En panne de quoi? En panne de désir. Sujet tabou dans
plusieurs couples et dans plusieurs cabinets de médecins, la baisse de désir
sexuel chez la femme est souvent incomprise.
Incomprise, mais fréquente, la
baisse de désir sexuelle diagnostiquée à l'aide de différents tests et
questionnaires a une prévalence de 3% à 31% dans la population selon les
différentes études réalisées. Ces chiffres parlent d'eux-mêmes et nous font
bien comprendre que la baisse de désir sexuel chez la femme est le problème de
dysfonction sexuelle le plus fréquent chez cette population.
Les dysfonctions
sexuelles de l'homme telles la dysfonction érectile ou encore la dysfonction
éjaculatoire sont mieux comprises, mieux traitées et moins tabou, mais qu'en
est-il des femmes qui doivent mentir à leur conjoint, consentir à des activités
dont elles n'ont pas envie ou encore, cacher cette panne? Jusqu'à maintenant,
la seule option était les traitements non-pharmacologiques tels les suivis chez
le sexologue pour pratiquer certaines activités, mais une lueur d'espoir
apparait à travers le monde.
De nouveaux traitements sont présentement en
études cliniques en phase avancée. Dr. Ginette Girard, médecin de famille et
chercheuse principale chez Diex Recherche exprime : « Quand une femme
se présentait avec ce problème et que les causes physiologiques avaient été
écartées, je n'avais aucune solution à donner à mes patientes, mais je suis
très heureuse de débuter un nouveau projet sur cette condition et de pouvoir
enfin proposer une solution à ces patientes qui ont des répercussions de cette
baisse de désir sur leur couple et dans leur vie. ».
La baisse de désir
sexuel peut être attribuable à plusieurs causes telles la ménopause, la prise
de certains médicaments, les troubles psychologiques, les traumatismes de
l'enfance, certaines maladies, à la douleur aux relations, au stress, ou encore
à la fatigue, mais quand tout ceci a été évalué et que rien n'explique la
baisse, on a là un cas qui mérite d'être analysé et une femme qui a besoin
d'être prise en charge par un professionnel de la santé.
La baisse de désir au
sein d'un couple entraine plus que seulement des problèmes dans la chambre à
coucher, cette condition peut amener détresse, frustration, désespoir, conflit
dans le couple et culpabilité. On a tenté de trouver une solution par le passé.
Les médicaments utilisés chez l'homme pour traiter les différentes dysfonctions
sexuelles ont été à l'étude chez la femme, mais ce sans succès.
La manière de
traiter le désir est bien différente d'un sexe à l'autre ce qui explique l'échec
de l'utilisation de blockbusters (médicaments
très populaires et vendus à grande échelle) masculins chez la femme. Les hommes
ont significativement tendance à avoir un désir en lien avec le relâchement
sexuel, l'atteinte de l'orgasme et faire plaisir à leur conjoint(e) tandis que
les femmes voient leur désir relié à l'intimité, le rapprochement émotionnel,
l'amour et se sentir sexuellement attirante pour leur conjoint(e).
On retrouve aussi des statistiques bien
différentes chez les sexes quant aux variantes du désir. Chez les hommes, le
pourcentage de variation entre les sources de désir de l'homme était de 17%
alors que chez la femme il était de 37%. Cela veut donc dire qu'il y a beaucoup
plus de différences d'une femme à l'autre que d'un homme à l'autre. Voici
peut-être une piste pour expliquer pourquoi les hommes trouvent les femmes si
compliquées!
Références :
Brotto, L. A. (2010). The DSM diagnostic
criteria for hypoactive sexual desire disorder in women. Archives of Sexual Behavior, 39, 221-239.
Goldhammer,
D. L., & McCabe, M. P. (2011). Development and psychometric properties of
the Female Sexual Desire Questionnaire (FSDQ). Journal of Sexual
Medicine, 8, 2512-2521.
Graziottin,
A. (2007). Prevalence and evaluation of sexual health problems-HSDD in Europe. Journal of Sexual
Medicine, 4, 211-219.
Mark K. (2014). The object of
sexual desire: examining the "what" in "what do you
desire?". Journal of Sexual Medicine, 11, 2709-2719