Le 15 août dernier, le premier ministre et chef
libéral, Justin Trudeau a piqué une petite visite à la nouvelle gouverneure
générale, Mary Simon, pour lui demander de proroger le parlement et de lancer
les Canadiennes et les Canadiens en élection, et cela en pleine canicule et au
moment où le variant Delta de la Covid 19 se fait plus menaçant. Mais pourquoi
des élections ? C'est la question la plus importante et à laquelle Justin
Trudeau n'a pas été en mesure de répondre. Ce qui explique le début de campagne
plutôt chancelant de l'équipe libérale. Il faut dire que les images de Kaboul
n'ont pas aidé à l'image du gouvernement sortant. Bilan d'une campagne
électorale après une première semaine.
Les hésitations et les faux pas de
Justin...
Justin Trudeau avait le privilège de sonner le départ de la
course. Nous aurions pu nous attendre à ce qu'il prenne avantage sur ses
adversaires. Ce ne fut pas le cas. Au lieu de cela, la campagne de Justin
Trudeau a été marquée par des hésitations et surtout par son incapacité à
définir l'enjeu de la présente campagne électorale. Il est vrai que dire la
vérité soit que le seul objectif de la présente campagne électorale c'est
d'assurer une majorité à son gouvernement parce qu'il y a une belle fenêtre
d'opportunité n'est pas un choix gagnant pour Justin Trudeau. Il a donc cherché
à justifier sa décision en invoquant le besoin d'obtenir l'aval des Canadiens à
la suite des actions de son gouvernement en matière de pandémie. Nous devons
donner notre opinion sur les actions passées. Pourquoi ? En d'autres mots, monsieur
Trudeau souhaite que cette élection soit un référendum de sa gestion de la
pandémie. Or, comme l'a démontré le résultat de l'élection en Nouvelle-Écosse,
cela n'est que dans ses rêves. Les gens ne veulent pas voter sur ce qu'ils ont
eu, mais plutôt sur ce qu'ils vont avoir dans l'avenir. Monsieur Trudeau aurait
avantage à recentrer sa campagne s'il ne veut pas avoir fait tout cela pour
rien.
Il devrait aussi porter attention à l'image qui se dégage de
sa campagne terrain qui semble nous dire que la pandémie c'est chose du passé
alors que les hospitalisations et le nombre de cas sont en hausse. Cette façon
de faire campagne tranche avec le discours de prudence qui avait caractérisé
Justin Trudeau jusqu'à ce jour à propos de la crise sanitaire. Une réflexion
s'impose sur son style de campagne. D'autant plus que celle-ci est en contraste
et en porte à faux avec l'attitude du leader incontesté au Québec, François
Legault.
Le sexy Erin O'Toole
Le chef du Parti conservateur n'a ménagé aucun effort pour
se définir en ce début de campagne. Seul dans son studio aménagé par son parti
dans un hôtel d'Ottawa, il a dévoilé le programme politique du Parti
conservateur. Ce programme avec une page couverture montrant un chef détendu et
qui porte un T-shirt sexy a surpris tous les observateurs. Il faut reconnaître
qu'Erin O'Toole a fait preuve d'audace et cela devrait être payant si tant est
que les conservateurs puissent trouver une oreille attentive à leurs propos au Québec. Malgré les
efforts d'Erin O'Toole pour plaire aux Québécoises et Québécois, ces espoirs
risquent de se fracasser sur les récifs de la réalité politique canadienne.
Malgré sa proposition de contrat avec le Québec où monsieur
O'Toole donne tout ce que le Québec demande : déclaration de revenus
unique, plus de pouvoir en matière d'immigration et de culture, promesse de ne
pas financer les contestations juridiques contre la loi sur la laïcité,
soumission des entreprises fédérales à la loi 101 et tutti quanti. Le Québec
tendra-t-il l'oreille ? Rien n'est moins sûr. Il y a un déficit de confiance et
de crédibilité envers la droite conservatrice morale présente dans le Parti
conservateur et cela se manifeste non seulement sur la question de
l'avortement, et oui, on parle encore de cela en 2021, et des changements
climatiques, mais aussi dans le dossier du financement des services de garde.
