En trois ans, le nombre d'accidents sur les routes de l'Estrie impliquant des chevreuils est passé de 850 à 1 058, dont 48 sur l'autoroute 410. Quelles sont les raisons de cette augmentation? Quelles sont les solutions envisagées? Estrieplus s'est penché sur la question.
En 2015, 850 accidents impliquant le cerf de Virginie (communément appelé le chevreuil) sont survenus sur le réseau routier du ministère des Transports du Québec en Estrie. En 2016, le chiffre augmente légèrement à 859, pour atteindre 1 058 en 2017. Le Ministère n'a pas encore les statistiques pour 2018, mais on pense que le nombre d'accidents sera encore plus élevé. Notons que les accidents survenus dans les rues des villes de la région ne sont pas compris dans ces chiffres.
« Chaque année, le ministère des Transports fait une étude routière afin de pouvoir prendre les mesures nécessaires pour la sécurité des usagers de la route, tels que l'ajout de panneaux de signalisation ou la création de passages pour la faune », explique Nomba Danielle, du ministère du Transport, direction de l'Estrie.
Qu'en est-il des clôtures à chevreuil? C'est une possibilité qui pourrait être envisagée dans les prochaines années.
L'autoroute 410 est présentement le seul endroit en Estrie où l'on retrouve des clôtures. Il faut dire que la problématique est très importante à cet endroit. Pas moins de 48 accidents avec chevreuils sont survenus sur la 410 en 2017.
Dans les rue de Sherbrooke, on ne constate pas d'augmentation significative d'accidents avec chevreuil, mais le Service de police de Sherbrooke indique que les appels pour signaler la présence de cerfs ou d'orignaux dans les rues et sur les terrains ont augmenté au cours des dernières années.
À Magog, les accidents impliquant des chevreuils sont fréquents. Le week-end dernier, la Régie de police de Memphrémagog a été appelé à se rendre sur les lieux de six collisions entre véhicule et cerf de Virginie.
« En raison de la nature de notre environnement, il y a des chevreuils partout sur notre territoire et les accidents sont fréquents, indique Sylvain Guay, de la Régie de police de Memphrémagog. De plus, la chasse étant interdite dans le parc du Mont-Orford, elle peut occasionner une population plus dense de chevreuils à cet endroit. »
Nos hivers doux à blâmer
La biologiste responsable de la grande faune en Estrie, Anaïs Gasse, confirme qu'il y a une augmentation de cerfs de Virginie dans notre région. Nos hivers de plus en plus doux expliqueraient ce phénomène. L'animal subirait moins les lois de la sélection naturelle.
« L'hiver est un élément crucial dans la survie du cerf, explique Mme Gasse. À l'automne, ils accumulent des graisses pour ensuite se rassembler l'hiver dans des aires de confinement, où ils auront de la nourriture et où ils seront à l'abri du froid. Mais si l'hiver est long, froid, avec beaucoup de neige, ils épuiseront plus rapidement leurs réserves énergétiques pour combattre ces éléments. »
Par ailleurs, le chevreuil semble trouver plus facile de se déplacer dans les rues et sur les routes l'hiver, puisqu'il y a moins de neige à ces endroits.
« On rappelle aussi aux gens qu'il est néfaste de nourrir les cerfs, puisqu'ils choisiront de rester aux alentours des résidences, donc près des routes. Les nourrir peut aussi avoir des effets néfastes sur leur santé », indique Mme Gasse, qui précise qu'un nouveau plan de gestion sera appliqué en 2020.
« On gère la quantité de cerfs, d'orignaux ou d'ours sur notre territoire avec un plan de gestion efficace et avec l'aide des chasseurs. Le plan est renouvelé environ tous les dix ans et le prochain sortira en 2020. On pourra donc adapter nos modalités. Par exemple, on pourrait émettre un plus grand nombre de permis de chasse. »