Voilà! Ça va débuter dans quelques jours, dans quelques semaines. Le Québec se donnera une nouvelle Assemblée nationale le 3 octobre prochain. De cette nouvelle composition de notre Assemblée nationale, il en ressortira un gouvernement qui devrait gérer au mieux les affaires du Québec jusqu’en 2026. Nous vivons en démocratie et c’est l’un de nos plus élémentaires devoirs que de participer à la vie démocratique du Québec et d’aller voter pour la personne candidate ou le parti de notre choix.
J’entends celles et ceux qui font preuve de cynisme lorsqu’il parle de politique. Ces cyniques qui jugent utile de chantonner la ritournelle de notre bon vieux Félix Leclerc : de sa chanson Attends-moi Ti-Gars : « :
La veille des élections Il t’appelait son fiston. Le lendemain comme de raison Y avait oublié ton nom. » La semaine dernière, dans ma chronique sur la visite du pape François, je rappelais une citation de l’homme de théâtre Berthold Brecht qui vilipendait l’analphabétisme politique. Je n’ai pas changé d’idée depuis. La politique c’est le seul lieu possible pour changer le monde ensemble. Il faut donc s’intéresser à la politique et à celles et ceux qui la font en notre nom. Réflexions libres sur la prochaine élection québécoise.
La situation à la ligne de départ
C’est sans surprise aucune que nous avons pu lire dans les résultats du dernier sondage de la firme Léger publié le 3 août dans le Journal de Montréal que la Coalition avenirQuébec et son chef François Legaultcaracolait seul en tête avec un taux pharaonique de 44 % des voix contre un maigre 18 % pour les libéraux de Dominique Anglade, 15 % pour les troupes solidaires de Gabriel Nadeau-Dubois, 13 % pour les conservateurs d’Éric Duhaime et 10 % pour la troupe de Paul St-Pierre Plamondon du Parti québécois. La popularité des chefs est à l’avenant, François Legault récolte 44 % de l’adhésion des Québécoises et des Québécois à la question : laquelle de ces personnalités ferait la meilleure ou le meilleur premier ministre ? C’est Gabriel Nadeau Dubois qui récolte la seconde place avec 11 %. Il est suivi de madame Dominique Anglade à 9 %, d’Éric Duhaime à 8 % et de Paul St-Pierre Plamondon à 2 %. Sur un autre plan, le même sondage révèle que Gabriel Nadeau Dubois arrive bon deuxième dans les catégories visant à déterminer avec lequel de ses chefs les Québécoises et Québécois aimeraient prendre une bière ou discuter de politique. La domination de François Legault est totale.
Si l’on prend l’indicateur le plus prisé par l’ancien premier ministre du Québec, Robert Bourassa, soit le taux de satisfaction à l’endroit du gouvernement sortant de François Legault, on atteint le taux impressionnant de 59 % contre 26 % d’insatisfaits. En dépit de la crise de la pandémie, des mesures sanitaires controversées des milliers de décès de nos aînés dans les CHSLD, rien ne semble atteindre la couverture téflon du gouvernement de François Legault. Ça risque de donner un scrutin à sens unique avec l’élection de plus de 100 députés caquistes si l’on se fie à des sites d’agrégation de sondages comme Québec 125. Est-ce dire que l’élection est déjà jouée et qu’il ne vaut pas la peine de s’y intéresser ? La réponse courte est non.
Des enjeux majeurs pour l’avenir du Québec
Le Québec vit des moments cruciaux dans son histoire. La crise de la COVID-19 a fait apparaître sur nos écrans l’extrême fragilité de notre réseau de santé qui peine à donner les services auxquels nous avons droit et qui nous coutent une fortune en taxes et en impôts. On veut bien faire confiance au sympathique et compétent ministre de la Santé, Christian Dubé, mais le système de santé est brisé. Celui-ci est sclérosé par de tant de corporatismes et d’intérêts particuliers que nous devons débattre ensemble d’une réforme en profondeur de ce système. Le tabou de la place du privé devrait faire partie de la discussion. L’élection devrait permettre d’amorcer le débat sur cette question si j’en crois les propos du chef du Parti conservateur Éric Duhaime. Cela ne sera pas inutile même si la CAQ remporte la victoire éclatante attendue dans le sillage des sondages d’opinion.
