Depuis l'âge de 17 ans, Audrey
McMahon, résidente en psychiatrie au CHUS de Sherbrooke, pratique régulièrement
le yoga. Son premier cours a été une révélation, si bien que quelques années
plus tard, elle se mettra à la recherche d'une formation thérapeutique dans ce
domaine afin d'enrichir ses études en médecine, particulièrement dans le volet
de la santé mentale.
Plusieurs études scientifiques
démontrent les bienfaits de la respiration sur la réduction du stress, la
régulation émotionnelle ainsi que sur la santé globale. Aux États-Unis, il y a
plus de 30 ans que la méditation pleine conscience est utilisée dans les
hôpitaux. Des études ont démontré que la méditation pleine conscience
(méditation, yoga, scan corporel) avait les mêmes effets que les antidépresseurs.
En Europe, des professeurs de yoga sont engagés dans les hôpitaux.
La science du yoga
Le yoga est une science originaire
de l'Inde datant de plusieurs millénaires. Le mot yoga veut dire « joindre, relier, intégrer,
harmoniser ». Il offre à tous ceux qui le pratiquent la possibilité de
développer l'union et l'harmonie entre le corps, le mental et l'esprit. C'est
une philosophie qui apporte un « mieux vivre » au quotidien et qui
est source de sagesse lorsque l'on décide de s'y adonner.
Ce n'est pas une religion, mais un
moyen de vivre en harmonie avec soi-même et avec les autres, peu importe nos
croyances. Une pratique régulière de yoga nous permet de maintenir une bonne
forme physique, émotionnelle et spirituelle, ou de la retrouver, si nous
éprouvons des problèmes de santé.
L'école de yogathérapie Re:Source
Après avoir pratiqué le yoga
pendant 8 ans, Audrey McMahon cherchait une formation thérapeutique de yoga,
pouvant être complémentaire à ses études en psychiatrie.
« Le yoga permet une approche
complète, il touche l'unité. Pour moi,
il est clair que tout est un: notre
esprit, notre corps, notre être..., affirme Madame McMahon. Il y a plusieurs
façons de traiter les patients, et si on s'arrête seulement sur une école de
pensée, on manque quelque chose. En étant en médecine, je trouvais qu'il y
avait une partie qui n'était pas adressée dans mes cours. La médecine
occidentale n'est pas complète, le yoga va chercher quelque chose de plus
grand », reprend-elle.
Après avoir discuté avec un
professeur de yoga de son désir de vouloir entreprendre une formation dans
cette discipline, celui-ci lui a parlé d'une école à Montréal; l'école de yogathérapie
Re:Source. Elle a rencontré la professeur Carina Raisman une semaine avant le
début des cours, et a été enchantée par le programme.
Des personnes de toutes les
professions viennent suivre cette formation pour ajouter des cordes à leur
arc : massothérapeute, ergothérapeute...et psychiatre! En tant que
psychiatre, les notions de respiration et l'aspect méditatif sont très utiles
dans le domaine de la santé mentale. Le yoga est complémentaire afin d'offrir
des outils et des techniques efficaces pour bonifier la santé de chacun.
Des cours de méditation pleine conscience à l'hôpital
De janvier à mars 2015, Audrey
McMahon a donné un cours de méditation pleine conscience à l'hôpital, en
partenariat avec un intervenant en soins spirituelles. Elle est présentement la
seule résidente en psychiatrie à Sherbrooke qui détient une formation en
yogathérapie.
« Je ne suis pas la seule
médecin à m'intéresser à la méditation pleine conscience, mais pour ma part, je
l'applique avec mes patients. Pour les autres qui démontrent de l'intérêt, je
ne sais pas s'ils en parlent à leurs patients, mentionne-t-elle. C'est encore
le début, mais après deux séances, un patient m'a révélé que ces techniques
l'avaient beaucoup aidé, alors c'est encourageant », renchérit-elle.
La méditation pleine conscience
peut sans aucun doute diminuer grandement le stress, ce qui amène une réduction
de la médication chez certains patients, voire même l'élimination complète.
Cela dépend évidemment de l'historique de la personne, car chez certains
patients, les médicaments peuvent demeurer complémentaires, il faut évaluer
personnellement chaque cas, car chaque cas est unique.
Dr McMahon utilise déjà des
techniques de respiration et des notions apprises dans sa formation en yogathérapie
avec quelques-uns de ses patients.
Une vision pour le futur
Pour l'avenir, Audrey McMahon
souhaite une approche de santé plus globale.
« Je pense qu'il est possible
de répondre mieux à la vraie définition de la santé. La santé n'est pas seulement
physique, mais aussi morale et spirituelle. Je pense que certains aspects
manquent dans notre système de santé. Je souhaite qu'en s'ouvrant aux approches
complémentaires, on puisse constater les bienfaits que ça peut apporter pour
ainsi mieux répondre aux besoins des gens. Je suis peut-être utopique, mais
j'aimerais amener cette ouverture-là dans le système actuel.»
De la méditation dans les hôpitaux,
des professeurs de yoga, l'enseignement d'une respiration plus consciente sont
toutes des avenues qui travaillent dans la prévention des maladies, et qui sont
visionnaires, dans la mesure où elles responsabilisent chaque individu à faire
partie intégrante de leur guérison. Dans une société où les hôpitaux regorgent
de patients, espérons que ces nouvelles perspectives apporteront soulagement et
acquisition de nouvelles habitudes de vie saines aux patients, afin de prévenir
les maux au lieu de les soigner.
Il n'existe rien de constant, si ce n'est que le
changement. -Bouddha