Dans plusieurs pays du monde, les consommateurs ont dû faire leur deuil de la bonne vieille ampoule incandescente de M. Edison. Au Canada, les magasins ne peuvent plus s'approvisionner en ampoules incandescentes depuis le 1er janvier 2014. Les consommateurs se sont à peine habitués à l'ampoule fluocompacte (AFC) que déjà l'ampoule à diode électroluminescente (DEL) commence sérieusement à jouer du coude pour se tailler une place grandissante dans le marché.
L'Académie royale des sciences suédoise attribuait en octobre le prix Nobel de physique 2014 aux Japonais Isamu Akasaki et Hiroshi Amano, tous deux professeurs à l'Université de Nagoya, ainsi qu'à Shuji Nakamura, professeur à l'Université de Californie à Santa Barbara, pour leur invention de la diode électroluminescente (DEL) au début des années 1990. L'Académie soulignait le potentiel d'économie d'énergie de leur invention, l'éclairage consommant à lui seul 25 % de l'énergie de par le monde.
Autrefois reléguée au rôle de voyant lumineux dans les appareils électriques et électroniques, la DEL revêt maintenant les formes les plus variées : ampoules de remplacement (incandescentes, à halogène ou AFC), encastrés, tubes (pour le remplacement des tubes fluorescents), panneaux. Il est donc possible maintenant de passer à l'éclairage à DEL sans avoir à se munir de nouveaux luminaires. Durabilité et faible consommation en sont les principaux atouts.
Dans l'ampoule à incandescence, l'électricité échauffait un filament de tungstène, un procédé fort inefficace, car 95 % de l'énergie se dissipait en chaleur, alors que l'on cherchait en fait à produire de la lumière. Avec l'ampoule halogène, léger gain en efficacité, le filament étant entouré d'un gaz halogène qui permet au tungstène de se déposer à nouveau sur le filament. Dans le cas de l'AFC, même principe que l'éclairage fluorescent : l'électricité excite les atomes de mercure dont les rayons sont convertis en lumière en traversant le phosphore qui se trouve sur la paroi interne de la lampe. Avec la DEL, le principe s'avère plus simple et direct : l'électricité traverse un matériau semi-conducteur qui produit la lumière.
« L'éclairage à DEL a fait des progrès énormes au cours des cinq dernières années », explique Simon Noreyko, associé chez Les ventes Futura. Au début des années 2000, la DEL ne servait strictement qu'à des fins commerciales, aux lampes de poche et aux éclairages de réfrigérateurs ou de cuisinières. En l'intégrant à des circuits, on a pu en augmenter la puissance et l'utilité. Depuis 2009-2010, un véritable marché a été créé pour cette technologie. « Il y a eu beaucoup de recherche-développement, continue-t-il.
Depuis 2012-2013, la DEL peut remplacer à peu près n'importe quelle source d'éclairage (aux halogénures métalliques) en termes de puissance. » Selon lui, la DEL représentait 10 % des ventes de l'entreprise en 2012; l'année suivante, ce pourcentage avait bondi à 50 %, et en 2014, il atteignait 80 %.
Fred Naimer, qui ouvrait au printemps 2014 Montréal Luminaire et Quincaillerie, un salon d'exposition nouveau genre récompensé pour son design, émet tout de même quelques réserves. « C'est un peu le Far West, admet-il. Lorsque l'on paie 20 $ et plus pour une ampoule et que la durabilité n'y est pas... » Selon lui, on ne pourrait pas non plus se fier aux grands noms qui produisent des ampoules bas de gamme dont la couleur et la luminosité laissent à désirer. La boutique fait donc ses propres tests sur les produits qu'elle vend afin de garantir à sa clientèle des produits fiables.
La DEL n'en poursuit pas moins sa course. Le problème de compatibilité avec les gradateurs qui crée un effet de scintillement un peu agaçant est désormais réglé. Une entreprise française, Legrand, a mis au point un gradateur universel qui s'ajuste à la lampe et à sa charge.
Voilà maintenant que la DEL se fait intelligente : contrôlée à distance par un téléphone intelligent, l'ampoule munie d'une puce peut être programmée et communique avec ses pairs par Bluetooth pour éclairer votre passage dans un corridor. Elle peut aussi changer de couleur et d'intensité selon l'heure du jour. Plus besoin de fils, même pas de système de domotique en fait!
Appareillée à des cristaux Swarovski, la DEL crée des halos chatoyants discrets du plus bel effet. Offert en rubans, elle peut créer des effets sculpturaux et ajouter de la profondeur aux murs. On peut aussi la combiner à un jeu de couleurs qui fera subtilement varier la couleur de la lumière. Des « règles » étirées d'un bout à l'autre d'un caisson réfléchissent doucement la lumière au plafond et créent un effet des plus spectaculaires dans un hall d'entrée! « La DEL est parvenue à maturité, termine Simon Noreyko.Elle peut pratiquement tout faire, jusqu'à l'éclairage de rue! »
Le secteur résidentiel n'a pas encore adopté l'éclairage à DEL que déjà se pointe à l'horizon une autre technologie, l'OLED, pour Organic Light-Emitting Diode. Cette fois, l'électricité traverse une pellicule qui émet de la lumière. On vend déjà des téléviseurs OLED et quelques fabricants ont commencé à jouer avec ces panneaux qui émettent une lumière douce et diffuse sur de grandes surfaces. Peut-on imaginer un mur ou un plafond revêtu d'un tel matériau? On n'arrête pas le progrès!
Par Louise A. Legault