Monsieur O'Toole malgré ses efforts est loin d'être assuré que ce
repositionnement sera suffisant pour séduire le Québec. En revanche, il est
certain que cela lui fera perdre des votes dans l'Ouest canadien et donnera de
l'oxygène à l'émergence d'une forme de radicalisme politique de droite qui
tente ces jours-ci d'émarger sous la forme d'un nouveau Bloc québécois de
l'ouest : le Maverick party. C'est compliqué le Canada monsieur O'Toole,
ne trouvez-vous pas ?
La joie de Jagmeet Singh
Le début de campagne du NPD se fait dans la joie et
l'allégresse bien que celle-ci ait été très absente au Québec durant cette
première semaine. Jagmeet Singh reprend où il a laissé lors de la dernière
campagne électorale. On retrouve un chef qui semble s'amuser en campagne
électorale et qui rayonne de bonheur devant sa paternité prochaine qu'il a
partagé dans le bonheur avec la population. Enjoué et plein d'énergies, Jagmeet
Singh utilise abondamment les réseaux sociaux pour rejoindre la population,
dont le réseau Tik Tok. Au Québec, la glace est occupée par le seul député NPD,
Alexandre Boulerice. Le discours contre les riches et l'affirmation que sans le
NPD le gouvernement Trudeau n'aurait pas été aussi avenant avec les Canadiens
durant la pandémie avec la pléiade de mesures qu'il a mises en place sont la
toile de fond du discours du NPD. Reste que le N PD demeure un parti à vocation
sociale et qui carbure à la centralisation des programmes fédéraux. Ce qui
devrait le rendre suspect envers le Québec plutôt nationaliste.
Il faudrait voir ce que fera dans la prochaine semaine
Jagmeet Singh comme apparition au Québec et ce qu'il dira. Il sera aussi
intéressant de suivre la campagne de Nina Machouf dans Laurier─Sainte-Marie.
À mon sens, les deux seuls comtés prenables pour le NPD au Québec. À suivre...
Blanchet et ses 40 comtés
Yves-François Blanchet joue à merveille son rôle de gardien
des valeurs nationalistes au Québec. Il est vrai que s'opposer pour s'opposer
est un rôle plus facile que de gouverner. Dire ce que les gens veulent entendre
place le Bloc et son chef dans une position plus favorable que les formations
politiques obligées aux compromis entre les différentes régions canadiennes. En
dépit de cet avantage marqué, Yves-François Blanchet a raté son début de campagne
en faisant deux erreurs majeures qui pourraient à terme lui couper les ailes.
D'abord, une arrogance typique de politicien l'a amené à confier à Philippe
Vincent-Foisy, transfuge de Radio-Canada rendu à QUB radio et TVA, que le Bloc
avait pour objectif de remporter 40 comtés au Québec. Une lourde commande
pour sa formation politique qui postule à la débâcle des libéraux, ce qui n'est
pas encore avéré. Puis, son incapacité à se prononcer soit pour, soit contre le
projet de troisième lien à Québec ressemble à de la lâcheté stratégique. Si
monsieur Blanchet se permet de critiquer les politiques albertaines en matière
de pétrole, pourquoi ne peut-il pas en faire autant des projets du gouvernement
Legault ? Il est vrai que monsieur Blanchet n'en est pas à une contradiction
près. N'est-ce pas lui qui a imposé à son parti une candidate qui maîtrise à
peine le français dans la circonscription de Sherbrooke ? Une candidate qui en
plus de sa méconnaissance du français n'a rien à dire sur la politique si ce
n'est de s'en servir pour son combat pour faire libérer son mari Raif Badawi.
Une drôle de décision du Bloc. Le sort qui attend Yves-François Blanchet qui
ressortira du prochain scrutin est pour le moment difficile à décrypter. Chose
certaine, je suis d'avis que jamais le Bloc québécois ne fera élire 40 députés
au Québec lors du prochain scrutin.
Le Maxime Bernier
Il y a aussi Maxime Bernier et le Parti populaire du Canada.
Parti qui ne sera pas invité aux débats. Tant mieux! Qu'en dire de plus ? Euh... panne
d'inspiration...