Je me
souviens de certaines formations de vente auxquelles j'ai participé au fil de
mon parcours de travail en vente. La notion de « répondre aux besoins de
la clientèle » était toujours prioritaire.
Prioritaire
pendant les 10 premières minutes. Après, c'était un accessoire banal. Pourquoi
? Parce que le but non avoué était de « fermer une vente ».
« Répondre
aux besoins du client » était, dans les faits, une couche de vernis pour
rendre plus noble l'objectif de faire monter la courbe des ventes affichée au
mur.
On
comprend bien que la course aux résultats faisait craquer le vernis de la
« réponse aux besoins de l'acheteur " rapidement.
Je
constate que bien que les gouvernements souhaitent "répondre aux besoins
de leurs clients (les électeurs)", dans les faits, ils gèrent de plus en
plus à la petite semaine, le nez rivé sur les sondages.
Ils
lancent souvent des ballons, surtout en année préélectorale, pour tester, non
pas les besoins, mais les humeurs. L'objectif de répondre aux besoins devient
secondaire au fait d'être réélu.
Par
exemple, cette semaine, François Legault a établi que la nation était en péril
et a lié le tout à la filtration de l'immigration qui doit être faite par son
gouvernement. Je vois ça comme un ballon. Une façon de tester les humeurs du
votant. Il a ensuite annoncé que si on votait pour lui, un autre chèque nous
attendait à l'automne...
Mon
humeur
Pour peu
qu'elle compte vraiment, voici ce que je ressens.
Je crois
qu'un gouvernement n'est pas là pour répondre aux besoins individuels des gens.
On devrait limiter l'impact des sondages.
Dans ma
tête, le gouvernement a la responsabilité d'une cohésion sociale. Son action
première devrait être de bien poser les problèmes et enjeux de notre société.
De façon pragmatique. L'état de l'accès à un logis, à la nourriture, à
l'éducation, aux services de santé; l'état général de la santé mentale (dans un
monde mu par la performance); l'état de l'environnement et des ressources
naturelles etc. Pas des opinions. Des faits. Comme une série de photos de la
situation.
Dans ma
tête, toujours, c'est sur la base de cet « album photo » que
devraient se développer les programmes et réformes.
L'affaire,
c'est que gérer en fonction de répondre aux besoins, ça ne marche pas parce que
ce n'est pas toujours celle ou celui qui vit une situation X qui peut nommer le
besoin.
En lieu
et place de mon souhait, je m'attends plutôt à une campagne électorale qui sera
bâtie sur des phrases fabriquées par des firmes spécialisées et qui seront
répétées pendant 30 jours. Comme une posologie qui revient chaque scrutin.
Mon
humeur? Cette semaine, pas très bonne, Monsieur Legault. Vraiment pas.
En
terminant, il me revient ce bout d'histoire des années 1960 et 1970 qui
illustre bien mon point.
Début
des années 1960, les « photos » de situation dont je parlais démontraient
que les ressources naturelles étaient exploitées par des intérêts trop souvent
étrangers. Il y avait aussi des problèmes de qualité de l'air dans les grands
centres, surtout, liés à l'utilisation du charbon et du pétrole pas toujours
adéquatement raffiné pour chauffer les maisons l'hiver venu.
Sur deux
décennies, voici que l'hydroélectricité a été nationalisée, puis le potentiel hydro-électrique
grandement amélioré par la construction de grands barrages. On a aussi
multiplié des programmes de rénovations domiciliaires pour encourager les gens
à changer leur système de chauffage vers l'utilisation de plinthes électriques.
Du coup,
la ressource naturelle nous revenait, contribuait à une force économique
majeure et on a littéralement baissé notre consommation de pétrole et de
charbon. Évidemment, l'exponentielle multiplication des voitures à essence a
annulé des effets, mais la démarche est inspirante quand même.
Les
besoins...
Mon
point, c'est que bien peu de personnes, à l'époque, auraient pu nommer le
besoin de nationaliser et de remplacer l'énergie fossile pour chauffer nos
habitations.
Triste
constat: on gouverne à très courte vue, alors que les enjeux demandent une
vision à plus long terme.
Clin
d'oeil de la semaine
Vu cette
semaine : dans le jeu télévisé (fictif) « Les faits ne comptent
pas », l'animateur s'adresse à un participant :
« Vous
avez raison avec votre réponse, mais l'autre concurrent a parlé beaucoup plus
fort que vous et a même réussi à vous insulter deux fois. Il marque donc le
point! »