Combien de fois je peux dire ça dans une semaine... Excuse-moi, j'ai manqué de temps pour te lâcher un coup de fil, j'ai manqué de temps pour l'entraînement (qui m'aide à réduire mes tensions quotidiennes), j'ai manqué de temps pour aller souper avec des amis si précieux.... Bon ok, on commence à comprendre la ritournelle.
Le concept qui s'infiltre plus vite que la gangrène dans nos horaires est devenu le mal du siècle. Combien ont attendu d'être mis au pied du mur avant de poser des actions ? Ici, je dois lever ma main deux fois. Je serais un cordonnier bien mal chaussé si je faisais la morale à quiconque sur le sujet, en fait, on pourrait plutôt parler d'un cordonnier en pieds de bas. (rires)
Mais voilà, dans les dernières semaines, une personne dans mon entourage rapproché m'a fait part de son mal de dents. Un mal qui semblait s'intensifier avec les semaines, mais qui a réussi avec succès à s'enraciner dans son quotidien. Jusqu'à ce que le fameux moment arrive, par un bel après-midi d'été, et qu'une d'entre elles se fissure... Le dentiste est alors devenu une priorité.
L'exemple est banal, mais s'applique à toutes les situations. Pourquoi on attend les mariages ou les funérailles pour se dire qu'on s'aime ? Pourquoi on attend le diagnostic du burn-out avant de diminuer la cadence ? Pourquoi on attend le pire avant de se dire que la vie est fragile ? Pourquoi on s'inflige ça ?
J'ai remarqué d'ailleurs que l'on repousse souvent à plus tard ce qui se rattache directement à nous. La gymnastique d'horaire devient beaucoup plus naturelle lorsqu'il s'agit des autres... (aller porter les enfants à leurs activités, nourrir le chat de la voisine en vacances, remplacer une collègue malade ... pour ça il ne semble pas y avoir de limite !)
Je comprends qu'au quotidien la To Do List est looooongue. C'est humain de ne pas avoir le temps de tout voir, de tout lire et de tout regarder; même pour les plus curieux d'entre nous. À travers nos envies résident des tonnes de devoirs et de responsabilités, on a bien compris la deuxième partie. Mais si nos envies disparaissaient complètement parce qu'on les fait taire trop souvent ? Et si on oubliait de vivre dans ce tourbillon ? Je comprends Christophe Maé de chercher le bonheur dans ce contexte-là, parce qu'on s'en éloigne dangereusement.
Je suis certaine par contre qu'en changeant certaines habitudes, il y a matière à nourrir sa flamme plutôt que de la consumer et ainsi se rapprocher un peu chaque jour de... l'équilibre ! Juste de prendre conscience de toutes les fois où les quatre mots maudits « j'ai pas le temps » sont prononcés et déjà la quête est commencée.
La preuve, c'est que j'ai manqué de temps cette semaine pour rédiger ma chronique. À la dernière minute, je me suis raisonnée et j'ai créé du temps. Pourquoi me priver de coucher mes réflexions sur du papier virtuel alors que j'y prends plaisir ? En créant ce précédent, j'ouvre aussi la porte à « manquer de temps » une autre semaine, jusqu'à ce que ça devienne récurrent et que la motivation s'envole. (Bon, je vais loin, ça peut arriver de manquer de temps une semaine.)
Peu importe, il suffit seulement garder en tête que le manque de temps a bien meilleur goût... avec modération !! ; )
Isabelle Perron