Le
milieu dans lequel on baigne, dans lequel on grandit, façonne ce que nous
devenons.
C'est
vrai pour les individus. C'est vrai pour les collectivités.
Je
commence l'année 2022 avec un sentiment de fatigue morale. Une sorte d'usure en
rapport avec la situation causée par cette foutue Covid-19. Quand je regarde
autour de moi, je reconnais cette fatigue qui ne nous est pas si familière.
En fait,
les gens encore vivants autour de nous n'ont jamais vécu pleinement une
séquence comme celle qu'on vit. Je veux dire une situation qui perdure et qui
nous implique tous.
Bien que
nous naviguions tous sur la même mer trouble, force est d'admettre que nous ne
sommes pas du tout dans le même bateau. Certains ont les pieds plus mouillés
que d'autres, disons-le ainsi.
Mais,
tout cela étant admis et dit, il n'en demeure pas moins que nous avons tous à
vivre les impacts sociaux de la Covid-19.
Et ça,
on ne connait pas ça! Ce qui explique qu'on ne sait pas trop comment s'y
retrouver. On se bâtit, collectivement, une forme de résilience. Mais elle
n'est pas complétée et assumée encore, visiblement.
Je dis
qu'on ne connait pas ça parce que, depuis la grippe espagnole, autour de 1918, on
n'a pas vécu de grands remous qui durent quelques années et qui nous impliquent
tout le monde en même temps.
La 2e
guerre mondiale a eu des répercussions ici, certes, mais pas de façon aussi
globale. Depuis, il y a eu le boom économique de l'après-guerre et
l'implantation d'un filet social à partir des années 1960. On a défini notre
réussite par ce qu'on possédait et le bonheur ultime résidait dans la richesse
personnelle, ce qui a fait (et fait encore!) le grand succès de Loto-Québec.
Si des inégalités
sociales ont grandi, il faut dire que, globalement, nos vies vont très bien.
On est
pris en charge pour pas mal de choses. Les soins de santé, l'éducation, l'assurance-chômage,
l'aide sociale. Quand quelqu'un meurt, on est aussi pris en charge bien plus
qu'un début des années 1900!
Nous
avons appris, à partir des années 1980, à grands coups d'écrits de psychologie
et, souvent, de psychopop, l'importance de notre personne et de l'écoute
essentielle de celle-ci. Notre moi intérieur a été valorisé au plus haut point.
On a aussi enchâssé nos libertés individuelles dans un écrit solide.
Je
reviens donc avec ma première phrase :
le milieu dans lequel on baigne, dans lequel on grandit, façonne ce que
nous devenons.
C'est
avec ce profil que nous affrontons, ensemble, une pandémie qui est mondiale.
Pas sûr
qu'on était prêts pour aller au combat!
Ça fera
deux ans à la mi-mars que nous pataugeons dans cette choucroute.
Je sens
l'épuisement des troupes (dont je suis!).
Cette
fois, on ne peut pas juste chiâler après le gouvernement et continuer nos
petites affaires. Le gouvernement n'était pas complètement prêt pour faire face
à un mal nouveau et non-annoncé.
Mais
comme notre premier réflexe est devenu de demander à quelqu'un d'autre de
s'occuper de nous, ça nous déboussole!
Mon
début de 2022
Comme la
menace n'est pas terminée, je maintiens ma volonté de faire partie de la
solution. Je continuerai, malgré ma fatigue, à suivre les normes et les efforts
de vaccination.
Mais j'ajoute
certains éléments.
Je choisis
d'introduire d'autres sujets de conversation autour de moi. Pour faire
diversion et entretenir le bon état de mon moral. Un coup d'œil au dictionnaire
me dit que la résilience, c'est l'« aptitude d'un individu à se
construire et à vivre de manière satisfaisante en dépit de circonstances
traumatiques.»
Pour que
ma manière de vire demeure satisfaisante, je délaisse les nouvelles en continu
sur le sujet. Les nouvelles sont en continu pour me permettre d'en avoir quand
je le veux, mais il n'est pas sain de ne s'abreuver que de ça!
Donc,
une fois par jour, je fais le point. Ensuite, je choisis d'écouter plus de
musique, de balados comiques et autres trucs du genre.
Ce ne
sont pas des gestes dignes d'un Nobel du sauvetage de l'humanité, mais c'est ma
petite part envers moi-même. Et envers ma collectivité...
Clin
d'œil de la semaine
« Mon
Dieu, donnez-moi un peu patience! Mais, câline, dépêchez-vous! »