir obtenu notre permis pour l'itinéraire souhaité, nous avons entamé une longue marche de trois semaines, remontant des vallées à l'eau cristalline et dormant dans de petites auberges gérées par les familles y habitent.

Quelle liberté! Chaque matin nous partions vers 8 h 30 et arrêtions où nous voulions pour manger, se reposer ou admirer le paysage. Nous croisions quelques fois des gens qui vivent dans ces montagnes; un grand sourire aux lèvres, ils nous saluaient immanquablement : «Namasté!» et nous leur retournions la pareille... même à bout de souffle. Signifiant «mon âme salue ton âme», cette expression illustre la spiritualité des Népalais dans cette contré où l'Homme est en constante présence de la magnificence et de la grandeur de la Terre. Nous sommes si petits face à toute cette force de la nature que cela nous enseigne l'humilité.

Plus nous gagnions en altitude, plus la végétation laissait la place à la roche, la glace et la neige. Cette différence est telle qu'au début nous étions entourés de grands conifères et après la septième journée, plus rien! Les bâtiments de bois cèdent leur place à ceux de pierres, les larges sentiers deviennent d'étroits sillons creusés par les yacks et les ânes.

Lorsque nous avons atteint Manang (3500 mètres), une belle petite ville en flanc de montagne, nous avons pris une pause d'acclimatation d'une journée, afin de donner la chance à notre organisme de s'habituer à l'altitude. Après le neuvième jour, nous nous sommes également arrêtés à Thorong Phedi (4800 mètres). Nous voulions attendre que notre ami Tommy se sente mieux pour franchir le col de Thorong-la (5500 mètres). Nous croyions qu'il avait le mal aigüe de l'altitude (SAS),  puisqu'il en avait plusieurs symptômes, mais il s'est avéré finalement qu'il avait une bactérie assez vorace au système digestif.

Vu que le temps, le repos et quelques médicaments n'arrangeaient pas son cas,  après la deuxième nuit, j'ai dû utiliser le seul téléphone satellite qu'il y avait dans la région (6$ US / minute) pour appeler ses assurances et un hélicoptère de sauvetage qui est arrivée le lendemain matin. Yannick l'a accompagné à l'hôpital de Katmandou et j'ai poursuivi avec Chris et Aurélie afin de franchir le fameux col.

À partir de 5000 mètres, nous n'avancions plus aussi vite. Chaque pas faisait l'objet d'un effort, puisque l'oxygène était de plus en plus rare. Nous avions le souffle très court. La lourdeur de mes pas m'obligeait à une intériorisation et renforçait mon esprit. Arrivé au col, je suis monté un peu plus haut pour avoir une vue d'ensemble ainsi que pour remercier le ciel de me permettre de voir cette immensité et de vivre cette belle expérience, aussi éprouvante soit-elle.

Puis, la descente de plusieurs jours dans une vallée très sèche, mais combien pittoresque, qui contrastait énormément avec l'autre versant. Je me suis fait inviter à tirer de l'arc par des jeunes de mon âge qui s'entrainaient pour un concours. Nous avons partagé un temps de méditation avec des sâdhus, très curieux de nos origines, et avec qui nous avons échangé des objets et de la nourriture.

Nous avons traversé de magnifiques rizières en terrasses, nous nous sommes baignés dans des torrents glacés ainsi que dans des sources thermales. Finalement, nous avons rejoins Yannick à Pokhara, où il nous attendait pour nous annoncer que Tommy s'était rétabli, mais qu'il avait dû retourner au Québec.

C'est à bord d'un imposant pédalo sur le lac Phewa à Pokhara que nous nous sommes promis de revenir dans ce pays où le temps s'arrête et où la pauvreté ne rime pas avec tristesse et violence, mais plutôt avec accueil et paix. Faites-vous un cadeau tout en aidant un peuple à remonter la pente : ALLEZ AU NÉPAL!

Namasté,

David Beaulieu                  


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