Il ne suffit que de mentionner le nom de la rue Webster, au
centre-ville de Sherbrooke, pour que les yeux des plus grands s'illuminent. La
Suite repose dans les mêmes locaux que la Falaise St-Michel, jadis, étant une
des cuisines les plus prestigieuses des Cantons- de-l'Est.
Depuis six ans en affaires, La Suite s'est développée sur
trois étages. C'est vaste et aérien. C'est d'ailleurs ce que j'ai observé dès
mon arrivée sur les lieux. Le contraste du noir et du blanc de la décoration
apporte à mes yeux une impression de grandeur immense. Lors de ma réservation,
le propriétaire n'avait pas omis de me faire mention que la place était encore
plus profitable en soirée. Les géantes fenêtres d'origines ont été conservées,
un néon rouge parcourt la pièce et des rideaux blancs pendouillent, ce qui
augmente ma sensation de légèreté.
Le classique restaurant prône la célèbre phrase « apportez
votre vin ». Un détour à la SAQ avant s'impose, ou bien, la bataille des
bouteilles de vins dans votre cellier. Que la meilleure bouteille gagne!
Ha, du pain! Moi, quand le pain arrive sur la table avec
ses accompagnements (vinaigre balsamique, pesto et beurre), j'ai l'impression
de ne pas avoir mangé depuis cinq ans. Du pain, c'est rassembleur, on partage,
on jase, on place les pions de la soirée.
Je siège juste à côté du foyer. Il est énorme. Sa chaleur
simule un cocon de confort. Ici les gens placotent. J'ai d'ailleurs réalisé
qu'une musique en sourdine jouait juste à la fin du repas. Mon étoile d'or va à
l'emplacement des tables. Elles sont vraiment distancées. Honnêtement, notre
bulle est conservée et je ne suis même pas proche de ma voisine de table.
Entendre gazouiller ne m'agace donc pas. Je me délecte de mon potage
champignons, asperges et huile de truffes.
Mon entrée est servie. Natasha, la serveuse, dépose mon
croustillant de chèvre des neiges enrobé d'amandes et de panko, avec chutney à
l'ananas gold et coriandre juste à côté de ma coutellerie. Mon chum savoure ses crevettes tempura de La
Suite. Je suis visiblement très influençable ce soir. Je me laisse guider à 100
% par les choix de la maison.
Mon plat principal est déjà en commande. Le service est
très rythmé. Ici, c'est la cuisine des sens et la fusion des saveurs. Mais on
pourrait ajouter un « service caméléon », car il s'ajuste aux demandes
du client. Les choix du menu changent aux trois mois environ. Les classiques
demeurent figés dans l'encre du dépliant. La bavette et le filet mignon, c'est
impossible de toucher à ça. Deux incontournables qui font la renommée du
restaurant. Le chef cuisinier, Robert Gagnon, s'amuse tout de même à changer en
rotation le tableau des accompagnements des deux plats favoris.
Ce resto, c'est comme le Yin et le Yang. Des chandelles
apaisent l'effervescence de l'ambiance. La Commission des Liqueurs étant juste
en bas, je croyais à tort que la clientèle était grandement composée de futurs
fêtards qui choisissaient d'écouter l'appel de la faim avant celui de la
célébration. Il semble que non. Couples, réunions, amis, groupes, l'éventail
des mangeurs est large.
Mon assiette principale arrive à bon port. Bavette de bœuf
marquée sur le grill au vieux cheddar et fond de veau. Que dire des frites. Euh...
Wow! Je pense sérieusement développer une dépendance. Pas grasses, toutes en
finesse, goûteuses et croquantes. Conseils aux proprios; vite une version « poutinée ».
C'est juste trop parfait.
L'homme carnivore choisit le filet mignon. Mignon de bœuf
marqué sur le grill, fond de veau au bacon, purée de pommes de terre à la
ciboulette et crème sure. Une pièce de viande massive est assumée, en moyenne,
entre 8 et 10 onces. Ce n'est pas juste un morceau, c'est presque un mini-bœuf!
David Quirion, Francis Delage et Éric Bérubé ont vraiment
le tour de nous faire monter à la suite. Le bouche à oreille du restaurant est
très puissant. J'ai d'ailleurs avant ma première visite entendu que du bon de
cette sortie. Une autre belle preuve que le Centre-Ville de Sherbrooke est
encore bien-portant. Dans sa simplicité le restaurant La Suite réussit tout de
même à faire des artifices. Les services étaient colorés, flamboyants. J'ai
bien apprécié la présence de légumes colorés et variés dans mon choix de plats.
Que le dessert soit aussi délicieux que le début de mon
repas. Hourra! Une crème brûlée servie dans une vaisselle longiforme. Je n'ai
pas vu ça souvent ce genre de présentation.
En combo avec mon café, je sirotais le bonheur sans flafla.
C'est le resto idéal pour refaire le monde, se raconter des blagues, un souper
avec vos amis du secondaire, voir naître un nouveau projet.
La Suite ? Au premier, au deuxième ou au troisième, La
Suite promet une finale aussi délectable que l'amorce. La Suite, le détour vaut
les trois petits points ...