Corridor appalachien souligne la collaboration exemplaire des municipalités en ce qui concerne la proposition du Plan de connectivité écologique - Autoroute 10, qui cible les aménagements fauniques optimums à prévoir afin de restaurer la connectivité écologique de part et d'autre de l'A10, entre les bornes kilométriques 74 et 121. Les maires et mairesses des municipalités de Bromont, Eastman, Bolton-Ouest, Stukley-Sud, Saint-Étienne-de-Bolton, Orford, Magog, Farnham, Lac-Brome, North Hatley et Austin, notamment, accompagnaient l'organisme de conservation pour le dévoilement du Plan de connectivité écologique - Autoroute 10, lors de son point de presse à la Maison Merry, à Magog.
MISE EN CONTEXTE DE LA PROBLÉMATIQUE
La connectivité écologique est reconnue pour son importance, non seulement comme alliée dans un contexte de changements climatiques, mais également pour le maintien de la biodiversité. La faune a besoin de se déplacer dans son habitat pour boire, manger et se reproduire. Quand une route est construite au milieu d'un habitat, la faune doit la traverser. La route devient alors un obstacle à la connectivité écologique et dans le cas de l'autoroute 10, elle est l'obstacle majeur du secteur, ainsi qu'en témoignent le grand nombre de collisions véhicules-faunes chaque année. En effet, selon les données du ministère des Transports du Québec (MTQ - 2015), on recense chaque année, sur le seul tronçon situé entre les kilomètres 68 et 143, en moyenne 90 collisions avec un cerf, 8 collisions avec un orignal, 2 collisions avec un ours et plusieurs centaines avec la moyenne faune. Afin d'augmenter la sécurité des usagers de la route et de la faune, ainsi que pour améliorer la connectivité, la solution consiste à aménager des structures de passage adaptées, comme des ponts, des tunnels et autres, et d'y diriger la faune au moyen de clôtures.
UN LIEU STRATÉGIQUE IMPORTANT
Le Plan de connectivité écologique - Autoroute 10 revêt une importance stratégique majeure en raison même du lieu où il se trouve. Il s'insère directement dans les Appalaches nordiques et de l'Acadie, un secteur qui établit une connexion essentielle entre les forêts tempérées de l'est des États-Unis et les forêts boréales du Canada, au climat plus frais. La portion québécoise de cette écorégion (aussi connue sous le nom des Montagnes-vertes du Nord) est située précisément au sein du territoire d'action de Corridor appalachien. Elle constitue l'un des liens les plus névralgiques pour la connectivité écologique dans l'est de l'Amérique du Nord et l'autoroute 10 en est le plus grand obstacle.
UNE DÉMARCHE SCIENTIFIQUE ET RIGOUREUSE
Le Plan de connectivité écologique - Autoroute 10 est le résultat d'une vaste démarche d'analyse et de consultation réalisée par Corridor appalachien et ses partenaires depuis 2010. Elle a permis de cibler sept zones prioritaires en fonction de quatre critères : l'occurrence de mortalité routière, l'utilisation du sol, la proximité d'un corridor écologique ou d'un noyau d'habitats et la proximité d'un cours d'eau. De ces sept zones, deux sont situées dans le secteur Bromont-Shefford, trois dans le secteur Bolton-Ouest-Stukely-Sud, une dans le secteur Eastman et une dans le secteur Austin-Magog.
La démarche a également permis d'identifier les types d'aménagement les plus pertinents selon les secteurs. Ainsi, le Plan prévoit d'abord d'optimiser les structures existantes actuelles, par exemple en ajoutant des tablettes à des ponceaux existants, en construisant des ponceaux surdimensionnés, en aménageant les berges des cours d'eau ou en modifiant des structures routières existantes. Il prévoit aussi l'aménagement de passages adaptés aux différentes faunes : des passages inférieurs, sous la route, pour les petite et moyenne faunes; des passages supérieurs - regroupant les passerelles fauniques et les ponts écologiques - pour la grande faune (lynx roux, cerf de Virginie, orignal, coyote, ours noir, etc.).
