J'ai
vécu une enfance heureuse. Ça part bien une vie, ça, quand même!
J'ai des
souvenirs très précis et heureux de nos étés du temps. Je sonne lointain, mais
bon!
Nous
étés se passaient beaucoup à l'extérieur. On sortait de bonne heure le matin. À
midi, on prenait quelques minutes pour ingérer la quantité de nourriture
nécessaire à faire un autre bout de chemin, et hop, dehors, tout le monde!
Reprenons
ça du début. Déjà, tôt le matin, les vélos sortaient du cabanon (quand on avait
pris la peine de les ranger!). En fait, c'était ça le début des journées. Nous
habitions tous côte à côte dans le quartier. Le signal que la vie recommençait
était simple : sortir des limites du terrain voulait dire qu'on était
disponible au jeu!
Des
fois, je partais vers la gauche. Des fois à droite. Ça dépendait. Tout près, il
y avait le parc, la piscine, les jeux fixes et les terrains de tennis. Pas très
loin derrière notre rue, il y avait la rivière. Mais toujours, il y avait eux,
là, les amis! Rares étaient les terrains d'où n'émergeaient pas des enfants!
Alors,
on jouait à la police. Virtuellement, on était tous armés. Et on décrivait
notre arme : « Moi, mon fusil, y pourrait
paralyser, on va dire! ». Et voilà qu'on avait en main
une arme à paralyser.
Une
année (oui, je sais, mes parents iraient en prison, aujourd'hui, pour ça!), j'avais
reçu une ceinture de cowboy avec deux fusils à pétards. La grosse affaire. Mais,
tout compte fait, les fusils virtuels étaient meilleurs : ils pouvaient,
au gré de notre imagination et de la pertinence du moment, devenir des fusils
qui paralysaient!
Tout le
monde s'appelait « Joe »
quand on jouait à la police. C'était plus simple. Plus inclusif, peut-être,
allez savoir!
Au gré
des heures, les groupes d'amis se déplaçaient et migraient vers un autre coin.
La voisine appelait ma mère : « Cherche-les pas, ils sont dans la
cour chez nous! »
« C'est
bon. »
À
l'époque, il me semblait que c'était toujours bon, pour ma mère, tant et aussi
longtemps qu'on était dehors!
Parfois,
c'était la course aux maillots parce que la piscine nous appelait. « Let-s
go! » L'urgence de vivre ce temps
précieux accélérait notre course.
« Ça
fait pas une heure que t'as fini de manger! »,
clamaient les mamans. « OK! On va patienter une fois
rendus à la piscine! Bye! »
On n'a
jamais su si les mamans répondaient à notre dernière phrase!
Les
moments plus privés, bien que souvent très courts, étaient les temps de repas.
Rarement, on mangeait chez les autres. Sauf, des fois, le soir. Parfois aussi,
on pouvait pulvériser l'heure du dodo pour rejoindre les grands qui se
réunissaient au gré d'une belle soirée d'été.
Une
enfance heureuse. Avec plein de monde autour!
Pis
le camping, là-dedans?
La
démographie des villes a changé. Il y a, quoi, 1,75 enfant par famille?
Puis, les deux parents travaillent. Ils envoient donc les enfants en garderie
ou en camp de jour. Puis, les vacances arrivées, ils se sauvent loin! Force est
de constater que les choses ont changé.
C'est un
simple constat. Pas du tout un jugement de valeur.
Mais
l'autre jour, quand le fils de ma blonde racontait sa vie de saisonnier au camping
en période estivale, avec sa blonde et sa fille, j'ai été frappé de constater
qu'au fond, ces terrains de camping reproduisent presque exactement le modèle
de ma jeunesse, mais comme si c'était un modèle réduit!
Les
temps changent. Mais ce n'est pas tout qui change, visiblement!
Clin
d'œil de la semaine
Combien
de temps pour se changer et mettre notre maillot de bain, à l'époque ? Le temps
de dire, en courant : « Maman, est-ce que je peux aller
me baigner, on est une gang pis on va faire attention! Bye! »