Centre-ville de Sherbrooke, un certain vendredi soir du mois
d'avril, le tout premier en fait. Sherbrooke se retourne pour le début du
printemps. L'effervescence du mouvement et de l'exaltation est palpable. Je
bifurque à droite sur la rue King Ouest pour entrer au Tapageur.
La philosophie de l'endroit est je tapage, tu tapages, il
tapage. C'est une contradiction qui me fait sourire, car honnêtement j'éteins
le brouhaha urbain en entrant dans l'établissement. C'est donc un grand bruit
positif qui se jette sur moi.
Au premier coup d'œil, l'endroit est très convivial. Hommes,
femmes, jeunes, repas de couple, first date, souper de sportifs, une gang de
chums, les atours du restaurant sont mixtes et la clientèle aussi. La
ventilation de métal industriel, les banquettes, la sculpture moderne
métallisée offrent un beau face à face avec les plantes vertes suspendues, les
cadres thématiques bouches et lèvres de l'artiste Catherine Arguin et les
belles lampes « longiformes ».
L'endroit change de couleurs régulièrement. Aux deux mois,
un nouveau vernissage a lieu, avec la complicité des deux propriétaires de
l'endroit, Gilles Gagné et Francine Larochelle. Ils n'arrêtent presque jamais
leur mode Tapageur. Lors de ma visite, c'était sans blague leur premier congé
depuis belle lurette.
Mon serveur arrive à ma table. Marc-Antoine Turcotte est en
poste depuis 5 ans. Serveur? Je devrais dire un ambassadeur de la place. Sa
fougue et sa passion s'illumine dans ses yeux. Ici, nous sommes d'abord et
avant tout des amis, le respect mutuel est très fort, la synergie aussi, ça
nous permet de toujours se déplacer vers l'avant.
Les idées, je les vois voler en transparence dans le
restaurant. La carte d'alcool est vraiment impressionnante. Il n'hésite pas à
me recommander une création de Caresse, la fille au bar, qui s'efforce
d'ajouter une touche de folie à ses cocktails. Son nom est si singulier,
c'était impossible de l'oublier.
Mon premier service est en préparation. Des tapas. Ho oui !
Une assiette de charcuteries, fromage, boudin et marinades. Je suis au paradis
car chez-moi j'adore constituer mon assiette avec une panoplie d'à côtés. Coup
de cœur pour le smoked meat de langue de bœuf. C'est tellement doux que ça fond
dans la bouche. Nous sommes très loin de la vieille image d'une langue de bœuf
dans le vinaigre à la taverne. J'essaie de partager en portion égale le jambon
des Îles-de-la-Madeleine.
L'ambiance est toujours parfaite ici. C'est un lieu de rencontre
pour les amateurs de hockey, de soccer, de musique et de bonnes conversations.
C'est vers 22h environ que la portion restaurant se transforme en version bar
Tapageur. Récemment l'endroit à remporté une place dans le Top 10 des meilleurs
bars du Québec hors Montréal selon le site thrillist.com. Un honneur flatteur
que le chef, les serveurs, les employés et les patrons ont vraiment apprécié.
Une belle tape dans le dos qui est arrivée par surprise.
La chorégraphie des planches de bois se poursuit. Le chef
Jasmin Vallières est derrière la cuisine depuis 1 an et demi presque. D'abord
en agissant comme consultant, l'Estrien avait déjà les pieds dans son
restaurant au Costa Rica. Il apporte un nouveau souffle à l'entreprise. J'ai un
vague souvenir d'avoir tenté l'expérience auparavant, honnêtement mon aventure
est décuplé depuis mon arrivée.
Je déguste mon tataki de thon rouge au sésame et gingembre.
Mon amoureux pige dans le menu l'ardoise pour choisir ses crevettes coriandre
et lime. Des bouchées parfaites et goûteuses à souhait. J'enchaîne ma
dégustation avec une joue de bœuf braisée. Sa sauce à la moutarde est si crémeuse
que je souhaiterais en avoir la recette pour me baigner dedans telle Cléopâtre.
Que dire des légumes racines en chips pour accompagner le plat. J'adore celles
au Taro, un légume racine qui provient des Caraïbes.
Quelques pilons de canard prennent place au centre de notre
table, je noie ma viande dans la sauce BBQ maison. Mon cerveau renoue avec mon
penchant pour une certaine panure du colonel, mais en version de luxe. J'en
reviens juste pas du prix. J'en reviens juste pas des saveurs. C'est si
abordable, pour un jeune couple, des étudiants, pour bien manger pour pas trop
cher, je suis renversée par ma découverte coup de cœur.
J'écoute le plus subtilement possible mes voisines de table,
placoter de l'excellence des sangrias. Inutile de chercher ailleurs, les plus funky se greffent à ce menu. À la pêche,
avec du cidre de pommes, le Sprite est un élément qui se répète dans la plupart
des versions. Ce n'est pas rare de voir
des clients entrer juste pour prendre une consommation. Mais attention, l'envie
sera forte (même si vous avez déjà mangé) de commander juste une petite affaire.
Mon attention se tourne sur le dessert. Un mi-cuit coulant
et sucré au chocolat. C'est délirant comme c'est bon! J'ai choisi de passer ma
soirée collée sur le bord de la fenêtre, je découvrais Sherbrooke en mouvement,
mes yeux étaient toujours stimulés.
Pour une sangria pas aplanie, pour une bière pas plate, pour le combo
Ciné-Tap vraiment avantageux, pour un
lunch pas cher et assumé, viens conjuguer ton plaisir au Tapageur. Je tapage,
tu tapages, il tapage. Quoi que je préfère celui au futur simple, je tapagerais
encore et encore.