Un autre enjeu majeur est la question de l’immigration et de la pénurie de la main-d’œuvre. Sur ce sujet, notre écran est obscurci par des préoccupations de nature identitaires alors que nous devrions plutôt débattre d’enjeux économiques. À cet égard, la position du Parti libéral du Québec de hausser significativement le nombre d’immigrants, soutenant ainsi les positions des lobbys économiques, n’est pas sans intérêt. Cela aussi sera utile au Québec dans l’avenir.
La question des inégalités sociales qui se vit particulièrement par une inflation galopante et par une crise du logement sans précédent dans la plupart des villes du Québec sont des questions pour lesquelles nous devons débattre. Les positions maintenant traditionnelles de la troupe de Québec solidaire de Gabriel Nadeau-Dubois pour les plus démunis sont des éléments importants du débat politique qui contribueront à nous permettre d’avoir de meilleures politiques sociales et une plus grande égalité encore. Ce débat aussi ne sera pas inutile.
François Legault aime bien se draper dans le drapeau du Québec. Ne se disant ni fédéraliste, ni souverainiste, mais nationaliste. François Legault adopte la politique du NINI, mais pourtant sur cette question précise de la place de la nation québécoise dans le Canada, rien n’est réglé. Faut-il rappeler que nous vivons toujours sous l’emprise d’une constitution que nous n’avons jamais signée ? Le Québec n’est pas reconnu comme une société distincte au Canada, les peuples autochtones n’ont pas encore eu la reconnaissance à laquelle ils doivent s’attendre, l’aliénation de l’Ouest est toujours aussi présente et nous peinons à affirmer la politique étrangère du Canada sur la scène internationale pour faire face aux grands bouleversements. Le PQ de Paul St-Pierre Plamondon constitue une voix unique sur la scène politique québécoise qui propose une voie claire soit celle de l’accession du Québec à sa pleine souveraineté. C’est courageux de sa part de défendre une idée qui n’est pas dans l’air du temps. Ce débat aussi n’est pas inutile à notre avenir.
Sans compter les débats que nous devons avoir ensemble sur la lutte aux changements climatiques. Jusqu’à preuve du contraire, la timidité de nos gouvernants à agir est directement proportionnel à notre résistance à changer nos modes de vie. Ce débat doit avoir lieu. Il faut cesser de se plonger la tête dans le sable comme des autruches si lOn veut vraiment sauver cette planète. A ce sujet, tous les partis politiques en présence devraient contribuer au débat.
Une élection, ça vaut toujours la peine…
Je n’ai qu’effleuré quelques enjeux qui devraient faire partie du débat politique, mais rien n’est moins certain puisque le ton de la couverture de la prochaine campagne électorale sera donné comme d’habitude par l’ensemble des médias qui préfèrent présenter l’élection comme une course de chevaux avec l’identification de gagnants et de perdants. Une trame narrative ponctuée d’anecdotes croustillantes au sujet de tels ou tels faits d’armes d’une candidate ou d’un candidat ou encore une ou un autre qui se mettra les pieds dans les plats. Entre vous et moi, quelle importance peut avoir pour nous sherbrookoises et sherbrookois le fait que la candidate de la CAQ Caroline St-Hilaire ait été pour ou contre le 3e lien à Québec ou qu’elle habite la municipalité d’Austin ? L’important n’est-il pas de connaître ses positions sur l’Aéroport de Sherbrooke, sur les outils qui seront mis à la disposition du milieu pour améliorer le transport collectif ?
Au cours des prochaines semaines, je chroniquerai régulièrement sur cette prochaine campagne électorale et je m’efforcerai de faire ressortir les véritables enjeux qu’ils soient abordés ou non par celles et ceux qui veulent obtenir notre confiance, Élections Québec 2022, nous y sommes…