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  CHRONIQUEURS / Deux mots à vous dire

On ne sait pas trop comment faire

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François Fouquet Par François Fouquet
Lundi le 10 janvier 2022

Le milieu dans lequel on baigne, dans lequel on grandit, façonne ce que nous devenons.

C'est vrai pour les individus. C'est vrai pour les collectivités.

Je commence l'année 2022 avec un sentiment de fatigue morale. Une sorte d'usure en rapport avec la situation causée par cette foutue Covid-19. Quand je regarde autour de moi, je reconnais cette fatigue qui ne nous est pas si familière.

En fait, les gens encore vivants autour de nous n'ont jamais vécu pleinement une séquence comme celle qu'on vit. Je veux dire une situation qui perdure et qui nous implique tous.

Bien que nous naviguions tous sur la même mer trouble, force est d'admettre que nous ne sommes pas du tout dans le même bateau. Certains ont les pieds plus mouillés que d'autres, disons-le ainsi.

Mais, tout cela étant admis et dit, il n'en demeure pas moins que nous avons tous à vivre les impacts sociaux de la Covid-19.

Et ça, on ne connait pas ça! Ce qui explique qu'on ne sait pas trop comment s'y retrouver. On se bâtit, collectivement, une forme de résilience. Mais elle n'est pas complétée et assumée encore, visiblement.

Je dis qu'on ne connait pas ça parce que, depuis la grippe espagnole, autour de 1918, on n'a pas vécu de grands remous qui durent quelques années et qui nous impliquent tout le monde en même temps.

La 2e guerre mondiale a eu des répercussions ici, certes, mais pas de façon aussi globale. Depuis, il y a eu le boom économique de l'après-guerre et l'implantation d'un filet social à partir des années 1960. On a défini notre réussite par ce qu'on possédait et le bonheur ultime résidait dans la richesse personnelle, ce qui a fait (et fait encore!) le grand succès de Loto-Québec.

Si des inégalités sociales ont grandi, il faut dire que, globalement, nos vies vont très bien.

On est pris en charge pour pas mal de choses. Les soins de santé, l'éducation, l'assurance-chômage, l'aide sociale. Quand quelqu'un meurt, on est aussi pris en charge bien plus qu'un début des années 1900!

Nous avons appris, à partir des années 1980, à grands coups d'écrits de psychologie et, souvent, de psychopop, l'importance de notre personne et de l'écoute essentielle de celle-ci. Notre moi intérieur a été valorisé au plus haut point. On a aussi enchâssé nos libertés individuelles dans un écrit solide.

Je reviens donc avec ma première phrase :  le milieu dans lequel on baigne, dans lequel on grandit, façonne ce que nous devenons.

C'est avec ce profil que nous affrontons, ensemble, une pandémie qui est mondiale.

Pas sûr qu'on était prêts pour aller au combat!

Ça fera deux ans à la mi-mars que nous pataugeons dans cette choucroute.

Je sens l'épuisement des troupes (dont je suis!).  

Cette fois, on ne peut pas juste chiâler après le gouvernement et continuer nos petites affaires. Le gouvernement n'était pas complètement prêt pour faire face à un mal nouveau et non-annoncé.

Mais comme notre premier réflexe est devenu de demander à quelqu'un d'autre de s'occuper de nous, ça nous déboussole!

Mon début de 2022

Comme la menace n'est pas terminée, je maintiens ma volonté de faire partie de la solution. Je continuerai, malgré ma fatigue, à suivre les normes et les efforts de vaccination.

Mais j'ajoute certains éléments.

Je choisis d'introduire d'autres sujets de conversation autour de moi. Pour faire diversion et entretenir le bon état de mon moral. Un coup d'œil au dictionnaire me dit que la résilience, c'est l'« aptitude d'un individu à se construire et à vivre de manière satisfaisante en dépit de circonstances traumatiques

Pour que ma manière de vire demeure satisfaisante, je délaisse les nouvelles en continu sur le sujet. Les nouvelles sont en continu pour me permettre d'en avoir quand je le veux, mais il n'est pas sain de ne s'abreuver que de ça!

Donc, une fois par jour, je fais le point. Ensuite, je choisis d'écouter plus de musique, de balados comiques et autres trucs du genre.

Ce ne sont pas des gestes dignes d'un Nobel du sauvetage de l'humanité, mais c'est ma petite part envers moi-même. Et envers ma collectivité...

 

Clin d'œil de la semaine

« Mon Dieu, donnez-moi un peu patience! Mais, câline, dépêchez-vous! »


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