Depuis plusieurs années, de
façon assez régulière, je me fais le
plus beau des cadeaux (à mon avis du moins) : je me retire du monde et
vais passer quelques jours dans un monastère.
Quand je sens que tout est
trop : trop vite, trop stressant, trop de choses à faire, trop de
responsabilités, trop de fatigue, je sais qu'il est temps de faire une
pause. Une pause de l'extérieur, pour
retrouver mon intérieur, pour refaire de la place à mon âme, pour retrouver le
souffle qui me donne la joie de vivre.
Je vous parle de cela parce
que justement, il y a à peine quelques
heures, je me trouvais dans un des monastères que j'affectionne, où j'ai passé
quatre jours. Pas de responsabilités, pas de choses à faire, juste à être. Méditations,
dodos, lectures inspirantes, gens inspirants et quelques réflexions que j'avais
envie de vous partager.
Dans les monastères vivent
des religieux et religieuses qui ont voué leur vie à Dieu, ce qui est un
engagement hors de tout ce qu'on peut imaginer. Toute leur vie est réglée sur
les différents offices de la journée.
L'activité principale est la prière et le reste en découle.
Le sujet de ma première
réflexion a porté sur Dieu et sa relation avec les humains. D'abord, comment les humains n'arrivent pas à
s'entendre sur ce qu'est Dieu, comment la science est impuissante à le fixer
dans un cadre qui serait sécurisant.
Première difficulté donc : sa définition! Chaque religion en a une,
mais les religions entre elles ne s'entendent pas non plus. Et au nom de Dieu
se produisent les plus belles et les plus grandes actions humanitaires en même
temps que les guerres les plus terribles. Qui donc a raison? On pourrait en
débattre tant et plus sans arriver à trouver la réponse. Car la réponse n'est
pas là. Elle se trouve dans l'expérience personnelle. Même si la science
arrivait un jour à prouver hors de tout doute que Dieu existe bel et bien, est
fait de telle ou telle substance, c'est l'expérience qu'on en fait qui fait
toute la différence, comme d'ailleurs pour
toute chose qui existe sur terre : si je n'ai pas d'odorat, on peut
me décrire tant et plus les différentes odeurs des fleurs, mais cela restera
abstrait pour moi tant que je ne les aurai pas senties moi-même. Dépendamment
de mon tempérament, je peux vous croire sur parole ou vous obstiner que les
odeurs n'existent que dans votre tête, mais le fait demeure que moi, je ne
l'expérimente pas.
Au Québec, la religion a
perdu beaucoup d'adeptes dans les cinquante dernières années : beaucoup
d'églises se sont vidées, vendues et le dimanche, beaucoup de gens vont
davantage magasiner qu'à la messe. Bonne ou mauvaise chose? Encore ici, on
pourrait en débattre longtemps.
Cependant, quand je suis dans
le feu de l'action de ma vie et que j'ai besoin d'acheter quelque chose, je
suis bien heureuse de trouver les magasins ouverts le dimanche. Mais quand,
justement, le feu de l'action de ma vie devient trop intense, je suis heureuse
que des gens gardent des endroits pour s'arrêter, méditer, se recueillir (se
re-cueillir), se reposer, laisser le temps se vivre.
La vie est faite
d'équilibre : veille-sommeil, nuit-jour, lumière-obscurité, travail-repos,
activité-réflexion.
La méditation et le yoga me
permettent de garder un certain équilibre dans ma vie de tous les jours. Mais
parfois, même ces disciplines ne suffisent plus dans le tourbillon de notre
façon de vivre. Alors merci à nos moines et nos moniales d'ouvrir leurs maisons
pour nous rappeler que nous devons prendre soin de notre corps, mais aussi de
notre âme car au fond de nous-mêmes, nous savons tous que nous sommes
infiniment plus complexes que ce que notre culture nous suggère. Nous sommes infiniment plus que juste des
consommateurs!