C'est drôle, comment je réagis parfois en retard...
C'est arrivé dimanche dernier, mais voilà que je l'ai
vraiment réalisé mercredi soir.
Ce que je vous raconte ici n'a rien à voir avec un grand
scénario de film ou de roman à succès. Et pourtant, c'est vital. Basique.
Fondamental.
Des vies, on n'en a pas deux ou trois. On en a une.
Virtuellement, les jeux vidéo en proposent plusieurs. Même que des codes
disponibles sur Internet permettent généralement d'en ajouter autant qu'on le
souhaite. Une tricherie qui n'existe pas
dans la vraie vie.
Dans chaque vie, je vois un sentier. On peut, cela dit, le
moduler. Le faire tourner à gauche ou à droite. On peut avoir l'impression d'en
sortir pour ensuite y revenir. Ou pas. Personnellement, je ne crois pas que le
sentier soit dessiné à l'avance et que tout soit préprogrammé, mais ça, c'est
moi.
Si, dans mon titre, les mots vie et sentier sont au singulier,
le mot repères, lui, est au pluriel.
Dimanche dernier, donc. De façon un peu improvisée, et selon
les disponibilités du moment, j'ai retrouvé des membres de ma famille. Certains
venus de loin. Finalement! On a jasé, beaucoup ri, tantôt dehors, tantôt à
l'intérieur.
Nous avons passé là quelques heures de notre dimanche. Et
nous sommes retournés dans nos chaumières respectives, le cœur léger.
Je vous l'ai dit : ce n'est pas un scénario de grand
film ou roman à succès!
Puis, mercredi. Toute fin de journée. Je retrouve avec
plaisir un ami avec qui je m'accote, généralement, quatre ou cinq fois l'an.
Après les « me semble que ça fait trop longtemps » et « là, on
reprend le rythme, mon vieux! », voilà qu'on tombe en synchronicité de
cœur et d'esprit sur l'histoire que je viens de vous raconter. L'ami avait vécu
la même chose que moi avec sa famille.
Mais il avait poussé plus loin l'analyse.
C'est là que tout s'est aligné. Il m'a parlé de ce confort
ressenti à côtoyer les siens. L'impression "d'être à la maison" au
sens plus large, parce que c'est ce réconfort que la famille inspire. Les
échanges en grands groupes, mais souvent en sous-groupes. Les rires, mais les
confidences aussi. Le goût de savoir comment ça se passe pour l'autre. Cette
absence de pression dans un petit univers où chacun a une place naturellement.
Sans stratégie. Sans compétition comparative.
Le genre de rencontre où on réalise que ces gens-là
constituent, chacun à sa façon, un repère rassurant pour les autres.
Un sentier sans repères est un sentier sec. Sans substance.
Ce n'est pas la première fois que j'observe cette
synchronicité avec l'ami. Mais c'est en retournant chez moi, plus tard, ce
mercredi, que j'ai réalisé ma chance d'avoir des repères familiaux et amicaux.
Cette même réflexion m'habite quand je constate la violence
que subissent trop de gens, le trop grand nombre de sans-abris, de réfugiés, de
laissés pour compte.
Chacun a sa vie. Son sentier.
Mais ce n'est pas évident pour chacun d'identifier
l'orientation à donner à ce sentier.
On naît tous égaux, c'est de la foutaise.
On est tous égaux, c'est de la foutaise.
En fait, on est tous les possibles quand on regarde la chose
plus collectivement.
Savoir apprécier la valeur de nos repères, sur le sentier de
notre vie, c'est être disposé à comprendre que celle ou celui qui n'en a pas
est mal outillé.
Même avec la meilleure volonté, mal outillé, personne ne
peut contribuer de façon valorisante au grand chantier qu'est notre société.
Clin d'œil de la semaine
« Passe-moé ‘à puck, pis j'vas compter des buts »
-Les Colocs