« Nous sommes ravis de cette nouvelle étape vers la réalisation de ce grand projet innovateur dans notre région,» déclare Lisette Maillé, mairesse d'Austin et représentante des mairesses et maires qui soutiennent le projet. « À Austin, nous collaborons à ce projet depuis bientôt dix ans, notamment par l'adoption de mesures règlementaires qui réduisent les obstacles à la libre circulation de la faune.»
DES AVANTAGES POUR LA FAUNE ET LES HUMAINS
Si les mairesses et les maires adhèrent au Plan, c'est qu'ils y voient de nombreux avantages pour leurs citoyens.
Les usagers de l'autoroute bénéficieraient d'une amélioration de la sécurité routière puisque des installations adaptées réduiraient considérablement le nombre de collisions faune-véhicules, ainsi que les coûts annuels qui en découlent. À cela s'ajoutent les blessures parfois très graves, les pertes de temps, le stress pour les usagers et même les pertes de vie humaines.
Le projet favoriserait les mouvements et le maintien de la biodiversité.
« Dans un contexte de changements climatiques, l'adaptation des espèces aux hausses de températures dépend de la connectivité écologique entre les milieux naturels, permettant leur déplacement du sud vers le nord. Or, les routes agissent comme une barrière pour de nombreuses espèces, empêchant l'utilisation de ces corridors écologiques » explique Clément Robidoux, directeur de la conservation chez Corridor appalachien. « La fragmentation des écosystèmes par le réseau routier est une menace sérieuse au maintien de la biodiversité. »
Enfin, comme la connectivité écologique est clairement identifiée comme une stratégie d'adaptation aux changements climatiques, le Plan de connectivité écologique - Autoroute 10 serait une réponse évidente tant pour la région immédiate que pour l'écorégion des Appalaches nordiques et de l'Acadie.
UNE VISION AMBITIEUSE ET BIEN ACCUEILLIE
« La réponse des acteurs à qui nous avons présenté le Plan est plus que positive! Le projet répond à une problématique bien connue, non seulement chez les citoyens, mais aussi chez les décideurs qui veulent faire changer les choses. C'est aussi une façon de sécuriser tous les investissements qui ont été faits en conservation dans la région et de contribuer au maintien à long terme des écosystèmes du Parc national du Mont-Orford, » dit Mélanie Lelièvre, directrice générale de Corridor appalachien. « Dans le contexte actuel des connaissances en écologie routière, des changements climatiques et des nouveaux objectifs de préservation de la biodiversité, à la veille d'un nouveau mandat du gouvernement, il nous apparait important de faire inscrire le Plan dans les priorités. »
Selon les prévisions, l'ensemble du projet coûterait entre 110 et 141 M$. Les investissements pourraient s'échelonner sur le cycle de réfections prévues des infrastructures sur ce tronçon de l'autoroute 10. Le succès de la mise en oeuvre du Plan repose sur l'engagement de leadership du ministère des Transports du Québec
en partenariat avec le ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs du Québec, le ministère de l'Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques, les MRC, les municipalités locales, les organismes de conservation et autres partenaires locaux.
UN PLAN RÉGIONAL QUI S'INSCRIT DANS UNE INITIATIVE PROVINCIALE
Le Plan de connectivité écologique - Autoroute 10 s'inscrit dans l'Initiative québécoise Corridors écologiques coordonnée par Conservation de la nature Canada et ses nombreux partenaires. Ce projet est soutenu financièrement par le gouvernement du Québec dans le cadre du programme Action-Climat Québec et rejoint les objectifs du Plan pour une économie verte 2030.
Bien que le Plan de connectivité écologique - Autoroute 10 soit spécifiquement développé pour la réalité qu'est l'autoroute 10 en Estrie, des démarches similaires sont en cours dans d'autres régions du Québec, portées notamment par la collaboration issue de l'Initiative québécoise Corridors écologiques.
Corridor appalachien tient également à remercier l'implication de la Fondation de la Faune du Québec, ainsi qu'Environnement et Changement climatique Canada par l'entremise de l'initiative Lieux prioritaires désignés par les collectivités pour les espèces en péril du Fonds de la nature du Canada.